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VENISE 2023 Hors-compétition

Alix Delaporte • Réalisatrice de Vivants

“Mes personnages sont vivants : pleins de joie, d'énergie, de passion”

par 

- VENISE 2023 : La réalisatrice française s'immerge dans l'énergie de la rédaction parisienne d'une chaîne d'information, où elle suit une jeune stagiaire

Alix Delaporte  • Réalisatrice de Vivants
(© Trésor Films)

L'énergique salle de rédaction parisienne d’une chaîne d'information est au cœur de tout ce qui se passe dans Vivants [+lire aussi :
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d'Alix Delaporte, qui a fait l’ouverture de la 80e Mostra de Venise, hors-compétition. Tel qu'on le voit, à travers le regard de la jeune stagiaire Gabrielle, l'âme de l’endroit est sans nul doute son personnel passionné, des gens qui font des pieds et des mains pour accomplir leur travail, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Nous avons rencontré la réalisatrice, qui a en partie puisé dans ses propres souvenirs pour composer cet univers.

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Cineuropa : Le titre international du film est On the Pulse, alors que son titre français est Vivants. Pouvez-vous nous parler un peu de ces choix et de leurs significations respectives ?
Alix Delaporte : Pour le titre anglais, nous avons envisagé différentes variations, et bien qu'il ne soit pas une traduction littérale du titre français, j'aimais l'idée d'utiliser le mot "pulse" (le pouls, ndlt.). La raison pour laquelle j'aime le titre original, c'est qu'une jeune correspondante de guerre m’a dit un jour que quand elle n’était pas sur le théâtre d'un conflit, elle ne pensait qu'à y retourner, parce que là-bas, la ligne entre la vie et la mort est tellement fine qu'elle se sentait vraiment "vivante". Mes personnages sont tous "vivants" : pleins de joie, d’énergie, de passion.

D’où est venue l’idée du film ?
Le désir originel était de faire un film autour d'un groupe de personnages. J’avais donc besoin d’un endroit où les mettre, et c’est devenu ce contexte, que je connais aussi personnellement. J’ai commencé comme journaliste, et j’ai fait un stage, comme Gabrielle dans le film. Il y a donc un élément biographique, même si j'espère que le film est avant toute chose universel dans ce qu’il dégage et dans les émotions qu’il provoque.

Dans quelle mesure Gabrielle vous ressemble-t-elle ?
Avant de me lancer dans le cinéma, j’étais reporter et caméraman, j'ai fait ça pendant dix ans. Avant que Gabrielle ne rejoigne cette chaîne de télévision, elle aussi avait une autre carrière et une autre vie (en l'espèce elle était guide de haute montagne), donc c’est une autre symétrie entre nous. Il y a aussi le fait que je ne parle pas beaucoup, et Gabrielle non plus. Voilà les similarités principales entre nous. Certains des autres personnages m'ont été inspirés par des gens que j'ai connus pendant mon stage, d'autres par ceux qui travaillaient sur l’émission 24 heures à Canal+ – des gens que j’ai rencontrés et dont j’ai appris, et qui m'ont profondément inspirée dans mon parcours. Je pense qu’il y a une petite part d'eux dans chacun des personnages. On aperçoit d'ailleurs certains d'entre eux physiquement, dans les photos qu’on voit pendant le générique de début.

Vous avez déjà fait allusion à la chose en parlant de la correspondante de guerre qui voulait repartir le plus vite possible, mais une grande partie des employés que montre le film sont débordés, de plus en plus asociaux, incapables de rester en couple, etc. En dépit de cela, ils n'en sont pas moins attirés par cet univers.
Pour arriver à faire ce travail, il faut en avoir la passion, mais est-ce qu’on peut avoir deux passions ? C’est dur. Et le travail ne s’arrête jamais. Au contraire, il devient addictif, or l'addiction est peu compatible avec une vie de famille sereine.

Ceci étant dit, comme beaucoup d’autres films qui se passent dans ce genre de décor, le vôtre n'occulte pas franchement ses aspects romantiques...
Parce que ces gens sont les héros du film, dont il faut qu'ils aient l'air de héros – et pourquoi ne pas y mettre une touche de romantisme ? Même si j’essaie de dépeindre ce monde de manière réaliste, j'intègre son fond poétique. Je faisais quelque chose de similaire avec les pêcheurs d'Angèle et Tony [+lire aussi :
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: je ne les filmais jamais de manière trop réaliste, ils avaient l'air plus grands que la vie.

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de Cédric Khan, qui aborde le monde du cinéma sous un angle similaire, pourraient tous deux être qualifiés de "divertissement intelligent pour adultes". La France semble assez douée pour ce genre. Que pensez-vous de cette observation, est-elle valide ?
Ce n’est pas facile, mais on continue de faire ces films, donc ça veut dire que c’est possible. Mais il faut vivre avec son temps, or en ce moment, le public regarde des séries TV avec des dramaturgies profilées d'une certaine manière qui font qu'on devient facilement accro, dévorant un épisode après l'autre, ce à quoi les gens s'habituent très vite. S'il est hors de question de se mettre à écrire "pour" le public, il faut au moins être très conscient de cela. C'est pour cela que je travaille avec un scénariste, Olivier Demangel, qui se soucie beaucoup de conserver l'attention du spectateur tout du long. Nous autres, qui travaillons dans le cinéma au sens "classique", devons être au courant de ces méthodes. Nous devons protéger notre système, ne jamais rendre les armes, continuer de nous battre pour cela. Parce qu’on a de la chance.

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(Traduit de l'anglais)

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