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France

Daniela Elstner • Directrice générale, Unifrance

"Parler de cinéma aux jeunes de manière ludique"

par 

- Décryptage d’une expérience innovatrice orchestrée par Unifrance, le festival de jeune cinéma européen MyMetaStories, qui débarque dans Minecraft du 13 au 16 octobre

Daniela Elstner  • Directrice générale, Unifrance

Lancé en ligne le 6 octobre, le festival MyMetaStories (lire l’article) débarquera demain pour trois jours dans le métaverse, dans un univers spécialement dédié sur Minecraft (270 millions de joueurs dans le monde). Rencontre avec Daniela Elstner, directrice générale d’Unifrance, l’agence de promotion à l’international du cinéma et de l’audiovisuel français, qui pilote cette expérimentation inédite.

Cineuropa : D’où est venue l’idée de promouvoir le jeune cinéma européen sur Minecraft, dans le métaverse ?
Daniela Elstner : Au départ, il y avait simplement l’idée de transposer MyFrenchFilmFestival dont nous maîtrisons parfaitement les techniques, en un festival de jeune cinéma européen. Mais juste répliquer l’événement nous semblait un peu trop facile et comme nous réfléchissions parallèlement sur le jeune public qui est le public de demain, le métaverse s’est très vite imposé comme un territoire séduisant. Comme il n’était pas question de spéculer avec de l’agent public, ni de payer en bitcoin, et après avoir exploré les possibilités, Minecraft qui est un jeu de construction et un univers rassemblant des joueurs de 8 à 30 ans (dont plus de 30% de filles et dans une palette très large d’univers plus ou moins paisibles) nous est apparu comme un espace idéal. Avec l’aide des bons spécialistes, cette idée s‘est concrétisée peu à peu.

En pratique, à quoi ressemble cette MyMetaStories City ?
Il n’était pas envisageable de juste poser un cinéma dans Minecraft et de dire aux jeunes d’aller voir ce qui s’y passe. Nous avons donc créé des mini-jeux dans l’univers de films mais fortement inspirés par les techniques de jeu de Minecraft. La quête principale est de chercher un acteur qui a disparu d’un tournage, à travers des rencontres avec des membres de l’équipe, du producteur au perchman en passant par le scénariste, la camerawoman, etc. Mais pour jouer, il faut d’abord regarder le film car des indices y sont cachés. On entre donc sur un terrain ludique dont les codes sont habituels pour les joueurs de Minecraft, mais on leur propose ensuite, comme dans n’importe quel cinéma réel, une vraie programmation sur trois jours : les films ont des horaires, on doit prendre un billet, on entre dans la salle, la lumière s‘éteint, on est assis à côté des autres avatars, etc. Et les 13 salles sont habillées dans l’univers des 13 courts métrages au programme (qui sont sous-titrés en six langues). Cependant, nous ferons un test différent le dernier jour puisque les films seront accessibles sans horaire fixe. Nous avons également approché des influenceurs (des streamers renommés de Minecraft comme Aypierre et The Guill84 pour la France, Shadoune666 pour les hispanophones et Nihachu pour les anglophones) afin qu’ils plongent avec leurs communautés dans l'univers de MyMetaStories.

Quels sont vos objectifs pour cette première édition ?
Nous voulons voir si en s’insérant dans les codes de jeunes, cela déclenche une "hype" et l’envie ensuite de voir les longs métrages du festival (les jeux permettent de gagner de packs pour les visionner). À terme, d’ailleurs, nous aimerions aussi faire gagner des tickets pour des séances de cinéma dans le monde réel, mais c’était un peu trop compliqué à mettre en place pour cette première édition car MyMetaStories est un festival mondial. Plus globalement, nous voulons parler de cinéma aux jeunes de manière ludique, qu’ils n’aient pas l’impression que c’est une préconisation d’adultes cinéphiles : leur parler avec leurs mots, avec leurs influenceurs, dans leur monde. Il y avait déjà des salles de cinéma dans le métaverse, mais elles n’avaient pas de contenus à projeter. Notre expérience de salle virtuelle est évidemment aussi conçue pour rappeler l’existence de la salle de cinéma réelle. Elle n’aurait d’ailleurs pas été possible sans le soutien de Europe Creative MEDIA car il y a toujours des réticences quand on veut innover, plonger dans l’inconnu. Avec les données sur les joueurs, leurs pays, leurs âges, etc., nous allons pouvoir analyser ce qui fonctionne. Mais nous misons également sur le côté fan-club et c’est pour cette raison que l’idée de MyMetaStories a été lancée à partir de MyFrenchFilmFestival qui réunit maintenant un très large réseau en attente de cinéma français et européen, de nouveautés, d’échanges.

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