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CANNES 2023 Un Certain Regard

Monia Chokri • Réalisatrice de Simple comme Sylvain

“Je ne me suis pas dit que je devais faire le film des films sur l’amour”

par 

- CANNES 2023 : La réalisatrice canadienne nous parle de l’entreprise consistant à faire un film sur l’amour, du fait de gagner en confiance comme réalisatrice et de ses influences philosophiques

Monia Chokri • Réalisatrice de Simple comme Sylvain

La Canadienne Monia Chokri nous parle de la confection de son film Simple comme Sylvain [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Monia Chokri
fiche film
]
, présenté dans la section Un Certain Regard du 76e Festival de Cannes.

Cineuropa : En quoi cette troisième expérience de réalisation a-t-elle différé de la première et la deuxième ?
Monia Chokri :
Pour de nombreuses raisons, ça a été très différent. D'abord parce que j'ai grandi, donc dans un sens, bien sûr que j'ai plus d'expérience qu'avant. Mon film précédent, Babysitter [+lire aussi :
critique
fiche film
]
, a été très dur à faire à cause de la pandémie, et j'avais des soucis dans ma vie personnelle. Pour Simple comme Sylvain, j'ai eu un nouveau chef opérateur [André Turpin], et ça m'a mis au défi de sortir de ma zone de confort, parce qu'André n'était pas extrêmement disponible pendant la phase de préparation, donc j'ai dû faire confiance au concept et à moi-même et à mes choix. Par ailleurs, le fait d'avoir pris de l'âge me rend un peu plus tendre : je n'ai plus la même manière de regarder mon travail et la façon dont je veux me présenter au monde, j'ai envie d'être plus douce et plus tendre.

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N'est-il pas difficile de faire un film sur l'amour sans essayer de faire le film définitif sur le sujet, parce qu'il y en a déjà tellement en circulation ? Le vôtre est très vivant, frais et sensuel.
Le truc, c'est que tous les sujets ont déjà donné lieu à des films, donc il est difficile de se redéfinir ou de redéfinir un sujet. Je ne me disais pas que je devais réaliser le film ultime sur l'amour. Après, peu de films comme celui-ci ont été réalisés par des femmes, une grande part de la perspective qu'on a sur la question a été façonnée par des hommes, donc je pensais beaucoup à l'érotisme et à la sensualité, et au cinéma de Jane Campion, à vrai dire ! Je me souviens de cette superbe scène dans La Leçon de piano, avec le doigt sur les touches : c'est une scène tellement puissante et érotique !

Avec quel niveau de précision imaginiez-vous le film visuellement, avant que votre chef opérateur ne rallie le projet ?
Je répète beaucoup avec mes acteurs, et sur le plateau aussi, donc ça m'a aidée à valider ce que j'avais écrit avant, pour voir si ça allait marcher. Mais je voulais aussi que quelque chose de naturel se produise, particulièrement dans les séquences longues, comme une scène de danse. Nous devions faire les choses à grande échelle, mais aussi faire de la place pour que des accidents surviennent dans les scènes. Vous me demandiez ce qui a été différent par rapport à mes films précédents : il y a aussi eu le fait que je me suis permis d'être un peu moins dans le contrôle. Je demandais aux membres de mon équipe de contribuer, je disais : "Donne-moi ton avis, que la meilleure idée l'emporte !".

Quid des mouvements de caméra ? L'utilisation faite ici des zooms et des compositions crée des moments magiques.
J'avais deux objectifs. D'abord, j'imaginais ce film comme un documentaire animalier. Je voulais tourner de loin et observer la danse des animaux sur le point de s'accoupler. Nous avons donc utilisé un objectif à longue focale et zoomé ; parfois, nous avions un objectif de 600 mm ! Je pensais à Robert Altman et à l'usage qu'il faisait du zoom, donc j'ai beaucoup étudié sa méthode. J'ai aussi été inspirée par des films romantiques des années 1970, comme Love Story, ou d'autres films américains de cette époque, mais je voulais quelque chose de plus calme au niveau des visuels.

Sophia est philosophe. Comment avez-vous préparé cette partie-là ?
Je dois dire que l'amour n'était pas tellement un sujet qu'on étudiait en philosophie, on en parlait plus en littérature ou en poésie, donc j'ai dû beaucoup creuser pour trouver des écrits philosophiques sur la question. Étonnamment, il n'y avait presque aucune femme dans le lot ! Certains ont écrit sur l'amour, mais de manière très cryptique, comme Saint-Augustin. Je me suis dit : "OK, il est intéressant de voir que l'amour aussi a été défini par les hommes". Ensuite, je trouvais des phrases qui m'aidaient à diriger la narration du film.

Donc la philosophie a bel et bien influé sur le récit ?
Oui, j'avais une idée de ma narration et de la dramaturgie, mais les philosophes m'ont aidée à changer certaines choses. Réciproquement, le récit m'a aidée à trouver davantage encore dans les écrits philosophiques. C'était comme une dialectique entre la philosophie et le récit. Ensuite j'ai lu À propos d'amour de bell hooks, et ce livre a changé ma vie. Elle n'est pas classée comme une philosophe, mais quand je montais le film, je pensais à elle et à sa définition de l'amour comme un choix actif, de sorte que le montage final a en grande partie été façonné par ce livre.

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(Traduit de l'anglais)

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