email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

Portugal / France / Belgique

Cristèle Alves Meira • Réalisatrice d'Alma viva

“Le cinéma permet d'aller au-delà des apparences”

par 

- La réalisatrice franco-portugaise nous parle de ce film magique qui a fait sa première l'année dernière à la Semaine de la Critique de Cannes et représenté le Portugal dans la course aux Oscars

Cristèle Alves Meira  • Réalisatrice d'Alma viva

Cristèle Alves Meira a travaillé comme actrice et metteuse en scène de théâtre avant de devenir cinéaste. Son premier long-métrage de fiction, Alma viva [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Cristèle Alves Meira
fiche film
]
, interprété par sa propre fille Lua Michel, a été tourné à Tras Os Montes (Portugal), où elle passe ses vacances d’été, car elle réside en France. Après une première mondiale à la Semaine de la Critique de l'année dernière et un passage à de nombreux festivals, le film arrive vendredi 9 juin dans les salles espagnoles, distribué par Paco Poch Cinema.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

Cineuropa : Votre propre fille joue, magnifiquement d’ailleurs, le rôle principal d'Alma viva. Pourquoi avez-vous pris cette décision ?
Cristèle Alves Meira :
Quand j’ai commencé à écrire le sujet, j’étais enceinte de Lua, mais l’héroïne devait être une adolescente. Ensuite, j’ai changé l'âge du personnage central. J'en ai fait une enfant parce que je ne voulais pas rentrer dans des questions d’amour estival qui détourneraient l’attention du réalisme magique et de la relation spéciale de cette petite avec la grand-mère, les deux choses qui m’intéressaient infiniment. Plus tard, après que l’héroïne soit devenue une fillette, nous avons commencé à auditionner des gamines de onze ans, et Lua donnait la réplique aux candidates. La directrice de casting m’a alors demandé pourquoi je ne choisissais pas ma fille pour le rôle, car elle le faisait mieux et elle était préparée.

Le Portugal rural qui apparaît dans le film ressemble assez aux campagnes espagnoles. On y trouve ces femmes, qui s’occupent des enfants et établissent avec eux des liens très spéciaux.
C’est une société matriarcale en pratique (quoique théoriquement, ce soit un patriarcat) parce que là-bas, ce sont les femmes qui connaissent les plantes, les prières, la gestion de la vie familiale. Ce sont des femmes puissantes et à travers mon film, je leur rends hommage. En plus, elles sont en train de s’émanciper : la grand-mère se déshabille tranquillement, la tante Fatima a une liaison avec une voisine et la petite Salomé (incarnée par ma fille) fait des escapades nocturnes…

Ce film parle de deux mondes : le monde matériel et celui de la magie et de la superstition, qui est en train de se perdre.
En réaction à l’uniformisation et la rationalisation généralisée, je revendique la superstition, les croyances et les mondes ancestraux. Le cinéma vous laisse qui plus est aller au-delà des apparences, il vous permet de croire. Avec le monteur et directeur de la photographie du film, nous nous interrogions sur ce qui ne se dit pas, ce qui ne se voit pas, ce qui est mystère, ce qui reste hors-champ. Je préfère une image à beaucoup de dialogue, comme le plan sur les pieds de la grand-mère, qui explique beaucoup de choses dans Alma viva.

La mort est très présente dans ce village portugais, les enfants cohabitent avec elle.
On laisse la mort dans la maison et on cohabite avec la personne défunte. Le mort est le signe de notre impuissance, c'est pour cela qu’on l'occulte, dans la société contemporaine. Or le deuil doit se faire sans être occulté, et apprend à faire ce travail chemin faisant.

La possession qu'on voit dans le film… Est-ce comme la transmission du legs de la grand-mère à sa petite fille ?
Oui, la petite a le don du corps ouvert, c'est ce qui lui permet de se connecter avec sa grand-mère défunte, réunissant ainsi la famille et transmettant ce respect. Mon film peut être très rationnel mais aussi avoir une explication métaphorique et mystique : j’aime le fait qu'Alma viva ait cette double lecture, bien que son sujet central soit la transmission spirituelle.

Il y a une phrase fabuleuse qu’on entend dans le film, dans la bouche d’un des personnages secondaires : "L’argent, c’est la merde du diable".
J’adore cette phrase ! Je l’ai entendue dans un proverbe et j’ai décidé de l’intégrer au film, en la mettant dans la bouche de l’oncle aveugle, qui se conduit ici comme dans une tragédie grecque.

Comment s'est réparti le travail entre les trois pays coproducteurs ?
Le film, dont le budget total s'est monté à 1,6 million d’euros, a été tourné au Portugal, même si je vis en France, où a été effectuée la post-production et les effets spéciaux de l’incendie. En Belgique, nous avons fait les mixages son.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'espagnol)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy