email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

BLACK NIGHTS 2023

Mladen Djordjević • Réalisateur de Working Class Goes to Hell

“Je voulais dépeindre le cycle sans fin de la violence et du harcèlement”

par 

- Le réalisateur serbe nous parle de son esthétique, de la difficulté de filmer certains types de scènes ainsi que de sa vision de la société et de la manière dont ses films en rendent compte

Mladen Djordjević  • Réalisateur de Working Class Goes to Hell
(© Promo Content Studio Toronto)

Working Class Goes to Hell [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Mladen Djordjević
fiche film
]
, le nouveau film du Serbe Mladen Djordjević, fait sa première européenne au Festival Black Nights de Tallinn après être passé dans la section Midnight Madness de Toronto. Nous avons interrogé le réalisateur sur son esthétique, sur la difficulté de tourner certains types de scènes, ainsi que sur sa vision de la société et la manière dont ses films en rendent compte.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
lessismore_apply_writers_directors_articles

Cineuropa : En repensant au film, c'est peut-être d’abord les nombreuses scènes de groupe qui viennent à l'esprit. Pouvez-vous me parler un peu plus de celles-ci ?
Mladen Djordjević : Le sentiment que j’ai sur ma réalité immédiate et la société de mon pays dans son ensemble, c’est que c’est un environnement constamment bondé, chaotique et cacophonique. J’utilise les bus nocturnes et j’aime aller dans les pubs pleins à craquer. Quand j’étais petit, notre maison familiale était toujours pleine de réfugiés, donc j’ai toujours eu le sentiment d’être entouré par des foules de gens. C’est que j’ai ce que j’ai amené dans ce film à travers les scènes de groupe.

L'individualité n'est pas un trait caractéristique de la société dans laquelle je vis, mais l'égotisme oui, et parce que la notion d'égotisme ne veut rien dire isolément, ces gens veulent faire partie d'un groupe – pas par amour de leur prochain, mais pour nourrir et revendiquer leur ego.

Ces scènes de groupe ont-elles été difficiles à tourner ?
J’en avais beaucoup dans mes autres films, en particulier The Life and Death of a Porno Gang, où le personnage principal est un groupe, tout comme dans ce film. Pour que ça fonctionne, il est important de beaucoup répéter parce que ça aide les acteurs à se sentir à l'aise, et il y a beaucoup d'acteurs non-professionnels dans ces scènes, parce que leurs visages ajoutent à l'authenticité du film.

La plupart des gens pensent qu'il est difficile de diriger ce genre de scènes, parce qu’ils sont fascinés par les nombreux détails, donc ça semble compliqué, mais il est beaucoup plus dur de diriger des scènes où il n'y a que deux personnes. Ici, le plus compliqué a été les scènes de sexe et les séquences intimes entre Mija [Leon Lučev] et Svetlana [Tamara Krcunović], parce qu'elles étaient nécessaires pour faire contraste avec la brutalité du reste du film, avec la rudesse, la violence, l'obscurité. Elles ont été les plus compliquées à faire, de même que les scènes avec Danica [Lidija Kordić], qui est un personnage très subtil, presque comme un fantôme. Elle ajoute de la subtilité à tout ce brouhaha et ce chaos. Ses scènes au complexe destiné aux travailleurs sont aussi celles qui évoquent le plus le cinéma d'horreur dans le film.

Il y a moins de sang et de violence dans le film qu'on n'en attendrait.
Je voulais qu'il se fonde davantage sur le réel, ne pas rentrer dans une violence trop crue. Il est question ici de violence psychologique, et d'une ambiance de désespoir. C’est un instantané d’une société qui a déjà été violée de nombreuses fois, très brutalement, donc il ne reste plus de violence.

Il est important de dire que mon idée était de ne pas permettre qu’il y ait une catharsis à la fin. Il y a beaucoup de films de vengeance qui se terminent par une catharsis, mais je souhaitais absolument éviter cela, parce que mes personnages ont un parcours compliqué et se rendent compte à la fin que leur force n'est ni en Dieu, ni dans le Diable. Je crois qu’il est beaucoup plus important que les héros arrivent seuls à leur prise de conscience personnelle.

Il n’y a pas de vrais héros dans le film. Quand les personnages sont dans une position de pouvoir, ils deviennent exactement comme ceux qui les persécutent.
Tout à fait. Je voulais dépeindre un cycle de violence et de harcèlement qui n'en finit jamais, un mécanisme inarrêtable où la victime devient le bourreau. Dans un sens, c’est une critique de la révolution. Je ne crois pas que les révolutions, dans une société, se produisent de manière externe : les vraies révolutions surviennent à l’intérieur des gens. Ce que nous appelons "révolution" est un tour de passe-passe, comme un reality show. Les centres du pouvoir existants restent dans leur position gouvernante en se faisant passer pour un autre centre du pouvoir – c’est ce contre quoi je me bats dans tous mes films.

Comment avez-vous choisi vos acteurs et travaillé avec eux ?
Leon Lučev comme Tamara Krcunović ont une capacité incroyable à se transformer, et ils ont tous deux fait preuve d'un dévouement total. Pour les autres personnages, ça a été une longue opération de casting avec mon assistant, Nikola Todorović, et tous les membres de la troupe ont vraiment contribué à la dynamique de groupe. Mais tout reposait sur les répétitions : nous avons beaucoup répété, et cela s'est avéré capital.

La musique créée par le compositeur bulgare Kalin Nikolov est impressionnante. Comment avez-vous travaillé sur cet aspect ?
Nous avons beaucoup travaillé dessus, parce que la bande originale combine en fait la musique et le design sonore d'Alexandru Dumitru. La musique consiste en des éléments simples, mais quand ils sont mis ensemble, c’est très fort et ça contribue énormément à l'atmosphère. J’en suis très content.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy