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KARLOVY VARY 2023 Proxima

Albert Hospodářský • Réalisateur de Brutal Heat

“À moins que vous ne fassiez un documentaire ou un film strictement factuel, il vaut mieux laisser la réalité glisser vers quelque chose d'un peu plus ludique”

par 

- Le réalisateur tchèque auquel on doit ce récit d'apprentissage qui mélange les genres évoque pour nous ses sources personnelles d'inspiration et son angoisse environnementale

Albert Hospodářský  • Réalisateur de Brutal Heat
(© Film Servis Festival Karlovy Vary)

Albert Hospodářský, jeune cinéaste et documentariste tchèque, a dévoilé son premier long-métrage de fiction, Brutal Heat [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Albert Hospodářský
fiche film
]
. Ce film, qui est également son projet de fin d’études, a été présenté dans la section Proxima du Festival de Karlovy Vary. Nous avons discuté avec le réalisateur de ce film qui est un véritable mélange de genres. Il évoque le passage à l’âge adulte, ses sources d’inspiration, ses inquiétudes en matière d’environnement et les subtilités de ses personnages.

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Cineuropa : Brutal Heat est présenté comme un film sur le passage à l’âge adulte, mais il s’agit également du témoignage de toute une génération. Qu’est qui vous a poussé à écrire et à réaliser ce genre de film, qui est également votre projet de fin d’études ?
Albert Hospodářský : L’histoire a germé en moi lorsque j’ai vu mon frère Vincent dans une situation très inconfortable à un arrêt de bus sur le chemin de la colonie de vacances. J’ai pu voir à quel point il était ouvert et gentil, à quel point ses émotions remontaient à la surface. À partir de ce moment-là, j’ai su que je tenais une histoire, et j’ai eu terriblement envie de capturer ce moment du passage de l’enfance à l’âge adulte. J’ai trouvé chez lui quelqu’un de confus, de prudent, et pourtant d’épanoui et j’ai mentalement saisi ce que grandir signifiait aujourd’hui. Sans ambition particulière, j’ai écrit un scénario qui me paraissait un bon moyen de laisser ces sentiments transparaître. Et heureusement, il a accepté d’en faire partie.

Le film a pour toile de fond un étrange événement cosmique, un fragment de soleil qui se précipite vers la Terre. C’est à la fois une métaphore et un moteur de l’histoire. Comment avez-vous eu cette idée et comment a-t-elle évolué ?
L’idée est venue plus tard dans le processus. Elle a d’abord été un moyen de lier les personnages entre eux et de créer une histoire commune. Puis, comme cela me semblait pertinent, je me suis rendu compte que c’était une bonne métaphore, une métaphore propice à l’interprétation. C’est devenu un espace où, je l’espère, le spectateur peut projeter ses peurs et ses émotions. Ma propre interprétation a d’ailleurs trait aux questions environnementales et à l’angoisse qu’elles engendrent.

La question climatique est manifeste tout au long du film. Pourquoi avoir décidé de la recontextualiser dans un univers de science-fiction ?
À moins que vous ne fassiez un documentaire ou un film strictement factuel, il vaut mieux laisser la réalité glisser vers quelque chose d'un peu plus ludique. Si j’avais utilisé un événement ou un problème concret, bien réel, j’aurais eu du mal à garder l’histoire intacte, car je ne suis ni qualifié ni attaché à quoi que ce soit de précis. De cette manière, il est davantage question d’un sentiment global, le film n’a pas de valeur informative.

Outre les genres film d’apprentissage, road movie ou film pré apocalyptique, Brutal Heat a-t-il été inspiré par d’autres genres ? Il semblerait presque que le film de zombie ait été une influence. En effet, la chaleur a fait sombrer dans la folie tous ceux que le héros rencontre.
Je n’appellerai pas ça de la folie, mais plutôt de l’honnêteté. Ces gens se maîtrisent moins, et c’est ce qui les rapproche. Ils subissent la même menace, et c’est pourquoi ils ont tendance à ne plus faire semblant. En toute honnêteté, je n’ai jamais pensé au genre zombie pour ce film-là, mais cette interprétation est selon moi aussi valable que n'importe quelle autre.

Vous avez dit que vos films étaient souvent axés sur l’histoire des personnages. Qu’est-ce qui, selon vous, rend un personnage suffisamment captivant pour porter un film ? Et comment avez-vous fait pour y parvenir dans Brutal Heat ?
Jusqu’à présent, dans ma courte carrière de cinéaste, ce qui a fait l’intérêt d’un personnage, c’est lorsque celui-ci, qu’il soit homme ou femme, s’inspire de quelqu’un de réel, d’un de mes proches ou de quelqu’un dont j’ai entendu l’histoire et dont le charisme m’a marqué. Quant aux caractéristiques précises, le plus important pour moi est qu’il y ait une forme de lutte intérieure, un combat qui laisse le personnage principal dans un état de lutte permanent où ses deux extrêmes s’opposent. Je pense que c’est quelque chose que tout le monde doit traverser, et c’est ce qui nous rend humains.

Vos films précédents ont montré une grande maîtrise des lieux, plongeant le spectateur dans des décors qui semblent extrêmement réels et dans lesquels ils peuvent se plonger. Pourriez-vous nous en dire plus sur la manière dont vous choisissez les lieux, et sur leur contribution à l’histoire ?
La plupart des lieux de tournage ont été choisis en collaboration avec l’équipe de gens très talentueux avec lesquels nous avons fait le film. C’est un mélange de décisions dictées par l’instinct, l’émotion et par des moyens pratiques visant à atteindre des objectifs réalistes. Au bout du compte, tous les lieux doivent sembler naturels et permettre aux acteurs de se plonger dans l’histoire. Si c’est le cas, alors la situation dramatique sera crédible et adaptée à l’histoire.

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(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

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