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CANNES 2023 Compétition

Jessica Hausner • Réalisatrice de Club Zero

“Chaque jeune génération veut changer le monde”

par 

- CANNES 2023 : La réalisatrice autrichienne fait son retour en compétition à Cannes avec un film glauque et très coloré à la fois sur une gourou en bien-être personnel et ses disciples lycéens

Jessica Hausner  • Réalisatrice de Club Zero

La réalisatrice autrichienne Jessica Hausner a présenté son deuxième long-métrage en anglais, Club Zero [+lire aussi :
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, au 76e Festival de Cannes, où le film concourt pour la Palme d’or. Dans le film, une enseignante en "alimentation consciente", Miss Novak (Mia Wasikowska), parvient à charmer ses étudiants au point qu'ils se mettent à croire qu'arrêter de s’alimenter sera révolutionnaire et plein de sens. Mais est-ce aussi simple ?

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était possédée, les personnages de Club Zero semblent obsédés par le défi comme moyen de changer le statu quo. Est-ce qu’il y a ici une déclaration plus vaste sur la jeune génération ?
Jessica Hausner : Je voulais résolument dire quelque chose sur notre société, sur la responsabilité que les parents assument réellement, s’il ne préféreraient pas en transférer le poids aux enseignants ou à ceux qui s’occupent de leurs enfants. Je pense que l’idée n’est pas de blâmer ces derniers, au contraire, pour moi, en tant que société  [européenne], on devrait vraiment vénérer les enseignants et les gens qui s'occupent de nos enfants bien plus qu'on ne le fait. Aussi, chaque jeune génération doit changer le monde, je veux dire, c’est leur boulot : c'est à eux de nous rappeler ce qu'il faut améliorer et de nos jours, mon impression est qu’ils ont des situations plus dramatiques à affronter parce que, disons-le, le temps nous manque, le réchauffement climatique est en cours, et ils devront faire face aux conséquences. Donc il y a plus de pression sur eux.

Comment avez-vous équilibré ce message avec votre style visuel caractéristique ?
Quand je pense à un nouveau film que je veux faire, je cherche toujours le ton juste. Quand je trouve précisément cet étrange mélange de tragédie mais aussi de comédie légère, c’est comme un rire inconfortable. Ça vient de la perception d’une certaine absurdité de la vie en général. J’aime tous mes personnages ; il ne me viendrait jamais à l'idée de rire de quiconque comme ça, gratuitement. L'idée est plus de comprendre que nous sommes tous un peu ridicules, parfois. C’est normal : nous nous prenons au sérieux, mais vu sous un autre angle, rien n'est si important, après tout, donc l’humour vient de cette perspective légèrement plus distancée sur nous tous en tant qu'êtres humains.

Comment ce ton particulier que vous adoptez se traduit-il entre les différentes étapes du processus ?
Par exemple, pour le scénario de Club Zero, j’ai collaboré avec Géraldine Bajard, et nous nous lisions parfois les dialogues l’une à l’autre. Et c’est important, de sentir qu'ils sont un peu à côté, qu'ils ont cet humour un peu jaune, ou cette étrangeté ; parfois, on fait délibérément dire aux personnages la chose à ne pas dire. Nous aimons jouer avec qui a raison et qui a tort.

Les décors et les costumes sont incroyablement importants dans tous vos films, mais dans Club Zero en particulier : d'une certaine manière, ils reflètent l'état des personnages.
C’est très important pour moi d’avoir une assez longue phase de préparation avec Tanja Hausner, ma costumière : six ou sept mois, ou même plus, à partir du moment où on nous entamons les repérages, afin de composer le style du film. Je fais aussi des storyboards : je dessine chaque scène de mon film dans un cahier et je le transforme en livre d'images que chaque membre de l’équipe a en sa possession. Parfois c’est terriblement précis, parce que les acteurs doivent faire exactement ce qui est dans le livre. Il arrive que certains acteurs trouvent ça inhabituel d’avoir à travailler comme ça, parce qu’ils veulent se sentir libres, improviser ou changer des choses, mais avec moi, ce n’est pas vraiment possible. Ceci dit, quand je trouve des acteurs qui conviennent bien, je leur dis chaque petit détail et c’est presque comme s’ils devaient faire une sorte de chorégraphie. Ensuite, nous répétons tout assez souvent pour que ça redevienne assez naturel.

Les adolescents qu'on suit, qui refusent de manger, formulent quelque chose de radical, mais est-ce qu’ils sont vraiment maîtres de leur corps, compte tenu de la toile d’inauthenticité dans lequel notre monde est pris aujourd’hui ?
C’est une question intéressante. Je ne sais pas s'il est possible d’être authentique. J'aurais du mal à dire ce que c’est. Prenez les acteurs par exemple : ils peuvent être tellement réels, mais ils jouent. Parfois, je me dis que nous jouons tous, tout le temps. Un acteur non-professionnel peut souvent être un excellent comédien.

Pouvez-vous nous donner une idée de l'utilisation que vous avez voulu faire de la langue anglaise dans le film ? Elle a quelque chose d’artificiel.
J’essaie toujours de trouver une manière de parler qui révèle que la personne qui parle n’est pas très originale. Tous mes personnages ,d’une certaine manière, semblent dire des choses qu’ils ont entendues quelque part. Ils répètent des choses qui font l'effet de slogans, et j’aime bien montrer des gens sous influence, qui sont constamment manipulés.

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(Traduit de l'anglais)

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