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CANNES 2023 Quinzaine des Cinéastes

Kanu Behl • Réalisateur d'Agra

“Il était important d'utiliser le corps et l'acte sexuel comme véhicule pour mettre à nu des vérités plus générales sur la condition humaine”

par 

- CANNES 2023 : Le réalisateur indien présente un drame familial doublé d'une histoire d'amour peu commune tout en traitant de sexualité et de frustration sexuelle

Kanu Behl • Réalisateur d'Agra

Kanu Behl a présenté la coproduction entre l'Inde et la France Agra [+lire aussi :
critique
interview : Kanu Behl
fiche film
]
à la Quinzaine des Cinéastes de Cannes. Nous avons interrogé le réalisateur sur son personnage principal et la manière dont il montre la sexualité dans son film.

Cineuropa : Qu'est-ce qui vous a inspiré votre personnage principal, Guru ?
Kanu Behl : Pendant ma pré-adolescence, et même jusqu’à la moitié de ma vingtaine, je sentais personnellement une certaine frustration sexuelle et retard de maturité sexuelle. Ce constat, ajouté aux expériences de beaucoup de garçons dans mon genre, de l'endroit où j'habite et de ma ville en général, m’a amené à réfléchir à ce problème spécifique et à sa relation avec les espaces que nous habitons – et aussi à me demander en quoi le fait que j'ai grandi dans des espaces réduits a pu affecter ma sexualité. Tout ceci s’est assemblé, et c'est ce qui m'a inspiré ce film et Guru.

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La sexualité est un sujet qu'on ne voit pas souvent dans les films indiens qui arrivent jusqu'aux cinémas occidentaux. Pourquoi était-il important pour vous de la montrer aussi ouvertement ?
Si je voulais suivre mon élan originel, qui était de parler de sexualité et de frustration sexuelle honnêtement, et réellement faire un film qui apporte au débat autour de la sexualité en Inde et dans le cinéma de manière plus générale, j’ai su très tôt que je ne pouvais pas reculer à l’idée de montrer la sexualité et nos corps, et je ne pouvais pas le faire d’une autre manière. Il était important de ne pas titiller, mais plutôt d'utiliser le corps et l’acte sexuel comme des véhicules pour faire le jour sur des vérités plus vastes sur la condition humaine qui sont enfouies dessous.

Comment avez-vous préparé les acteurs pour ces scènes ?
Je me suis bien assuré que toute l’équipe comprenait bien qu'aucune des scènes de sexe ne devait être traitée différemment d’autres scènes, parce que ce n’était pas des scènes de sexe pour nous. Nous nous sommes concentrés les nuances émotionnelles, qui devaient être justes dans chaque scène. Nous avons délibérément décidé de ne pas répéter ces scènes en avance. Au lieu de ça, au moyen d'un atelier de trois mois, nous avons appris à connaître chaque personnage aussi intimement que possible avec les acteurs, de manière à ce qu’ils puissent trouver leur propre vérité individuelle. Nous savions qu'en nous appliquant à cela, la vérité émotionnelle des scènes de sexe se dégagerait spontanément.

Guru et sa petite amie sont deux exclus mais ensemble, ils trouvent une force nouvelle. Quel est l'aspect de leur relation qui vous semblait le plus important à mettre en avant ?
D’un côté, c’est la rencontre d’une femme "physiquement endommagée" et un garçon "endommagé mentalement", du moins c'est ainsi que le monde extérieur les perçoit. Dans leurs incomplétudes individuelles, ils trouvent un tout spirituel collectif où ils cherchent confiance et honnêteté. Cela dit, à côté de ça, je voulais aussi que la complexité et la fragilité de Priti en particulier existent tout aussi honnêtement : son désir fondamental d'avoir la maison et sa manipulation coexistent avec l'horreur qui se déploie en Guru et ses besoins sexuels à lui.

La situation du logement que vous décrivez dans le film est-elle un problème constant ? Est-ce parce que les gens ont désespérément besoin d'aller vivre en ville ?
La situation du logement évoquée dans le film n'est pas un problème qu'en Inde, mais partout dans le monde. Les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres, et cela renvoie, plus largement, au paradigme socio-économico-culturel dans lequel nous nous trouvons. Peut-être qu'il y a une décennie, les jeunes étaient plus capables de s’offrir une maison que maintenant. C’est une horreur qui est en cours, et qui doit à l'apathie croissante de l'élite au pouvoir.

Que symbolise l’écureuil de la nouvelle femme du père de Guru ?
L'écureuil est dans une cage, et c’est peut-être exactement comme cela que Guru ressent sa propre existence dans la maison et, plus largement, l’existence de sa sexualité profondément frustrée à l’intérieur de lui. Il veut désespérément se débarrasser de la cage. À travers l'idée de la cage, je voulais aussi construire une connexion spirituelle entre Guru et Aunty : la manière dont il la voit est aussi un produit de la manière dont son père considère les femmes.

Que souhaiteriez-vous que le public retienne de votre film ?
Ce qui était important pour moi, c'était d'emmener le public avec moi dans un parcours difficile avec un héros qui, sans avoir le bon vocabulaire et tout en faisant des choses odieuses inacceptables, est la seule personne qui se batte pour la vérité dans le film. C’est le seul qui lutte contre l'oppression sexuelle. Je voulais que ce parcours soit presque un message d’avertissement pour le public, un parcours à vivre à travers Guru, pour montrer où les journées passées à faire une obsession sur le phallus finissent par mener !

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(Traduit de l'anglais)

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