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VENISE 2023 Semaine internationale de la Critique

Sébastien Vaniček • Réalisateur de Vermines

"J’ai voulu mettre en scène le fait d’être jugés seulement sur l’apparence, sur ses origines"

par 

- VENISE 2023 : Le réalisateur français parle de son premier long métrage, un film plein d’énergie qui, sous la forme d’un film d’horreur, parle du malaise ressenti par les jeunes de banlieue

Sébastien Vaniček • Réalisateur de Vermines

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interview : Sébastien Vaniček
fiche film
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, de Sébastien Vaniček, film de clôture de la Semaine internationale de la Critique de la Mostra de Venise, met en scène un groupe de jeunes qui habitent dans une banlieue soudainement envahie par des araignées géantes. Coupés du monde, rejetés par un "extérieur" qui les considère comme dangereux, les protagonistes du film devront lutter pour leur survie.

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Cineuropa : Dans votre film vous donnez une image des cités au-delà des clichés, les personnages se soutiennent et évoluent ensemble. Pourquoi ce choix ?
Sébastien Vaniček :
J’ai grandi à Seine-Saint-Denis, là où j’ai tourné mon film. L’image des banlieues comme des endroits violents où règnent les trafics de drogue et la misère ne correspond pas du tout à ce que j’ai vu en grandissant et j’ai toujours eu à cœur de donner ma version des faits. Quand on vit dans un immeuble où tout le monde se connait, on se soutient, on s’entraide. Les problèmes, viennent plutôt de l’extérieur, naissent de l’image que l’extérieur a des banlieues. C’est la xénophobie, la peur de l’étranger, qui crée des tensions à l’intérieur même des cités. Ce que j’ai voulu mettre en scène dans Vermines est le "délit de sale gueule", le fait d’être jugés seulement sur son apparence, sur ses origines. Je voulais mettre en scène les conséquences du regard extérieur sur la réalité dans laquelle évoluent les personnages. Le genre horrifique m’a aidé à en parler. Dans Vermines j’ai utilisé l’araignée parce que, comme les personnages, c’est une créature qu’on juge sur son apparence. L’araignée représente ce qu’on peut ressentir dans ces contextes, en tout cas ce que moi j’ai ressenti en tant que jeune de banlieue.

Comme vous dites, les films d’horreur ont une force politique cachée derrière des moments apparemment "légers"
Oui, Stephen King a dit que "l’horreur est le meilleur moyen de parler de l’être humain" et peut être le plus sain parce qu’on ne montre pas les choses, on les sous-entend et du coup qui veut voir et est sensible au message les verra, les ressentira et les autres passeront de foute façon un bon moment, ils s’amuseront. Je pense que c’est un bon moyen pour toucher un public plus large, pour parler de sujets politiques et sérieux sans forcément faire un film d’auteur, démarche qui ne me correspond pas.

Comment choisissez-vous vos acteurs et comment travaillez-vous avec eux ?
Ça a été assez facile de travailler avec mon casting qui est formé par des acteurs que j’ai choisis dès le début et dont je connaissais le potentiel et d’autres que j’ai découverts lors des castings. Nous faisons tous partie de la même génération, on a le même langage, la même façon de s’exprimer et les mêmes références cinématographiques. Il s’agit avant tout d’êtres humains avec qui j’avais envie de partager cette aventure. Pour mon premier long métrage j’ai choisi les mêmes équipes techniques avec lesquelles j’ai réalisé mes courts métrages, une vingtaine de personnes avec qui je travaille depuis une dizaine d’années. Les acteurs se sont dépensés physiquement et mentalement, ils ont couru et hurlé, ils ont eu froid, ils ont transpiré avec l’envie de faire un super film. L’ambiance était géniale, on a eu de la chance. Cette cohésion se ressent, je pense, à l’image. J’étais très ouvert aux propositions des acteurs, ce qui compte pour moi est le fond et non pas la forme. Avant le tournage, j’ai eu la chance de recevoir les conseils d’Alexandre Aja, le plus grand réalisateur français de films d’horreur. Aja m’a dit : "si un acteur t’avoue que quelque chose ne va pas il faut absolument l’écouter, ça veut dire qu’il a raison". D’un point de vue esthétique, le film est tourné de façon très naturelle, presque documentaire. Je laissais mes acteurs courir, aller à gauche et à droite pendant que moi j’essayais de capturer ce que je pouvais.

Vous avez un parcours plutôt "atypique", vous n’avez pas fait une école de cinéma suivie par quelques courts métrages et enfin un premier long métrage. Est-ce une force ?
J’ai l’impression que, en passant plus de temps à réaliser des films plutôt qu’à les étudier, je me suis trouvé en tant que réalisateur, j’ai mis au point mon style. En ce moment, par contre, je fais l’inverse, c’est-à-dire que je regarde beaucoup de films pour "palier" mes petites lacunes théoriques, j’apprends beaucoup des maîtres. Mais c’est vrai que, pendant mon adolescence, le fait de réaliser beaucoup de films avec mes potes m’a permis d’expérimenter, de comprendre ce qui marche et ce qui ne marche pas. J’ai eu la chance d’avoir beaucoup d’amis qui avaient envie de faire des choses et du coup ça nous a transportés, et cela malgré le peu d’argent qu’on avait à disposition. On trouvait toujours le moyen de récupérer une caméra le temps d’un weekend. Quand j’ai rencontré le producteur de Vermines tout est allé très vite parce que j’arrivais déjà avec un mon bagage et des équipes solides. On était déjà prêts, ça faisait dix ans qu’on travaillait ensemble.

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