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CINEMED 2023

Christophe Leparc • Directeur, Cinemed

"L’art en général et le cinéma en particulier, restent une fenêtre sur l’espoir"

par 

- Conflits actuels, cinéma catalan au féminin, genèse des films d’auteur et débat sur leur rentabilité : le directeur du Festival Cinéma Méditerranéen de Montpellier s’exprime

Christophe Leparc • Directeur, Cinemed

Pilote depuis neuf ans du Cinemed - Festival Cinéma Méditerranéen de Montpellier, Christophe Leparc (par ailleurs secrétaire général de la Quinzaine des Cinéastes depuis 2008) évoque la 45e édition (lire l’article) qui commence aujourd'hui.

Cineuropa : Cette édition du Cinemed débute dans un contexte de conflit armé dans le bassin méditerranéen. Que vous inspire la situation ?
Christophe Leparc
 : Tout cela nous dépasse mais, depuis la création du Cinemed, notre mission a toujours été de présenter et de donner la parole aux artistes de toute la Méditerranée. Nous avons déjà vécu des conflits comme celui de l’ex-Yougoslavie durant lequel nous avions réuni au Cinemed tous les cinéastes de la région. Nous avons toujours privilégié les œuvres que nous sélectionnons qui sont un reflet du pouls de la Méditerranée et ce dialogue doit se poursuivre. Cette fois, nous ne savons pas si certains sélectionnés pourront venir à Montpellier, mais nous présenterons leurs films et nous trouverons un moyen de leur donner la parole. L’art en général, et le cinéma en particulier, restent une fenêtre sur l’espoir et c’est important de ne pas baisser la garde sur ce point malgré les circonstances et le contexte extrêmement tendu.

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Le cinéma féminin est très valorisé dans votre programme 2023, notamment à travers un zoom sur la nouvelle vague catalane.
Il est très réjouissant de constater que la société évolue et qu’elle évolue à travers le cinéma et à travers l’industrie cinématographique. Depuis quatre ou cinq ans, nous avions remarqué une montée en puissance qualitative des films de réalisatrices catalanes comme Carla Simón, Clara Roquet, Neus Ballús. En enquêtant, nous nous sommes rendus compte qu’à bon nombre de postes de l’élaboration de ces films, de la production à la direction de la photographie en passant par la musique, le scénario, le montage, on trouvait des femmes. Est-ce un mouvement éphémère ou durable ? Spontané ou fruit d’une volonté politique ? Il y a un élément d’optimisme : la société en Catalogne a évolué sur ce point et la place de femmes dans le cinéma s‘est considérablement élargie grâce d’une part à l’accès aux études (notamment à l’université Pompeu de Barcelone) qui a favorisé l’émergence des femmes dans toutes les catégories professionnelles cinématographiques, et d’autre part à une volonté politique des pouvoirs publics catalans avec une certaine discrimination positive (via davantage de points pour accéder aux aides si des femmes sont aux postes-clés de la fabrication des films). Mais cela fonctionne aussi car ces femmes manifestent une grande bienveillance entre elles, et pas du tout une concurrence. C’est pour nous raconter et nous expliquer tout cela que nous avons souhaité les inviter à dialoguer entre elles au Cinemed.

Trois films de la compétition sont passés au stade de projets aux pitchings de Bourse d’aide au développement des Cinemed Meetings. C’est une satisfaction ?
Oui, car cela signifie que cela porte ses fruits, que les projets ont pu se concrétiser. Et au-delà des projets de long de fiction, nous renouvelons aussi cette année le programme Cinemed & Aflamuna/Beirut DC, une collaboration qui nous permet de nous ouvrir aux documentaires. Nous étendons donc notre offre de projets à destination des professionnels, des potentiels partenaires financiers (producteurs ou institutionnels) et leur intérêt semble au rendez-vous puisque cette année ils seront plus de 80 à venir rencontrer les porteurs de projet. Cette mise en relation est devenue une fonction importante de notre festival et nous sommes très heureux d’être à ce point de naissance des films et que cela marche.

Quel est votre point de vue sur la question de la rentabilité de films d’auteurs ?
En France, nous sommes privilégiés sur ce plan car le CNC a été créé sur la volonté de permettre à une très grande diversité de cinéma d’exister grâce à un système de soutien automatique et sélectif en faveur d’œuvres qui n’ont pas forcément vocation à être rentable. C’est ce qui permet à des premiers films de se faire. Justine Triet est un parfait exemple : son premier long, La bataille de Solférino [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
n’était pas forcément un film rentable et à son 4e long, Anatomie d’une chute [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Justine Triet
fiche film
]
, elle gagne une Palme d’or et enregistre près de 1,2 million d’entrées, un succès remarquable. Mais il faut aussi penser à l’avenir et un programme comme France 2030 - La grande fabrique de l’image, conçu pour développer l’industrie de l’audiovisuel, les plateaux de tournage, etc., ce qui est très bien, devrait néanmoins absolument intégrer un volet pour les auteurs et les créateurs de films qui ne seraient pas seulement des contenus à produire. Le volet artistique du cinéma doit être préservé, encouragé, et il faut toujours être vigilant là-dessus : même si c’est une industrie, le cinéma est d’abord un art, ceci dit sans dénigrer du tout le cinéma populaire comme le montre le programme diversifié du Cinemed avec des films pour tous les goûts.

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