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VENISE 2023 Hors-compétition

Cédric Kahn • Réalisateur de Making Of

“La comédie est souvent la meilleure voie pour dire des choses sérieuses, non ?”

par 

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Cédric Kahn • Réalisateur de Making Of
(© Curiosa)

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de Cedric Kahn offre un gros plan sincère sur les coulisses d’un environnement souvent hilarant qui est pourtant, en soi, tout le contraire d'une plaisanterie. À l'occasion de la première mondiale du film en compétition à la 80e Mostra de Venise, nous avons rencontré le réalisateur pour discuter des différents aspects d’une industrie dont la matière est l’émotion et du miracle absolu auquel on atteint quand tout fonctionne.

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Cineuropa : Le film s'inspire-t-il d'un incident en particulier dans votre propre carrière ?
Cedric Kahn :
Bien sûr. En toutes ces années de métier, de nombreux incidents sont survenus, dont certains se sont retrouvés dans le film. Cela la, ma source d’inspiration principale, c'est autre chose. Je déprimais un peu et me sentais découragé de manière générale, de sorte que cela m’a semblé le bon moment pour repasser un peu tout ce que suppose la fabrication d'un film. J’ai décidé d’opter pour la forme comique, même si le film parle clairement de quelque chose de très sérieux et politique, notamment via l’intrigue du long-métrage en tournage dans l'histoire, car il traite d’une grève à l'usine, de la tension qu’elle entraîne, des débats autour des structures de classe, etc. La comédie n'est-elle pas souvent la meilleure manière de dire des choses très sérieuses ?

Parler dans un film de la réalisation d'un film n'est pas chose nouvelle : on se souvient par exemple de La Nuit américaine de François Truffaut, ou Ed Wood de Tim Burton. Un bon nombre de ces oeuvres présentent des situations assez cocasses et c'est aussi le cas de Making Of, de fait on rit bien pendant le film. Qu’est-ce qui est si drôle dans cet environnement professionnel en particulier ?
C’est une bonne question et une bonne observation. Une réponse possible est que les films qui parlent de la réalisation d'un film sont généralement l'oeuvre de gens qui connaissent à fond cet environnement, avec toutes les situations et personnalités qu'il vous donne à connaître. Le monde du cinéma est un monde d’exagération, plein d'egos démesurés dont il est facile de rire et qu'on tourne aisément au ridicule. C'est aussi un vaste mélange de personnalités assez compliquées (parfois difficiles, parfois carréments barjos), ce qui peut être assez hilarant. Les acteurs à eux seuls représentent tout un chapitre : ils peuvent tout donner, corps et âme, dans une scène, mais s'avérer totalement inhibés ou introvertis dès que la caméra s’éteint. Le fait qu'un plateau soit le résultat d'une planification industrielle alors que dans le même temps, on travaille vraiment avec l'émotion à l'état pur est une dynamique incongrue en soi. Cette mixture peut parfois devenir explosive.

De temps en temps, on tombe sur l'expression "chaque fois qu’un film est achevé, c'est bel et bien un miracle". Vous êtes d’accord avec ça ?
Oui ! Et non seulement de terminer un film, mais de terminer un film qui fonctionne (comme on le voulait), parti de la passion et la sincérité. Et on ne sait si le film fonctionne que quand on l'envoie dans le monde.

Diriez-vous que vos films à vous ont pu atteindre cet objectif ?
Pas tous, mais certains. Ceci étant dit, je suis capable d’accepter l’imperfection et aussi de ne pas vouloir avoir le contrôle de tout dans mes films. Je les envoie toujours dans le monde. Et puis je me mets à penser à autre chose, typiquement au film suivant.

Votre alter ego le plus évident dans Making Of est Simon, le réalisateur, mais peut-être y a-t-il un autre personnage auquel vous vous identifiez tout autant voire plus ?
Je suis très proche de Simon, mais je me retrouve tout autant dans le jeune gars qui se voit offrir sa première grande opportunité. Quand j’ai écrit le film, j’ai beaucoup pensé aux différents réalisateurs avec lesquels j’ai travaillé, ou pour lesquels j’ai travaillé, au début. Cela dit, mon objectif était de creuser la plupart des personnages principaux en essayant vraiment de comprendre ce qu’ils font et pourquoi, même ceux qui n'ont qu'une scène.

Vous avez mentionné Joseph, le jeune figurant à qui on refile d'un coup une caméra pour qu'il réalise le making of du film. Est-ce qu'on vous a offert une opportunité similaire dans votre jeunesse ?
Absolument, et c'est en grande partie de là qu'est venue l'idée du film. On m’a donné une chance, en plus de me faire confiance, et c'est ainsi que j'ai pu participer pour la première fois à cette chose qu'est le cinéma. Ça a eu un énorme impact sur moi, sur mon développement. C'est un moment dont le souvenir m'est très précieux. Aujourd’hui, de temps en temps, j’essaie de faire la même chose pour un jeune de mon équipe.

Avez-vous eu un mentor spécifique dans votre jeunesse ?
Oui, et c'est, sans hésiter, Maurice Pialat. J’ai commencé avec lui comme stagiaire sur Sous le soleil de Satan dans les années 1980. Il m’a regardé il a dit : "Un jour, tu feras tes propres films. Tu vas continuer". Il est mort il y a plus de vingt ans, mais ses paroles sont encore avec moi. Parfois, quand je doute, y repenser m’encourage, encore maintenant. Donc je vais continuer…

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(Traduit de l'anglais)

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