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LAS PALMAS 2022

Nacho A. Villar et Luis Rojo • Réalisateurs de La mala familia

“On demande des représentations de la réalité plus honnêtes et proches de nous”

par 

- Le duo de réalisateurs a été très bien accueilli à des festivals comme Séville et Rotterdam avec ce documentaire sur un groupe d’amis qui se retrouve affecté par une altercation

Nacho A. Villar et Luis Rojo  • Réalisateurs de La mala familia
Nacho A. Villar et Luis Rojo au Festival de Cine Internacional de Las Palmas de Gran Canaria (© Festival de Cine Internacional de Las Palmas de Gran Canaria)

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interview : Nacho A. Villar et Luis Rojo
fiche film
]
raconte, en deux temps, ce qui arrive à un groupe d’amis après une altercation qui les amène devant les tribunaux. Cela va affecter leurs destins et, surtout, leur sentiment de fraternité. Peu avant la sortie du film dans les salles espagnoles (le 5 mai avec Elamedia), ce long-métrage réalisé par Nacho A. Villar et Luis Rojo, du collectif BRBR, a été présenté dans la section Panorama España du 22e Festival international du film de Las Palmas de Grande Canarie, où nous les avons rencontrés.

Cineuropa : Quel bel accueil on vous a réservé ici, et quelles belles discussions avec le public lors de la rencontre qui a suivi la projection du film ! Pourquoi croyez-vous qu'il touche tant les gens ?
Luis Rojo :
Nous sommes un peu dépassés, car nous avions de gros doutes sur la manière dont il fallait terminer le film et sur la réception qu'on allait lui faire. En plus, nous tendons à toujours imaginer le pire, et voilà que tout se passe à merveille, ce qui est totalement inédit dans notre parcours et nous paraît incroyable. Ça doit est en partie le fait du hasard, en partie parce qu'on aborde une série de sujets que les gens réclamaient.

Lesquels ?
N. A. V. :
Nous vivons un moment de post-vérité, on ne sait plus ce qui est vrai ou faux. Dans certains domaines et certaines formes d'expression, il y a une demande de représentations plus sincères et intimes de ce qu'on veut raconter, émanant de personnes qui connaissent de près ce qu'elles racontent.

Par-dessus le marché, le film a été sélectionné dans de nombreux festivals : c'est un film de festival qui plaît aussi au grand public ?
Luis Rojo :
Il a pour vocation de s'adresser à tout le monde et de pouvoir être apprécié par tout le monde. Il a été tourné dans l'idée de rapprocher différents types de personnes et tout le monde. Je crois que dans ce contexte, justement parce qu'on est dans un moment de recherche d'une certaine sensation de réalité, parce que les gens ont envie qu'on leur raconte les choses en toute honnêteté, c’est un film qui cadre avec ce que beaucoup de festivals cherchent en ce moment.

N. A. V. : C’est un film de festival parce que sur le plan formel, il est attrayant, audacieux et cinématographique. ll fonctionne bien en festival parce qu'il apporte de la richesse dans le cadre d'un programme qui permet de discuter de ce qu'est le cinéma, du fait qu'on classe les films par genre, etc., mais en même temps, comme dit Luis, il a l’ambition de toucher n’importe qui, du spectateur cinéphile qui cherche de nouvelles manières de comprendre le cinéma aux jeunes de notre quartier, à qui le film peut tout à fait plaire et correspondre. À Séville, on a projeté le film pour des lycéens des quartiers et nous avons senti, à leurs questions, qu'il leur avait parlé. Ça a été un soulagement de voir que des personnes extérieures à notre monde l'accueillaient ainsi ; ça nous a permis de savoir que nous étions bel et bien parvenus à ce qu’il soit transverse.

C'est aussi que le film emploie un langage visuel contemporain, notamment à travers l'utilisation de téléphones portables.
N. A. V. :
Comment représente-t-on le réel ? Nous aurions pu choisir de reconstituer certains moments, mais nous avons décidé d’utiliser des formes qui contiennent ce réel : c'est pour cela que nous avons puisé dans le groupe WhatsApp que nous avons avec les jeunes, où ils nous envoyaient des vidéos qu'ils faisaient au travail ou chez eux.

De quel quartier sont les personnages de La mala familia?
L. R. :
Madrid Sud.

N. A. V. : Le point de rencontre est dans le coin de Legazpi. Nous sommes d'Usera, Carabanchel, Vallecas… Legazpi est un quartier latino vivant, c'est là qu'on allait faire la fête.

Vous formez un collectif nommé BRBR. Qu’avez-vous fait avant ?
L. R. :
Nous avons commencé dans le monde de la musique urbaine madrilène. Nous avons pris la caméra dans l'idée de filmer de manière totalement intime et très directe, et puis nous nous sommes mis à faire des choses plus ambitieuses, toujours avec un regard qui tâche d'aller au-delà de la simple mise en images d'un clip d'un rappeur, en essayant d'avoir une vision plus vaste. À partir de là, nous avons acquis des compétences et des adeptes. C'est une manière de comprendre l'art du cinéma et une sensibilité partagée.

N. A. V. : Ce qui nous a unis, c'est la volonté que nous avions tous les deux de nous rapprocher de quelque chose de cinématographique, de raconter, à travers les clips, de petites histoires.

Pour finir, posons donc la question typique qu'on adresse à tous les duos de cinéastes, des frères Coen aux Taviani en passant par les Dardenne : comment vous êtes-vous réparti les tâches pendant le tournage et la post-production ?
N. A. V. :
Ce qu'on aime, c'est ne pas répartir. Pour nous, coréaliser, c'est unir ses forces, s'appuyer l'un sur l'autre. Nous nous connaissons bien alors nous discutons beaucoup. Nous avons 32 ans, nous nous sommes connus à Madrid et bien qu'à présent, Luis vive à Londres et moi à Tenerife, nous travaillons tous les jours en vidéoconférence.

(Traduit de l'espagnol)

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