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France

Thomas Rosso • Coordinateur général, Semaine de la Critique

"C’est un cercle vertueux car ces cinéastes viennent avec des projets qui ont un vrai potentiel"

par 

- Le coordinateur général de la Semaine de la Critique du Festival de Cannes esquisse un bilan du dynamisme du programme Next Step qui vient de vivre sa 10e édition

Thomas Rosso • Coordinateur général, Semaine de la Critique
(© Aurelie Lamachère)

88 projets de premiers longs en dix éditions et une présence croissante dans les vitrines des plus grands festivals internationaux : l’empreinte du programme Next Step est de plus en plus nette. Coordinateur général de la Semaine de la Critique du Festival de Cannes depuis juin 2020 et pilote de Next Step, Thomas Rosso explique les secrets de cette réussite, au croisement du passé et de l’avenir (lire l’article la dernière promotion).

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Cineuropa : Quel est le bilan de Next Step au terme de dix éditions?
Thomas Rosso : Next Step est né de l’idée que le soutien aux cinéastes sélectionnés avec leurs courts métrages à la Semaine de la Critique ne devait pas s‘arrêter à la projection cannoise, mais se prolonger vers le long métrage. D’abord pour renforcer la mission de découverte-accompagnement des jeunes talents, mais aussi pour créer une ambiance d’entraide entre cinéastes. Car la Semaine de la Critique, c’est un peu une famille, la petite soeur de la Sélection Officielle mais aussi un endroit où l’on accueille avec humanité et avec attention les cinéastes dans le grand "bazar" cannois qui est aussi formidable qu’impressionnant. Next Step prolonge et déploie cet esprit. Et l’on se rend compte que cela marche vraiment bien puisque quatre films développés à Next Step ont été présentés à Cannes l’an dernier : How to Have Sex [+lire aussi :
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de Molly Manning Walker (prix Un Certain Regard 2023), Les Colons [+lire aussi :
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de Felipe Gálvez et Levante [+lire aussi :
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de Lillah Halla (qui ont gagné les prix FIPRESCI Un Certain Regard et des sections parallèles), et Omar la fraise [+lire aussi :
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d’Elias Belkeddar. Quatre films qui démontrent une grande diversité, très loin de la standardisation qu’on peut imaginer des "labs" et des ateliers. Une variété qui est très riche artistiquement et très porteuse sur le plan de l’industrie.

C’est aussi le reflet de la très forte idée de Next Step depuis le départ : moins sélectionner des projets que des cinéastes et disposer d’un atelier où l’accompagnement fait du sur-mesure en fonction des besoins de chacun. Les courts métrages sélectionnés à la Semaine de la Critique sont très divers, dans leurs thèmes, leurs origines géographiques, leurs genres, avec des cinéastes très jeunes et d’autres beaucoup plus expérimentés : ils ont tous besoin qu’on les suive et il y a un effet d’émulation entre eux qui se produit pendant cette semaine d’atelier en décembre au Moulin d’Andé et à Paris. Par ailleurs, les cinéastes viennent à Next Step quand ils sont prêts : certains arrivent six mois après Cannes, mais d’autres ont déjà attendu deux ou trois ans le temps d’avoir un projet de long suffisamment solide pour le présenter à des consultants et lors de la journée industrie où environ 80 professionnels français sont présents. Une journée très appréciée car les projets sont à des niveaux d’avancement très divers. Certains sont en début de développement avec des traitements, ce qui permet aux producteurs d’entrer très tôt sur les projets et d’avoir déjà un regard en développement pur. Et cela, c’est assez rare dans les "labs" et les autres ateliers où les projets sont souvent plus avancés. À l’inverse, nous avons également de projets qui ont déjà des coproducteurs et qui cherchent des compléments de financement, des vendeurs ou des distributeurs.

Quelles améliorations avez-vous constatées au fil des ans ?
Au bout de dix ans, l’atelier arrive à maturité. On sait bien que les longs métrages mettent du temps à se faire et nous avons trouvé notre rythme de croisière. En 2022, six ou sept films Next Step sont sortis, l’an dernier aussi et on en retrouvera probablement le même nombre en vitrine des grands festivals internationaux en 2024. Nous avons un taux de réalisation de deux tiers, c’est énorme et je pense qu’il y a assez peu de programmes qui sont à ce niveau, même si c’est assez logique car les profils sont sur-sélectionnés : il faut déjà être sélectionné en court métrage à la Semaine de la Critique (10 films retenus sur 2000 reçus) et ensuite passer le filtre Next Step. D’ailleurs, maintenant, certains cinéastes et producteurs choisissent sans doute la Semaine avec leurs courts métrages aussi à cause de Next Step. C’est un cercle vertueux car ces cinéastes viennent avec des projets qui ont un vrai potentiel. Un désir s‘est créé autour de cet atelier qui a beaucoup de succès et de visibilité, et que nous essayons de développer. Nous avons ainsi créé Next Step Volume 2 (lire l’article) où il n’y a pas que des projet de premiers longs, mais aussi des projets de second longs. Cela permet aux générations de se croiser et ces niveaux d’expérience divers génèrent beaucoup d’énergie, d’échanges et un effet d’entrainement très fort. Et nous avons d’autres idées pour développer encore Next Step et accueillir davantage de cinéastes, notamment à travers de partenariats comme celui que nous avons avec les Mexicains de Morelia.

43% de femmes sur l’ensemble des participants Next Step en dix éditions, c’est quasiment la parité.
On s’en rapproche de plus en plus. C’est un mouvement général et comme à la Semaine de la Critique, nous sélectionnons de jeunes cinéastes, c’est la nouvelle génération et ce qui est sûr, c’est que cette nouvelle génération est plus paritaire que l’ancienne. Il y a un mouvement de fond depuis les années 2000 et nous sommes simplement le réceptacle de cela : nous n’avons pas de quotas. On voit bien que les filles font de plus en plus de film, avec de plus en plus de moyens et que petit à petit, c’est en train de bouger, doucement mais fortement. La dernière promotion de Next Step est d’ailleurs totalement paritaire.

Quels films Next Step devraient être prêts cette année ?
Arcadia du Grec Yorgos Zois, Ebba de la Finno-Suédoise Johanna Pyykkö, Come Back des Belges Jan et Raf Roosens et Some Rain Must Fall du Chinois Qiu Yang. Sont aussi en tournage ou sur le point de tourner Cora de la Grecque Evi Kalogiropoulou et Forastera de l’Espagnole Lucía Aleñar Iglesias. Le documentaire Michelle Remembers de l’Australienne Pia Borg est en montage et le film d’animation How the Dead Live du Britannique Joseph Pierce est en fabrication. L’avenir s’annonce prometteur.

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