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NAMUR 2023

Thomas Bidegain • Réalisateur de Soudain Seuls

"Aujourd’hui, comme par hasard, on se rend compte que les hommes ont été ‘un peu’ incompétents et que l’apport des femmes est salutaire"

par 

- Le scénariste et réalisateur français parle sur son deuxième long comme cinéaste, croisement incarné entre le survival et la love story

Thomas Bidegain  • Réalisateur de Soudain Seuls

Rencontre avec le scénariste et réalisateur français Thomas Bidegain qui a présenté au Festival International du Film Francophone de Namur (FIFF) son deuxième long métrage comme cinéaste, Soudain seuls [+lire aussi :
critique
interview : Thomas Bidegain
fiche film
]
, croisement incarné entre le survival et la love story.

Cineuropa : Comment présenteriez-vous le film en quelques mots ?
Thomas Bidegain :
C’est la fin du monde, et peut-être que l’amour peut nous sauver. Peut-être. Soudain seuls montre un couple qui fait le tour du monde, ils ont envie de voir le monde avant qu’il ne disparaisse, jusqu’à ce que la question de leur propre survie, en plus de celle du monde, ne se pose. J’ai grandi à la montagne, et on y a une vraie humilité face à la nature. Les navigateurs comme les alpinistes ont ça, et c’est l’une des choses que vont apprendre les deux personnages de mon film.

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Quelle est l’étincelle qui a fait naître cette histoire ?
L’envie de faire un film avec deux comédiens, l’idée d’explorer l’intimité. Il n’y a pas beaucoup de films avec si peu de comédiens. Je voulais un film à la fois très intime et très large.

Au lieu d’être dans une maison de campagne pendant le confinement par exemple, ils sont face à l’adversité la plus extrême.
Exactement. Ce qui rend le récit fort, c’est que les enjeux, ce sont la vie, la mort, l’amour. Comme si on avait dépouillé le récit de tout ce qui fait la société. L’idée était de peler les personnages comme des oignons, et d’arriver à leur centre, de la façon la plus juste possible. Se pose en parallèle la question de leur survie, mais aussi de la survie du couple. En écrivant, je ne savais pas quel tour leur vie allait prendre, ce n’est devenu évident qu’à la fin !

Le récit alterne les moments où ils sont seuls ensemble, et ceux où ils sont ensemble mais seuls.
C’était une grande question de mise en scène. A quel moment sont-ils tous les deux dans le cadre, quand les oppose-t-on en champ/ contrechamp, à quels moments on les isole ? Ça illustre l’évolution de leur relation. Et puis c’est un couple qui est dans le doute. Est-ce que c’est encore de l’amour, est-ce que c’est devenu de l’habitude, à quel point sont-ils encore ensemble ? Est-ce que cette situation où ils se retrouvent forcés d’être ensemble reflète un choix conscient, ou un choix par défaut ? Quand on enlève le quotidien, que reste-t-il du couple ? C’est un vrai effet de solitude, et ça met à nu le rapport de force. Le film raconte ça aussi, comment on dépasse le rapport de force, pour trouver une égalité.

Comment avez-vous pensé vos protagonistes, et notamment l’inversion des rapports de genre ?
Ça raconte un peu le monde dans lequel on vit. Aujourd’hui, on vit une situation extrême, et comme par hasard, on se rend compte que les hommes ont été "un peu" incompétents, et que l’apport des femmes pourrait être salutaire. C’est aussi simple que ça. Je voulais que lui soit très enveloppant, qu’il prenne les choses en main, se sente obligé de trouver des solutions, d’avoir des réponses. Le rôle généralement assigné aux hommes. Elle n’a pas forcément confiance en elle, peut-être a-t-elle besoin de se laisser porter, dans un premier temps. Peut-être qu’elle ne sait pas qu’elle est plus forte qu’elle ne le pense. Mais quand tous les deux sont confrontés à la nature, le plus fort n’est pas forcément celui qu’on pense.

Il y a effectivement un troisième personnage, la nature, qui est à la fois l’antagoniste et le protagoniste. Comment l’avez-vous pensé à l’écriture et à la mise en scène ?
C’était important pour nous d’aller tourner loin. Je ne voulais pas de fonds verts, je cherchais des paysages très minéraux, avec peu de végétation. Il fallait une nature hostile. Ce couple qui veut voir le monde avant qu’il disparaisse se confronte soudain à la réalité de cette nature, face à laquelle il faut être humble. Je voulais aussi que ce soit très réaliste. C’est une aventure, mais les rebondissements sont pris en charge par le scénario, à l’image il fallait quelque chose de très réaliste et âpre.

Comment avez-vous marié les deux mouvements du survival et de la love story ?
A l’écriture, il fallait faire en sorte qu’on s’en fasse pour le couple. Où va-t-il ? Est-ce qu’il a encore un sens ? Ben pose cette question : à quoi ça sert de survivre tout seul ? Ça mélange quelque chose d’universel et d’intemporel, l’histoire d’amour, et le planter dans un moment plus actuel, un moment de survie. Le genre, ça sert à ça aussi, raconter notre monde, avec un paravent. En s’adressant aux tripes, et aux sentiments. Ce qui m’intéressait aussi beaucoup, c’est que le couple pré-existe à l’histoire, qu’il a un passé. Il y a beaucoup de films sur des couples qui se rencontrent, sont projetés dans une aventure, qui s’embrasent à la fin du deuxième acte. La grande question quand on est un couple, c’est comment on recommence, comment on se désire à nouveau. Des questions qu’on pourrait se poser de manière un peu banale dans la vie quotidienne. Ici, c’est presque un film du remariage.

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