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SAN SEBASTIAN 2023 Compétition

Jaione Camborda • Réalisatrice de O corno, une histoire de femmes

“Je crois que la sororité existe à présent dans tous les milieux, y compris le cinéma”

par 

- La réalisatrice basque présente son deuxième long-métrage, un voyage qui s'articule autour de la maternité et la solidarité entre femmes

Jaione Camborda  • Réalisatrice de O corno, une histoire de femmes

Nous avons discuté avec Jaione Camborda, la réalisatrice de O corno, une histoire de femmes [+lire aussi :
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, son deuxième long-métrage, le premier qu’elle présente en compétition au Festival de San Sebastian.

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au Festival de Séville, vous m’aviez déjà parlé de O corno, une histoire de femmes. Comment s’est passé le financement de ce projet par rapport au précédent ?
Jaione Camborda :
Arima m’a permis de trouver plus facilement de l'argent pour ce projet. Nous avons mis environ quatre ans à le monter. Je me suis rendu compte que je voulais qu'il y ait plus de famille autour de la production, être plus accompagnée. J’ai donc fait ainsi. Je me suis associée à Andrea Vázquez et María Zamora. Ils ont aidé à donner une dimension économique au  projet et disons que ça a été un peu plus simple, sans être facile, car il est toujours difficile de financer le cinéma d’auteur.

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C’est une histoire de maternité et de sororité réalisée, produite et interprétée presque exclusivement par des femmes. Croyez-vous que le réseau de "soeurs" qu'on voit dans le film existe aussi dans l’industrie du cinéma ?
Je crois que maintenant tout de suite, on est dans un moment faste parce qu'une génération forte de cinéastes femmes est en train de naître qui obtient beaucoup d'écho au niveau international et dans ce sens, nous pouvons toutes nous réjouir. Ça vient tard, mais nous pouvons enfin faire du cinéma. Avant, ça nous était interdit, on ne nous donnait pas la possibilité de le faire. Dans ce sens, nous sommes très contentes du fait qu'on commence à voir les fruits de tout le combat qui a dû être mené. Et je crois en effet que la sonorité existe actuellement dans tous les milieux, y compris le cinéma.

Vous êtes la seule réalisatrice espagnole présente à Toronto cette année, et vous êtes en compétition à San Sebastian. C’est un saut qualitatif par rapport à votre premier film. Comment voyez-vous la choses ?
Je me sens très chanceuse. Je crois qu'en plus, cette situation va nous permettre de parvenir avec plus de force jusqu'au public, ce qui est super nécessaire pour un film d'auteur. Je crois que ce passage au festival de San Sebastian va donner de l'élan au film dans les salles. Et en plus, c’est ma terre natale, de sorte que c’est très spécial pour moi d’unir ces deux mondes : la Galice et le Pays basque, deux territoires très importants dans ma vie.

Le film s’ouvre sur une scène d’accouchement impressionnante, saisissante de réalisme. Comment avez-vous élaboré cette scène ?
D'un côté, ça a commencé au casting. J’ai rencontré Julia Gomez, qui est devenue mère peu avant le tournage, de sorte qu'elle avait encore, chevillées au corps, les sensations vécues pendant de l'accouchement, son corps s'en souvenait, ce qui a été important. Nous avons conçu cette scène comme quelque chose de très animal, de très mammifère. Nous avons divisé le tournage selon le niveau de dilatation, parce qu'à chaque moment de la dilatation, la sensation est différente. Nous avons été très fidèles à ce que vit la femme et c'est ainsi que nous avons structuré les choses. Je trouvais très intéressants ces moments, entre les contractions, où le temps est suspendu. Je crois qu’on a beaucoup vu, au cinéma, le moment de l’expulsion, mais moins la partie qui précède, qui s'étire pourtant si longtemps. Il me paraissait très important de voir cette femme connectée à son corps et en même temps en train de le transcender. Nous avons toujours vu la femme très déconnectée de son corps, hurlante, quasi hystérique alors que pour moi, c'est le contraire : je voulais me concentrer sur l’aspect corporel plus que le côté psychologique.

Toute la troupe fait un magnifique travail, mais Janet Novás, la comédienne qui joue le personnage principal, se démarque. Comment avez-vous travaillé avec elle pour préparer cette interprétation aussi exigeante physiquement qu'émotionnellement ?
Janet s'est beaucoup engagée dans le projet. C’est une créatrice, ce qui lui permet de comprendre les situations émotionnelles très fortes. Je trouvais très intéressant qu'elle soit danseuse. Elle a un corps solide, une manière d’habiter le monde à travers son corps. C'est ce que je cherchais pour mon personnage. De plus, elle vient d’une zone rurale, Cans en O Porriño. Sa famille est liée au travail de la terre donc pour son personnage, elle s'est inspirée directement du réel.

Le film est très attentif aux détails. Il faut à cet égard louer les décors et les costumes. Comment s’est passé le travail avec ces départements ?
Les décors sont de Melania Freire et Uxía Vaello a fait les costumes. Ça a été génial de travailler avec elles, car elles sont toutes les deux merveilleusement créatives, et elles ont saisi dans quelle zone subtile je voulais arriver. Nous avons beaucoup travaillé là-dessus toutes les trois. Nous avons enquêté très rigoureusement sur cette époque en cherchant en même temps des aspects qui pourraient la connecter au monde actuel, qui permettent au spectateur d'oublier de temps en temps à quelle époque se passe le film et de la voir comme actuelle. Nous cherchons ce dialogue entre l’histoire et le moment présent.

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(Traduit de l'espagnol)

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