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CANNES 2023 Un Certain Regard

Baloji • Réalisateur d'Augure

“Tout ce qu'on peut trouver dans une famille reflète la société”

par 

- CANNES 2023 : Le réalisateur belge-congolais nous embarque dans un voyage unique à travers les traditions et croyances en République démocratique du Congo

Baloji  • Réalisateur d'Augure
(© Kristin Lee Moolman)

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fiche film
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 de Baloji a fait sa première dans la section Un Certain Regard du Festival de Cannes. Ce film embarque le spectateur dans un parcours unique à travers les traditions et croyances de la République démocratique du Congo, mais il peut aussi résonner auprès des publics du monde entier. Nous avons interrogé le réalisateur sur ce qui lui a inspiré cette histoire et sur ses choix esthétiques.

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Cineuropa : Comment décririez-vous le film ? Est-ce un drame, un thriller, une comédie caustique ou un film de science-fiction ? Ou est-ce que c’est tout cela à la fois ?
Baloji : C’est tout à la fois. Pour chaque point de vue, j’ai cherché une approche différente donc bien sûr, chaque personnage a son langage et ses visuels propres, et on passe de l’un à l’autre.

Comment avez-vous vendu le film aux producteurs et aux organismes de financement ?
C’était très difficile d’écrire un synopsis, mais je l’ai vendu comme l’histoire du personnage de Koffie et de son retour au Congo. C’était l'idée du film, en partie. À vrai dire, pour moi, il n'est plus le personnage principal de l’histoire. Je suis de plus en plus intéressé par ce qu'ont à dire les autres personnages, qui n’ont pas le luxe de pouvoir aller et venir comme il le fait. Les vraies victimes, dans cet univers, sont ceux qui ne peuvent pas partir. C’est pourquoi le film s'achève sur le personnage de la sœur de Koffie : c'est elle, le vrai sujet du film.

Quelle part de votre expérience personnelle avez-vous mis dans cette histoire ?
Pas tellement, en fait. On pourrait penser que Koffie est mon double, mais ce n’est pas le cas. Koffie est le personnage central en apparence, mais pas en réalité. Son intrigue se termine après 20 minutes. Ce qui est personnel, et est extrêmement cher à mon cœur, c'est le fait d'être considéré comme un sorcier. Mon nom, Baloji, signifie "homme de science", étymologiquement. Quand les chrétiens sont arrivés en Afrique, il a pris le sens d'"homme de magie noire", "homme de science noire" ou "guérisseur". Ces dernières années, le mot est devenu synonyme de sorcier, donc en gros, c'est comme si on m'appelait "diable" ou "démon". Ce n’est pas un nom facile.

Quelle déclaration cherchiez-vous à formuler à travers cette histoire ?
Plus je réfléchissais à la sorcellerie et à toutes les manières que trouve la société pour définir et combattre les soi-disant sorcières, plus j'avais envie de me concentrer là-dessus plutôt que de parler de quelque chose qui me représenterait en particulier. Être une femme de 35 ans et ne pas avoir d’enfants est considéré anormal, et ça peut être le cas en Afrique ainsi qu'en Europe. On appelle trop facilement ces femmes des sorcières. C’est là que les structures patriarcales se font sentir. Je veux montrer cela, particulièrement à travers le personnage de la mère dans le film.

Le sujet de la famille est un des plus importants du film.
Je pense que la famille est comme un laboratoire de la société. Tout ce qu’on peut trouver dans une famille est un reflet de la société. Ça signifie qu’il faut s'y battre et y accepter les mêmes choses que dans le société à l'échelle au-dessus.

Avez-vous aussi travaillé avec des acteurs non-professionnels ?
La troupe est un mélange d’acteurs professionnels et non-professionnels. Ça a été un plaisir de travailler avec autant de gens talentueux.

Aviez-vous une idée précise de l’allure que devaient avoir les personnages dans le film ?
Je pense que j’avais une idée, mais je devais aussi accepter le fait que quelquefois, les choses ne vont pas comme prévu, donc je devais aller dans le sens des choses. Il y a sans doute des réalisateurs qui essaient de corriger et contrôler les choses autant qu’ils le peuvent, mais à mon avis, les films et les acteurs sont des matériaux organiques qui doivent et vont forcément changer au fur et à mesure.

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre idée du design sonore ?
Je voulais que chaque personnage ait son propre son, sa propre couleur et sa propre allure visuelle. Le rose, par exemple, c’était plus pour filmer caméra à l’épaule, pour courir, alors que l'orange est censé rappeler la terre. Pour Koffie, j'usais plus d'une caméra fixe et d'un design sonore qui maintienne son personnage en état d'alerte. Pour Koffie, je cherchais une allure et un son qui rappellent les feuilletons télévisés.

Où avez-vous trouvé l’inspiration pour les performances de rues ?
C’est un mélange entre la culture de la Nouvelle-Orléans et du carnaval belge. Nous avons inventé tout ça, ça a été très amusant. Je pense que faire des films est vraiment difficile pour tous les gens qui participent, donc ça a du sens, qu’on s’amuse un peu en travaillant. J’aime bien ce côté ludique. J’ai un leitmotiv : "travailler avec l’esprit d’un enfant qui s’amuse".

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(Traduit de l'anglais)

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