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SITGES 2023

Aritz Moreno • Réalisateur de Moscas

“Faire souffrir le personnage principale pendant 90 minutes a été amusant à faire... et c'est drôle à voir pour le spectateur”

par 

- Après Ventajas de viajar en tren, le réalisateur espagnol revient avec une autre fable alambiquée, débordante d'humour noir, tournée à Buenos Aires

Aritz Moreno  • Réalisateur de Moscas

Les Avantages de voyager en train [+lire aussi :
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a été nominé dans la catégorie comédie aux European Film Awards 2020. À présent, le réalisateur de ce film, le Basque Aritz Moreno, fait son retour au Festival de Sitges pour présenter Moscas [+lire aussi :
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, une production hispano-argentine interprétée par l'acteur madrilène originaire de Buenos Aires Ernesto Alterio.

Cineuropa : Que fait un Basque à tourner un film comme Moscas à Buenos Aires ?
Aritz Moreno :
(rires) Bonne question. Eh bien, la vie fait de drôles de détours. Moi non plus, je l’avais pas vu venir : avant d'atterrir là-bas pour le tournage, je n’étais jamais été en Argentine. Je crois que ça a bien fonctionné pour le film, ça l'a fait grandir. Il faut dire que le roman originel, De loin on dirait des mouches, a été écrit par un garçon originaire de Buenos Aires, Kike Ferrari, et l'action se situe dans ce pays. Le tournage a été très enrichissant. C’est une ville incroyable. Le responsable du repérage a fait un travail impressionnant et je trouve que la manière dont la ville est dépeinte fonctionne génialement bien.

Donc le désir de tourner à Buenos Aires est venu avant la coproduction ?
C’est ça, une fois que le projet est devenu un Original de Vix, comme ils avaient envie de travailler en Amérique latine et qu'en l'espèce, il semblait logique de revenir dans le pays où se passe le roman...

Les Avantages de voyager en train était également un livre (d'Antonio Orejudo). Vous vous nourrissez de littérature ? Et qu’est-ce qui vous a plu, dans le roman de Ferrari ?
Je lis beaucoup par plaisir et comme je ne suis pas scénariste, c’est ma manière de découvrir des histoires. Il me semblait urgent de faire rapidement un deuxième film, même si je crois que je ne ferai jamais rien de mieux que Les Avantages de voyager en train. Il me fallait par conséquent ouvrir le spectre. Je cherchais à faire un thriller plus classique – même si finalement, Moscas n'est pas extrêmement conventionnel non plus.

Ni conventionnel, ni classique : à la fin de la projection à laquelle j’ai assisté, j'ai entendu des spectateurs vous comparer à Quentin Tarantino, à Guy Ritchie et aux frères Coen
Je les aime tous ! Pour moi, la référence est plus David Fincher, délayée bien sûr, mais nous avons cherché à tourner comme lui. Et puis on se retrouve avec l’Argentine et ce qu'elle a à vous offrir, et il y a Ernesto Alterio, qui a fait un travail génialissime avec ce personnage totalement excessif. Tarantino est aussi une référence, et si on le perçoit un peu, c’est une victoire.

Alterio a participé à votre film précédent. Est-il devenu votre acteur fétiche ?
Quand j’ai travaillé avec lui sur Les Avantages de voyager en train, j'ai vu à quel point il était énorme, et qu'il pouvait tout faire. Le choisir était une évidence, parce que le personnage principal de Moscas devait être argentin – bien que comme Ernesto vit en Espagne depuis l'âge de sept ans, il ait tout de même dû travailler sur l'accent de Buenos Aires. Il est énorme, il me fait halluciner et en même temps, il m'oblige à être à sa hauteur.

Moscas suit la descente aux enfers d'un type qui se croit tout puissant, comme par l'effet d'une espèce de justice poétique. La fiction permet-elle de remettre les méchants dans les clous ?
Que le héros soit si négatif et provoque une telle réaction de rejet chez le spectateur était un défi à relever parce que ça porte le film. Le faire souffrir pendant 90 minutes a été amusant à faire... et c'est drôle à voir pour le spectateur.

Mais il arrive aussi à nous faire de la peine
C’est à ça qu’on veut arriver, à ce qu'un film provoque cette contradiction.

Dans Moscas (litt. mouches, ndlt.), comme ces insectes, la caméra virevolte, se rapproche beaucoup, se pose presque sur le visage des acteurs, un peu comme dans les westerns spaghetti de Sergio Leone
Peut-être que du fait de mon manque de confiance naturel, je suis un fanatique de la planification : avec le chef opérateur, nous avons dessiné toutes la séquences avant le tournage avec des références, des photos et des vidéos. Tout est pensé.

Comme dans votre premier film, la structure narrative est sautillante. Cette fois, elle est divisée en épisodes qui portent les noms des personnages.
Nous avons respecté la structure du roman. Elle me plaît, et elle donne une certaine liberté de mouvement au récit.

L'humour noir est une composante fondamentale de cette tragédie d'un homme ridicule.
Oui, c'est un élément inévitable pour moi : l'humour noir m'amuse beaucoup et c'est un instrument puissant pour parler de choses sérieuses par ailleurs. J’aime les films qui me mettent mal à l’aise et qui me mettent au défi en tant que spectateur. Et puis j'aime bien torturer un peu le public...

Êtes-vous un cinéaste sadique ?
Oui, mais toujours à des fins saines.

Sans aigreur.
Exactement (rires). Rien de personnel.

(Traduit de l'espagnol)

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