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BRIFF 2023

Mélanie Delloye • Réalisatrice de Nightman

"Je voulais travailler sur la terreur psychologique"

par 

- La cinéaste française présente son deuxième long métrage, un thriller psychologique sur fond de légendes gaéliques

Mélanie Delloye  • Réalisatrice de Nightman

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critique
interview : Mélanie Delloye
fiche film
]
, présenté en Compétition Nationale au BRIFF, la jeune cinéaste Mélanie Delloye se lance dans le cinéma de genre avec un thriller psychologique à base d’emprise conjugale et de gaslighting, sur fond de légendes gaéliques et de secrets de famille.

Cineuropa : Pourriez-vous nous présenter Nightman en quelques mots ?
Mélanie Delloye :
C'est un thriller psychologique qui se passe en Irlande. C’est vraiment sur la relation, au premier abord, une belle relation, qui unit deux jeunes mariés qui s'installent dans la maison d'enfance du mari, qui va se révéler assez toxique.

Il y a quelque chose du film de genre, aussi ?
Il y a effectivement quelques éléments d'horreur. Mes inspirations, c’était les films des années 70 comme Les chiens de paille, The Shining ou Rosemary's Baby, qui étaient des films de genre et d'auteur à la fois, qui pour moi réussissent un mariage incroyable entre la peur, l'angoisse, et en même temps, une vraie profondeur chez les personnages

Le film est profondément ancré dans un lieu, qui se révèle être quasiment un personnage.
Tout se passe autour d’une petite maison un peu isolée, près d'un village en Irlande, à l’orée d’un bois. Il y a le thème de l’isolement bien sûr, mais aussi cette sensation d’être un intrus dans un village où tout le monde se connaît. Alex est une étrangère là-bas. Il y a la chasse notamment, plein de choses qu'elle ne comprend pas, alors que son mari a passé son enfance là-bas. Pour l'anecdote, on a tourné en Belgique, donc on a vraiment essayé de recréer l’Irlande. D’ailleurs pendant le tournage, quand les acteurs irlandais avaient vraiment l’impression d’y être, c’était notre test !

L'autre élément qui ancre profondément le film en Irlande outre ses comédiens, c'est le conte qui est évoqué dans le film, avec le personnage de la Banshee.
C'est vrai qu'il y a une légende qui est racontée au début du film et qui est vraiment ancrée dans la mythologie irlandaise. C'était important pour moi d’ancrer l’histoire aux sein de toutes ces croyances. La Banshee est un personnage très connu en Irlande, c’est une femme qui est à la fois aux portes de la mort, mais qui accompagne aussi les morts, un personnage entre le bien et le mal, assez ambigu, qui fait peur mais qui rassure étrangement. J’ai essayé de m'imprégner des lieux et de la culture, je trouve qu'il y a qu'il a une force immense dans toutes ces histoires, et je voulais que ce soit présent dans le film.

Comment vous avez rencontré ce projet, vous avez adapté un scénario original, c’est bien ça ?
C’est la première fois que je ne suis pas à l’origine d’une histoire que je réalise, mais il y avait un super scénario et un très bon concept. Donc toutes les bases étaient déjà là, et ça m'a permis d'aller vers le genre, en y mettant ma patte et ma sensibilité.

Qu'est-ce qui vous a attiré en particulier dans ce récit ?
Il y avait deux choses, il y avait le couple et ses relations toxiques. Ce qui m’intéressait, c’est cette notion de gaslighting, quand quelqu'un manipule psychologiquement l'autre et essaye de de faire douter de lui-même, qu’il va invalider sa perception de la réalité. C'est aussi un film qui parle de la nuit. C'est un film sur une femme qui doit se réveiller en fait. Et puis il y avait aussi tout ce travail sur les traumatismes de l'enfance et comment ça peut affecter qui on devient.

Le récit est très fortement ancré dans une conversation très contemporaine. On se pose des questions sur l’emprise, etc.
Au début du film, Alex vit encore comme une enfant, qui a une relation avec son mari un peu étrange. On pourrait presque penser que c'est son père. En fait, elle doit s'émanciper, elle doit devenir adulte. C'était très important pour moi qu'on sente cette force peu à peu l'envahir, prendre racine en elle.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous atteler au cinéma de genre ?
C'est vrai que pour moi, le genre c'était une nouvelle aventure et un challenge. Comme dans The Shining, je voulais travailler sur la terreur psychologique. Nightman, c’est aussi un lieu, et peu de personnages, j’y ai trouvé une vraie liberté pour explorer des choses, laisser durer les plans aussi. On s'attarde sur des lieux et le temps, tout en tenant le spectateur en haleine. Je voulais partir sur quelque chose qui pouvait réunir à la fois mon amour pour le jeu d'acteur et pour l'histoire, et essayer de créer des sensations nouvelles à travers ce film.

Quel est le plus grand challenge avec ce projet ?
Je pense que le plus grand challenge, c'était vraiment qu'on a dû tourner dans une économie de moyens et de temps très restreinte. On a eu moins de 20 jours de tournage, ce qui pour un long métrage est très peu. Je dois dire qu'il y avait vraiment une équipe très forte qui a fait un travail incroyable. Il y a beaucoup de choses qui ont réussi à se faire, mais j'avais l'impression à chaque fois qu'on était en train de faire des choses in extremis.

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