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CANNES 2023

Rima Abdul-Malak • Ministre de la Culture française

"La culture devient un sujet politique"

par 

- CANNES 2023 : La ministre de la Culture française parle de l’industrie cinématographique et de ses enjeux

Rima Abdul-Malak  • Ministre de la Culture française
La ministre de la Culture française Rima Abdul-Malak à Cannes le 20 mai dernier (© CNC)

Nous avons rencontré la ministre de la Culture française Rima Abdul-Malak au Festival de Cannes pour parler de l’industrie cinématographique et de ses enjeux, notamment la diversité, les dénonciations du sexisme ou les baisses de subventions décidées par les politiques, ainsi que d’initiatives comme la Grande Fabrique de l’image.

Cineuropa : Vous avez annoncé à Cannes la liste des lauréats de la Grande Fabrique de l'image. Que répondez-vous à ceux qui critiquent cette approche uniquement industrielle du soutien de l’État au développement du secteur pour 2030 ? 
Rima Abdul-Malak : Je leur réponds que la Grande Fabrique de l'image contient aussi un volet de soutien aux formations, avec 34 organismes aidés. De nouveaux talents vont se former dans des écoles ouvertes à la diversité sociale. Je crois vraiment à l'aide à la diversité des contenus très en amont. Comme en matière de soutien aux films de cinéma, c'est notre façon d'aider la recherche et développement. La Grande Fabrique est un projet à la fois industriel et culturel : beaucoup de ces studios seront proches des centres de formation. La France manque de structures d'accueil de tournage mais a aussi besoin de développer ses jeunes talents, de les empêcher de partir aux États Unis comme en animation ! J'ai rencontré hier Ramata Toulaye-Sy la réalisatrice de Banel et Adama [+lire aussi :
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interview : Ramata-Toulaye Sy
fiche film
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dont le film est en compétition, mais aussi des étudiants de la CinéFabrique. Ils sont jeunes et font preuve d'énormément de talent et de créativité.

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Par quels moyens promouvoir la diversité dans le cinéma et l'audiovisuel en France aujourd'hui ?
Je ne suis pas favorable aux quotas ou à une approche ethnique, qui serait trop réductrice. Je suis d'origine arabe et libanaise et je ne veux pas être définie uniquement par cela. Nos identités sont bien plus larges. La France a historiquement une approche sociale et non ethnique. Selon moi la diversité est aussi une question géographique et sociale. C'est pourquoi par exemple les projets de formation soutenus dans La Grande Fabrique de l'image concernent une douzaine de régions différentes en France.

Comment réagissez-vous face aux dénonciations des violences sexistes et sexuelles dans le cinéma par plusieurs tribunes et articles récents ?
Je préfère regarder le chemin parcouru plutôt que de caricaturer des situations et surtout je refuse de me substituer à la justice. Le mouvement MeToo est parti du cinéma : cette industrie a su se réinventer en France. Il existe maintenant des formations au CNC, un bonus parité, même s'il reste beaucoup de progrès à faire. Et je crois aussi que les films aident à prendre conscience de certains débats de société : le succès de La Nuit du 12 [+lire aussi :
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fiche film
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a fait changer les mentalités sur le quotidien des féminicides. C'est un levier plus puissant que des tribunes ou déclarations. Le cinéma a le pouvoir de faire changer les mentalités. De nouveaux récits qui font avancer la société prennent leur place.

Comment réagissez-vous à la baisse de subvention décidée récemment par Laurent Wauquiez pour le festival du court métrage de Clermont-Ferrand (110 000 euros) ?
Laurent Wauquiez a déjà supprimé des subventions à plusieurs actions culturelles en Région Auvergne-Rhône-Alpes. Il faut unir nos forces pour lutter contre ce type de décisions. En ce qui concerne le Festival du court métrage, je vais rencontrer la semaine prochaine les élus locaux de la ville de Clermont-Ferrand. Dans ce cas précis il est impossible de rester assis et de ne rien faire pour ce festival qui est un vrai succès. Plus largement, aujourd'hui en France, la culture devient un sujet politique. Nous n'oublions pas que l’extrême droite française est un ennemi de la culture. Le RN vise des expositions artistiques, les députés RN au parlement ont proposé que les soutiens du CNC soient réservés aux films faisant la promotion de l'histoire de France, comme Jeanne d'Arc et Napoléon...

Où en êtes-vous des négociations sur le changement de la chronologie des médias ?
J'estime que la chronologie actuelle pourrait être raccourcie. Nous avons ouvert en octobre dernier une nouvelle discussion, plus tôt que la clause de revoyure annuelle prévue. Mais le gouvernement n'est qu'un médiateur entre les différents professionnels et il faut les mettre d'accord. Nous souhaitons préserver les salles de cinéma, tout en prenant en compte Canal+ qui est un vrai contributeur du cinéma français. Nous travaillons à raccourcir la seconde fenêtre de diffusion qui pourrait passer de 4 mois à 3 mois. Déjà grâce à la fusion de l'Adopi et du CSA dans l'Arcom, nous avons réussi à diviser le piratage en France par deux, c'est un élément rassurant. Autre exemple, le prochain film de Scorsese présenté au Festival de Cannes est financé par Apple mais il va sortir en salle en France. Soyons positifs, cela signifie que les plateformes ont compris la valeur du cinéma en salle.

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