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BLACK NIGHTS 2023 Compétition Premiers films

Miguel Faus • Réalisateur de The Quiet Maid

“J'espère que tout le monde est plus que son travail”

par 

- Nous avons discuté avec le réalisateur espagnol de son premier long-métrage, dont l'héroïne est une bonne qui se retrouve coincée dans une luxueuse villa avec ses employeurs

Miguel Faus  • Réalisateur de The Quiet Maid
(© Albert Masferrer)

C'est un été cruel dans Calladita [+lire aussi :
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interview : Miguel Faus
fiche film
]
, comme va le découvrir Ana (Paula Grimaldo). Coincée dans une villa luxueuse avec ses employeurs (Ariadna Gil et Luis Bermejo), elle travaille constamment alors que tout le monde profite de ses vacances. Le bon côté ? Ils tendent à négliger de protéger leurs secrets. Ce film de Miguel Faus est en compétition dans la section Premiers Films du Tallinn Black Nights Film Festival.

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La manière dont vous avez tourné ce film convient bien à ce décor opulent. C'est superbe.
Miguel Faus :
Il était très important qu’on le vive comme un film d’été. C’est à ce moment-là que tous les contrastes et discordances entre les domestiques et les familles riches sont encore plus visibles. Toutes les vraies personnes exerçant ce métier que j’ai interrogées m’ont dit que l’été est la période la plus difficile. On travaille 24/7 et les habitants de la maison sont toujours là.

Avec mon chef opérateur Antonio Galisteo, nous voulions que le spectateur ressente la chaleur extrême de cet été espagnol, qui rend toutes ces tensions encore plus tangibles, mais les images sursaturées servent aussi à exprimer une certaine fausseté. Elles soulignent le vide de ce décor riche et m'as-tu-vu. Il fait artificiel, parce que c’est comme ça que sont ces gens.

Pourquoi avez-vous décidé d’interroger tous ces gens qui travaillent comme domestiques ?
Je voulais comprendre leur perspective. Quand je travaillais sur mon court-métrage Calladita [réalisé en 2020], au début, je trouvais intéressant de développer une satire sur ce monde affluent, et puis je me suis rendu compte qu'un domestique serait un personnage principal parfait pour ce genre d'histoire. Observer tout cela à travers leur regard offrait un point de vue unique. Je voulais comprendre Ana du mieux possible.

Vous lui donnez aussi des moments de liberté, qui révèlent sa personnalité. Elle est clairement beaucoup plus que son travail.
J’espère que tout le monde est plus que son travail ! Je pense que pour Ana, il y a deux niveaux de liberté dans le film. Dans la première moitié, quand le couple est encore à la maison, ces moments de liberté sont rares. Elle sort avec son amie, oui, mais en secret. Plus tard, quand ils partent, cette grande maison devient son espace.

On pourrait dire qu'il la traite bien, mais ça fait peur de voir comme ces situations peuvent facilement échapper à tout contrôle.
Une chose qui m’intéressait vraiment était toutes les nuances de différentes interactions sociales. On ne se rend même pas compte de la perversité qui les habite parfois. La politesse peut cacher beaucoup de choses.

Il y a un autre niveau dans le film : le racisme. Les employeurs d’Ana la regardent de haut, la qualifient de "latina".
En espagnol, ce mot est encore pire. Le racisme est un problème majeur dans notre société. Je pense qu'environ 70 % des domestiques en Espagne sont des étrangers, pour la plupart latino-américains. Quand je leur parlais, nous avons discuté de cela aussi. Ils ont fait l’expérience de beaucoup de facettes du racisme. Très souvent, c'est encore plus perturbant que ce que je montre dans le film : il y a des employeurs qui confisquent leurs passeports et qui ne leur donnent même pas leur propre chambre. Ceci étant dit, j’aime quand le cinéma offre un peu d’espoir. Au lieu de montrer ce à quoi ressemble vraiment le monde, je préfère montrer ce à quoi il devrait ressembler.

Ana ne dit pas grand-chose, mais elle peut s’exprimer par un seul regard de défiance. C’est sa manière à elle de dire "assez !". A-t-il été difficile de trouver quelqu’un qui puisse communiquer tout cela ?
Ça n’a pas été difficile, mais ça aurait dû l'être ! Paula Grimaldo est incroyable dans le film. C'est la première comédienne que j’ai vue pour ce rôle quand je faisais le casting pour le court-métrage. Je n’ai jamais douté du fait que c'était elle qui devait être au centre du long-métrage aussi. C’est une personne forte, on ne se fait pas trop de souci pour elle. C’est pour cela qu’il était important de "réduire" sa force au début, afin de montrer sa progression. Je voulais m’assurer qu'entre le début et la fin du film, Ana s'épanouirait pleinement.

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(Traduit de l'anglais)

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