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LOCARNO 2023 Cineasti del presente

Claudia Rorarius • Réalisatrice de Touched

"J’essaie de comprendre au mieux la vie et les émotions"

par 

- Le premier film de la réalisatrice allemande raconte l’histoire difficile, mais émouvante, de deux âmes solitaires, une relation rarement vue au cinéma auparavant

Claudia Rorarius  • Réalisatrice de Touched
(© Frank Peters/Soquietfilms)

La section Cineasti del presente de Locarno, dédiée à la nouvelle génération des réalisateurs, a accueilli la première de Touched [+lire aussi :
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interview : Claudia Rorarius
fiche film
]
de l’Allemande Claudia Rorarius. Nous avons rencontré la réalisatrice pour l’interroger sur ce qu’il a amenée à écrire cette histoire dérangeante, mais saisissante, sur deux âmes solitaires.

Cineuropa : Pourquoi vouliez-vous raconter cette histoire ?
Claudia Rorarius : Mon père a vécu avec un handicap physique. J'avais 14 ans quand le handicap a pris le pas sur sa vie du fait d’une maladie. La situation a lourdement affecté l’ensemble de la famille. Depuis, je porte ce sujet en moi. Ce qui m'intéressait surtout, c'était le sujet du "toucher". Pour le film, j’ai composé le personnage principal masculin comme quelqu'un d'assez semblable à mon père, et je me retrouve dans le personnage féminin, sans la dimension sexuelle de l’intrigue. Je ne voulais pas raconter une histoire père-fille, mais plutôt une histoire d’amour et de rejet, un combat entre la honte et le désir de sécurité. Le film est une exagération d'éléments que j’ai puisés dans ma relation avec mon père. Je voulais utiliser le film pour créer un espace protégé où je pourrais en parler. Le sujet de la sexualité est venu après parce que ça aussi, ça m’intéressait depuis longtemps. J’ai demandé conseil à ce sujet, notamment à un ami qui a travaillé avec des personnes handicapées. Différentes idées se sont présentées en chemin qui ont ensuite été intégrées au scénario.

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Est-ce que vous avez fait des recherches spécifiques sur la partie médicale de l’histoire ?
J’ai commencé à travailler sur ce film en 2009. J’ai fait beaucoup de recherches et rassemblé beaucoup de matériels. C'est à ce moment que j’ai décidé de ne pas travailler de manière documentaire, mais plutôt d’utiliser la forme long-métrage de fiction. Il y a un ingrédient que je souhaitais cependant conserver : dans un documentaire, on est très proche des personnages. Pour le scénario (et pendant les répétitions), j’ai bénéficié des conseils d'expert d'un jeune homme tétraplégique. Les acteurs ont pu s’entraîner avec lui, en particulier la comédienne. Un kinésithérapeute était également présent sur le plateau, ainsi qu’un coach spécialisé.

Quelles caractéristiques importantes devait pour vous avoir Maria ?
Elle devait être quelqu’un de très courageux, quelqu’un qui accepte son corps et ne le voit pas comme un défaut. Elle devait aussi être quelqu’un qui cherche des relations et de l’aventure. Je développe un personnage en créant un dialogue entre moi et lui. J’essaie de me rapprocher autant que possible d'une certaine compréhension de la vie et des émotions.

Qu'en est-il d’Alex ?
Ce personnage devait avoir une ouverture par rapport au sujet, une présence physique, et aussi un désir de montrer tous types de défauts. Pour moi, la relation entre les deux personnages est une déclaration féministe : les hommes devraient aussi apparaître nus dans le film, et les femmes devraient avoir le droit de prendre ce dont elles ont besoin. Au-delà de ça, je me suis informée très précisément sur ce qui se passe quand, suite à un accident ou à une maladie, quelqu'un se retrouve soudain dans une situation de handicap. Bien sûr, ça ne s’applique pas dans la même mesure à tous les gens qui sont affectés, mais c’était important, pour que l'acteur puisse entrer dans son personnage.

Comment vos comédiens se sont-ils préparés pour leurs rôles ?
Isold Halldórudóttir, qui est islandaise, et Stavros Zafeiris, qui est un danseur grec, n'ont pas eu beaucoup de temps ensemble, parce que Stavros nous a rejoints juste avant le début de tournage. Mais nous avions un consultant pour les aspects physiques ainsi que les aspects intimes. Nous avons établi un protocole d'intimité et fait un gros travail préliminaire. Des coordinateurs étaient présents pour toutes les scènes intimes. Nous avons pris autant de temps qu'il en a fallu.

Que vouliez-vous exprimer à travers la scène de danse finale entre les personnages ?
Ça devait être un reflet de la relation, comme un épilogue à l'histoire. J’ai conçu le film lui-même comme une sorte de chorégraphie où non seulement les mouvements de danse, mais aussi les gestes de soin, seraient harmonieusement accordés. Pour améliorer cet aspect du film, j’ai utilisé la méthode de la kinesthésie.

Que souhaiteriez-vous que le public retienne de votre film ?
C’est un film qui ne prétend pas parler de tous les handicapés. C'est l'histoire de cet homme dans cette phase spécifique de sa vie. Il était important pour moi que les comédiens soient authentiques. Pendant le casting, j'ai mesuré combien il était difficile de trouver des acteurs handicapés. Ça m’a refroidie, de voir qu’il y en a si peu. Mais ce qui compte le plus, c'est l’aspect féministe de l’histoire, le fait de contrer ce que le spectateur a l'habitude de voir du corps féminin au cinéma.

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(Traduit de l'anglais)

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