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SAN SEBASTIAN 2023 Compétition

Isabel Coixet • Réalisatrice de Un amor

“J’ai la capacité de ne pas me sentir à ma place n’importe où”

par 

- La cinéaste fait son retour au festival avec adaptation pour l’écran du roman du même nom de Sara Mesa, interprétée par Laia Costa, qui a déjà travaillé avec la réalisatrice catalane sur Foodie Love

Isabel Coixet  • Réalisatrice de Un amor

Un an après y avoir présenté le documentaire El techo amarillo [+lire aussi :
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, Isabel Coixet fait son retour au Festival de San Sebastian, cette fois en compétition, avec Un amor [+lire aussi :
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interview : Isabel Coixet
fiche film
]
, sa version du roman du même nom écrit par Sara Mesa, interprétée par Laia Costa.

Cineuropa : J’ai lu le livre et en voyant le film, j’ai détecté certains changements. Par exemple, je ne souviens pas que le chien était hermaphrodite dans le livre…
Isabel Coixet :
J’ai choisi ce chien parce que j’aimais sa gueule pleine de cicatrices, après on m’a dit qu’il était intersexe, alors j’ai décidé de mettre cela à l’écran, mais comme quelque chose de réel chez cet animal. Je n’aurais pas eu cette idée si l'animal n'était pas comme ça.

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Le travail de l’héroïne a changé également : dans votre film, elle est traductrice.
Ça me paraissait important, pour que le spectateur comprenne mieux d'où vient Nat [interprétée par Laia Costa], ce qu’elle fait et que quand on traduit des témoignages affreux de réfugiés jour après jour, ça vous affecte forcément : cela a un effet traumatisant (dont les traducteurs ne parlent pas), compte tenu des atrocités réelles dont ils doivent traduire le récit. En effet, cet aspect professionnel et personnel m'a paru assez important.

Vous avez également modifié la fin.
J’ai demandé à Sara si elle voulait participer au scénario, mais elle était en train d’écrire un autre roman et elle était un peu lasse de Un amor. Je lui ai dit que j’aimais son travail, mais qu'il y a des informations que le spectateur a besoin de connaître, comme la provenance de chaque personnage et que quand on montre des choses négatives et la montagne russe d'émotions que vit l’héroïne, tout cela doit servir à quelque chose. Je sais que dans la vie, les gens souffrent et ça ne produit rien : on vous annonce que vous avez la leucémie, et vous ne devenez pas le dalaï-lama pour autant. Je ne n’ai pas beaucoup de normes comme réalisatrice, mais j’aime à penser que tout ce qui arrive dans un long-métrage mène les gens ailleurs et les projette ailleurs émotionnellement aussi.

Les paysages ruraux et les montagnes sont oppressants pour le personnage central. La campagne n'est donc pas si idyllique que ça ?
Un amor présente un microcosme alors quand on est là-bas, les dynamiques existant parmi les habitants du lieu pèsent sur vous à chaque instant. En ville, c'est moins net, même si les dynamiques sont les mêmes.

Dans le roman, il y a beaucoup de réflexions : comment peut-on les transposer à l’écran ?
Nous sommes partis de la personne qu'est Nat, d'où elle se trouve, de comment elle bouge et s'habille. J’ai dit à Laia : "Mets-toi du papier de verre sur les genoux", qu'on remarque que c'est rapeux, que les murs ne t'accompagnent pas, que les meubles soient crottés et que l'eau du robinet sort noire. Ces choses physiques qu'on vit à travers elle communiquent ce qui lui passe par la tête. J’aime beaucoup les voix off, mais j'ai su dès le début qu'il n'y en aurait pas dans ce film, mais que la caméra serait toujours avec le personnage.

Nat/Laia ne se sent pas à sa place dans ce village où elle est allée vivre.
J’ai la capacité de ne me sentir à ma place nulle part : je suis très démocratique à ce niveau-là.

À quel niveau vous identifiez-vous le plus à Nat ?
Sur beaucoup d’aspects. Nous les humains, nous faisons des choses que nous ne pouvons même pas expliquer, et après on s'accroche à des gens qui réveillent en nous toutes sortes de choses, et on peut passer du dégoût à la fascination. Je suis toujours étonnée par la facilité avec laquelle on juge le comportement des autres, comme si on venait d’un monde irréprochable où nous n'avons jamais pris de mauvaise décision et où nous sommes des esprits purs.

Vous retrouvez ici la comédienne Laia Costa, avec laquelle vous avez travaillé sur la série Foodie Love [+lire aussi :
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]
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Nous sommes très fainéants, nous les réalisateurs : quand on sait que quelqu’un est bon, pourquoi chercher quelqu'un d'autre ? Je crois qu'elle a une capacité incroyable à s'investir, j’aime beaucoup le fait qu'elle s'implique.

Les styles de la série et de ce film sont complètement différents.
C’est une bonne chose, non ? Parce que si on faisait tout le temps la même chose... Clairement, Un amor n’est pas une comédie romantique à la Bridget Jones.

Vous êtes assez active, vous avez toujours des projets en cours. Le prochain sera avec Penelope Cruz, avec qui vous avez déjà collaboré sur Elegy [+lire aussi :
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fiche film
]
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Je suis très curieuse, ce qui peut ne pas me réussir et me faire prendre des directions qui ne valent pas la peine, mais ça m'intrigue, de faire des choses que je n'ai jamais faites avant.

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(Traduit de l'espagnol)

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