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TRIBECA 2023

Hugo Ruiz • Rélisateur de Una noche con Adela

“Mon film est extrêmement libre”

par 

- Le réalisateur espagnol nous parle de son premier long-métrage, une histoire de vengeance qui vient de lui valoir le Prix du meilleur nouveau réalisateur d'un film de fiction à Tribeca, dont le visionnage ne laisse pas franchement indifférent

Hugo Ruiz  • Rélisateur de Una noche con Adela

C'est d'enthousiasme pur que déborde Hugo Ruiz, un réalisateur autodidacte de 49 ans originaire de Saragosse qui vient d’atterrir à Madrid après avoir présenté au Festival de Tribeca son premier long-métrage, Una noche con Adela [+lire aussi :
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, avec Laura Galán (Cerdita [+lire aussi :
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), qui lui a valu le Prix du meilleur nouveau réalisateur de fiction.

Cineuropa : Votre film est un peu dur… Comment a réagi le public new-yorkais en le voyant ?
Hugo Ruiz :
À la fin de la projection, personne ne bougeait, et tout le monde est resté à la rencontre après la projection. Plusieurs personnes m’ont dit qu’au début, on trouve Adela totalement repoussante, mais qu'ensuite, on arrive à comprendre l'amertume de ce personnage. Il faut se mettre à sa place pour sentir sa souffrance. J’ai élaboré ce rôle de manière à ce qu’on voie que cette nuit-là, c'est elle qui a un contrôle absolu sur tout, parce qu’elle ne l’a jamais eu de toute sa vie.

C'est un film très indépendant ?
Extrêmement libre. Son budget s'est monté à 339 000 euros. J’ai eu six jours pour répéter tant la chorégraphie de la caméra que celle des acteurs, et trois jours seulement pour tourner.

J’ai détecté deux coupes dans ce vaste plan-séquence qui fait qu'on suit l'histoire en temps réel.
Il y en a trois autres, pratiquement indétectables. Je sais déjà que les cinéphiles vont les chercher, comme on l'a tous fait avec 1917 [+lire aussi :
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de Sam Mendes. Je voulais que l'histoire soit racontée en un plan-séquence, donc évidemment, l'idée est de remarquer les coupes le moins possible, et on m’a dit qu'en effet, le public oublie vite la caméra.

Le film est très nocturne et spectral.
J’ai toujours été obsédé par les balayeurs de nuit. Ce film fait partie d'une trilogie, dont j’ai déjà écrit les deux autres scénarios, avec des histoires indépendantes entre elles qui se passent la même nuit, dans la même ville, mais il y aura des vases communicants entre elles. Dans ce film, Adela évolue en camion poubelle. Dans Domingo, le personnage se déplacera en taxi et dans Dante en ambulance. Et les trois intrigues seront contées à travers un seul plan-séquence.

Peut-être qu’après le bon accueil fait à ce premier film à Tribeca, vous aurez moins de mal à trouver des partenaires.
Tant que je peux continuer de tourner à ma manière, garder ma signature, c'est très bien, mais si j’ai plus de jours de tournage, c'est mieux.

Bien qu'Una noche con Adela se déroule en grande partie en extérieur, le film est assez étouffant par son format.
Il commence en 1.85:1 et je resserre au fur et à mesure pour arriver en 4/3 parce que je voulais qu'à la fin, quand les personnages sont en intérieur, tout semble plus comprimé. Je voulais que peu à peu, le spectateur se sente de plus en plus enfermé et claustrophobe.

Suggérez-vous que la religion, comme la drogue, peut-être nocive ?
Mon film n’est pas une critique de la religion, mais de la pratique erronée de la doctrine chrétienne : si tu te déclares chrétien, tu ne peux pas faire ce qui te chante. Si tu te réfères à la doctrine chrétienne, d'accord ,très bien, mais elle n’est pas mise en pratique correctement.

La famille aussi est castratrice, parfois.
La famille peut t'amener d’un côté ou tout son contraire. L'être humain grandit en fonction de la famille qu’il a, il est conditionné par ses parents. Ce qui est arrivé à Adela est en off, mais quand elle s'en rend compte, elle fomente tout ce qu'on voit là. Et aussi, combien de familles ont rejeté leurs enfants à cause du qu’en-dira-t-on ?!

Pourquoi avez-vous intégré à l'histoire une présentatrice de radio comme Gemma Nierga ?
J’ai imaginé un recours qui apporterait des informations sur l’intrigue : j’avais besoin de donner à Adela une action tandis qu’elle conduit le camion poubelle, donc j'ai créé un personnage qui l'accompagne, à travers une émission où l'on raconte ses problèmes. Ça me sert pour que le spectateur en sache plus sur Adela, car ses actes déroutent pas mal, et pour qu'on ne la voie pas seule, parce que ça deviendrait pesant à la longue. Ainsi, l'émission de radio avec des confidences à l’antenne a deux fonctions.

Tout se passe entièrement de nuit. À quelle période de l’année avez-vous tourné ?
En décembre, car je voulais saisir ce rictus causé par le froid, et cet aspect hivernal a aidé à créer l'atmosphère, même si on a eu froid. Les autres volets de la trilogie seront aussi tournés ce mois-là. Et presque entièrement sans éclairages supplémentaires. Un sacré défi.

(Traduit de l'espagnol)

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