LOCARNO 2023 Cineasti del presente
Romain de Saint-Blanquat • Réalisateur de La Morsure
“La littérature gothique a eu une influence sur l'esthétique du film ainsi que le personnage principal”
par Teresa Vena
- Le réalisateur français nous en dit plus sur son premier long-métrage, atmosphérique et stylé, à commencer par ses personnages centraux et sa fascination pour les vampires

Le réalisateur français Romain de Saint-Blanquat vient de présenter son premier long-métrage, La Morsure [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Romain de Saint-Blanquat
fiche film], dans la section Cineasti del presente du Festival de Locarno. Nous l’avons interrogé sur ses personnages ainsi que sa fascination pour les vampires et les récits d’apprentissage.
Cineuropa : Pourquoi une histoire de vampire ?
Romain de Saint-Blanquat : C'est un personnage que j’aime beaucoup. J’ai vu beaucoup de films de vampires, donc je connais bien. Je n’ai pas eu cette idée dès le départ, mais elle s’est rapidement présentée au moment où je cherchais une manière de dessiner le personnage de Christophe. Ce qui m’émeut chez le vampire, et je voulais développer cela dans le film, c'est le fait qu'il ne change pas : il ne grandit pas. Le personnage ne grandit pas non plus : il a l'air beaucoup trop jeune pour son âge et de fait, il a du mal à accepter son corps et à trouver sa place parmi d'autres adolescents. C'était une manière de lier ce malaise à la peur de la mort de Françoise. Ça a permis de tracer des parallèles entre les émotions des deux personnages.
Qu’est-ce qui vous fascine tout particulièrement dans les récits d’apprentissage ?
Ce qui me fascine, c’est que ces films parlent d'une fin, la fin de l’enfance, et tout ce qui va avec, comme les peurs et angoisses. Elles peuvent s'exprimer plus intensément qu'avec des personnages adultes. Il y a de la mélancolie dans quelque chose qui est sur le point de se terminer et en même temps, c’est aussi un début. Ce que j’aime beaucoup, dans des films sur l’adolescence, c’est que quand on quitte les personnages, tout reste très ouvert, rien n’est déterminé pour toujours. Les films d’apprentissage donnent beaucoup d’importance aux sentiments et à l’intimité des personnages, mais aussi aux détails, aux rituels et à la manière dont ils perçoivent leur corps.
Aviez-vous l’intention dès le départ d’avoir des personnages principaux féminins ?
Ça s’est présenté très naturellement. Je voulais des personnages centraux féminins sans trop me poser trop de questions sur elles en particulier. J’étais plus intéressé par les personnages féminins en général, les obstacles et problèmes qu'elles doivent affronter me touchent davantage. De plus, je pense que c'était un choix plus fort, pour traiter d'un moment de l'Histoire où filles et garçons étaient séparés et où tout était plus segmenté. Explorer un parcours féminin semblait de fait plus fascinant, pour parler de sujets comme la peur de l’autre et la peur du sexe.
Pouvez-vous nous en dire plus sur vos actrices ? Comment se sont-elles préparées pour leurs rôles ?
Les comédiennes ont eu un rôle important dans le remaniement du scénario. Dans le scénario, les personnalités des deux filles différaient davantage, mais grâce au travail des comédiennes, le lien entre les deux personnages est devenu plus fluide, leurs personnalités moins strictement définies, et chacune des filles avait certains traits qu'on pouvait noter chez l'autre. Nous avons beaucoup répété, mais chacune avait déjà certaines qualités de son personnage, donc cette partie leur paraissait évidente.
Quelles influences pouvez-vous citer pour votre approche visuelle ?
Au début, les influences sont venues de manière inconsciente. J'ai réuni ce que je voulais voir. Je suis conscient que le film fait écho à beaucoup de films que j'aime et qui m'ont formé comme réalisateur, mais l'idée était de se situer quelque part entre un film fantastique et un récit d’apprentissage dédié à l’intimité, de faire un film qui rappelle et ceux de la Nouvelle Vague française, et les films fantastiques des années 1960 et 1970. La littérature gothique a influé sur l’esthétique du film, ainsi que sur le personnage principal.
Est-ce qu’il y a quelque chose de vous dans vos héroïnes ?
Oui, il y a des parties de moi en chacune d'elles. Je suis réceptif à l’occulte, à certains signes et symboles.
(Traduit de l'anglais)
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