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ZINEBI 2023

Virginia García del Pino • Réalisatrice de La estafa del amor

“Duper quelqu'un, c'est bête ; il n'y a aucun mérite à cela”

par 

- La réalisatrice nous explique d'où est parti ce documentaire, qui est son premier long-métrage depuis 2015, et confie ce qu'il lui a appris sur l'amour

Virginia García del Pino • Réalisatrice de La estafa del amor
(© Zinebi)

Quelques semaines après la première mondiale de La estafa del amor [+lire aussi :
critique
interview : Virginia García del Pino
fiche film
]
à la Seminci, Virginia García del Pino est à Bilbao pour la projection de ce documentaire fascinant, intime et révélateur à Zinebi, un festival avec lequel elle a une relation très forte. La réalisatrice nous en dit plus sur ce lien et sur son film.

Cineuropa : Quelle est votre relation avec Zinebi, et pourquoi était-il important pour vous de présenter votre film ici ?
Virginia García del Pino :
Cela fait six ans que je viens à Zinebi pour le volet Networking. J'y suis consultante pour les équipes, avant qu'elles ne fassent leurs pitchs. En gros, j’analyse le travail et je leur dis si, de mon point de vue, ça fonctionne ou pas, et comment l’améliorer. Je le fais autant avec les documentaires espagnols que les travaux basques. Je rencontre toute l’équipe, ça devient une autre famille.

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Je n'avais pas fait de long-métrage depuis 2015, et un long-métrage impressionne toujours beaucoup plus, d'autant que comme vous le savez, les documentaires ont encore du mal à fonctionner en salle, Ça me fait donc plaisir de le voir sur grand écran, et au-delà de ça, c’est un documentaire qui a été tourné dans une salle de cinéma, de sorte que c’était encore plus important. C’est comme revendiquer ce qui se passe dans les salles.

Comment avez-vous eu connaissance de l’histoire qui constitue le germe du film ?
Elle a été couverte par tous les médias. Elle a été assez virale, parce que c’était la première fois qu’un escroc de l’amour montrait son visage, qu'il donnait des interviews. Personne ne se montre, dans ces cas-là, parce que ça gacherait la supercherie. Si vous êtes identifiable, qui diable allez-vous pouvoir tromper ? N’importe quelle femme va savoir qui vous êtes.

Mais si l'escroc a été aussi présent dans les médias, pourquoi n’apparaît-il pas dans le film ? Est-ce vous qui en avez décidé ainsi ?
Oui. Au départ, il devait apparaître, mais le film est comme une sorte de révision d’un scénario que j’avais écrit pour autre chose. Dans le scénario que je lis dans le film, avec le producteur, là, oui, il apparaissait. J'ai d'ailleurs tourné une partie de ce scénario, notamment une scène avec son avocat où nous parlons bel et bien de la possibilité qu’il apparaisse dans le film. Après, ce qui m’intéressait le plus n’était de me concentrer sur l’escroc. Je pense que les escrocs de l’amour se croient très intelligents, mais ce n’est pas le cas. Tromper quelqu’un, c'est tout bête, on n’a aucun mérite. C’est d'une imbécillité monumentale.

Comment avez-vous choisi votre "public" dans le film ?
En fait, ça s’est passé à la Cinémathèque Matadero [à Madrid] : on m’a proposé de donner un atelier sur le cinéma et j’avais ce scénario que j’avais écrit, que j’allais en principe tourner tel quel, mais en réalité, ce n'est pas ce que je voulais. J’avais commencé à tourner trois séquences, mais je trouvais le projet follement ennuyeux. Je trouvais ça très peu riche en émotions, de devoir filmer ça. Personnellement, ce qui fait monter mon adrénaline, ce qui m’amuse dans un tournage, c’est précisément de savoir que n’importe quoi peut mal tourner. C'est pour ça que j’aime le documentaire, parce que tout peut se retrouver sens dessus dessous. C’est très riche en émotions et ça génère une tension. Les films qui ont quelque chose qui m’intéresse sont ceux qui prennent des risques, et ça se voit. Pour moi, l'important est de produire des choses qui n’ont pas encore été vues, des situations qui sont inconfortables, qui différent du déjà vu.

Le public s’amuse bien pendant le film. Dites-vous bien que ces gens revenaient, sans qu'aucun contrat n'ait été signé. Ils ont été choisi au hasard : ce sont des gens qui s'étaient inscrits à un atelier sur l’amour. Je leur ai dit : "La seule condition pour participer à cet atelier, c'est que vous donniez votre accord pour apparaître dans un film. Vous allez assister à un tournage en direct, mais on va aussi apprendre des choses sur l’amour". Le défi était de faire en sorte qu’ils s’amusent bien pour qu’ils reviennent, parce qu’ils pourraient très bien ne pas être revenus.

Qu'avez-vous appris sur l’amour grâce au film ?
En gros, qu’on n'a pas besoin de mourir ni de tuer par amour. Tout ce qu’on nous a raconté dans la plupart des récits existants, tant dans le champ de la musique qu'au cinéma et dans toute la littérature romantique, a généré beaucoup de souffrance et beaucoup de morts. On peut tomber amoureux d’une autre manière. J'ai aussi appris que sans amour, on ne peut pas vivre. L’amour fait partie de la condition humaine.

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(Traduit de l'espagnol)

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