Anne Heffernan et Seán Herlihy • Producteurs de This Is a Quiet Love
"Le film va tisser une mosaïque de l’expérience d’être sourd sur une période de 70 ans"
par Fabien Lemercier
- Rencontre avec le duo irlandais vainqueur du Pitch Global Issues au 34e Sunny Side of the Doc, le marché international du documentaire

Très remarqué notamment avec The Writing in the Sky (prix IFTA 2013 du meilleur réalisateur TV), le multiprimé Sharjah Safari (2022) and Gaza, la vie [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film] (en compétition au Sundance 2019), Garry Keane a vu pitcher au 34e Sunny Side of the Doc, le marché international du documentaire (du 19 au 22 juin à La Rochelle) son nouveau projet This Is a Quiet Love qui a été couronné par le jury de la catégorie Pitch Global Issues. Rencontre avec ses producteurs Anne Heffernan (Curious North Productions) et Seán Herlihy.
Cineuropa : Quel est le sujet de This Is a Quiet Love ?
Anne Heffernan : Ce projet de long métrage documentaire est centré sur quatre couples de sourds qui racontent comment ils se sont rencontrés et comment ils sont tombés amoureux. Le film va tisser une mosaïque de l’expérience d’être sourd sur une période de 70 ans. Nous espérons que chacun de ces couples et chacune de leurs histoires braqueront les projecteurs sur le quotidien des sourds à une échelle plus vaste.
Quels personnages avez-vous choisis ?
A. H. : Le premier couple est composé d’un catholique et d’une protestante qui sont tombés amoureux en plein conflit en Irlande du Nord à une époque où les communautés catholique et protestante étaient profondément divisées. Et malgré tout, ils sont restés ensemble et l’amour a triomphé.
Seán Herlihy : À cause de l’arrière-plan religieux, leurs familles n’acceptaient pas cet amour et ils devaient se rencontrer secrètement. Dans le second couple, Seán est un boxeur sourd qui tente de passer professionnel, mais il fait face à des obstacles car il doit se faire retirer son implant cochléaire s’il veut accomplir son rêve. Sa femme le soutient dans ce choix, même si cela signifie qu'il ne pourra plus jamais entendre sa voix et celle de leur fils. Là aussi, c’est une incroyable histoire d’amour, un lien qui va surpasser les difficultés.
A. H. : Le troisième couple est un jeune couple mixte qui vient d’avoir un bébé qu’ils élèvent dans l’environnement des sourds en s’assurant qu’il puisse apprendre le langage des signes et qu’il puisse faire partie de cet univers des sourds.
S. H. : Le quatrième couple est un couple lesbien vivant à Londres. Leur histoire reflète à quel point la communauté des sourds LGBT est vibrante, mais elle retrace aussi leur quête pour avoir des enfants par fécondation in vitro. Elles ont un enfant sourd et un autre entendant et leur amour passe également par une lutte face aux différentes possibilités offertes par le monde aux enfants sourds et aux enfants entendants.
Au-delà de la thématique universelle de l’amour, qu’est-ce qui caractérise le projet ?
A. H. : Le fait qu’il soit produit par une équipe mixte de sourds et d’entendants. Depuis longtemps, ce sont des personnes entendantes qui racontent des histoires sur les sourds, c’est pour cette raison que nous voulons que cette fois ce soit des sourds qui soient aux commandes derrière et devant la caméra.
S. H. (n.d.r. qui est sourd) : C’est très important sur le plan narratif car les personnes sourdes ont des histoires très riches à partager et quand il s’agit de cinéastes entendants, une partie de tout cela leur échappe.
À quel stade en est le projet ?
A. H. : Nous sommes en développement avancé et nous avons réuni 60% du financement, avec notamment Screen Ireland parmi les partenaires. Nous espérons entrer en production à la fin de l’année et pouvoir livrer le film à l’été 2024.
S. H. : Parallèlement au processus de production du film, nous avons aussi trouvé du financement en Irlande pour une formation destinée aux sourds afin qu’ils puissent intégrer les médias.
Quels partenaires cherchez-vous au Sunny Side of the Doc ?
A. H. : Des diffuseurs éclairés, un vendeur international et des coproducteurs qui soient aussi passionnés par le sujet que nous le sommes car nous souhaitons que le film puisse toucher le public le plus large possible. Ici à La Rochelle, le marché est fantastique, le projet suscite beaucoup d’intérêt et nous avons déjà eu des rendez-vous très fructueux, donc nous sommes très optimistes pour la suite.
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