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SUNDANCE 2024 Premieres

Nora Fingscheidt • Réalisatrice de The Outrun

“Ça devient une responsabilité énorme, de faire un film sur la vie d'une vraie personne"

par 

- La réalisatrice allemande nous parle du travail d'adaptation qu'elle a fait pour son nouveau film et de sa collaboration avec l'actrice Saoirse Ronan

Nora Fingscheidt • Réalisatrice de The Outrun
(© Sundance Institute/Philip Leutert)

En tant que femmes, nous sommes pas parfaites, pas plus que comme individus en général, mais ce qui nous sauve, c'est l'empathie que nous sentons pour les autres et nous-mêmes. The Outrun [+lire aussi :
critique
interview : Nora Fingscheidt
fiche film
]
, adaptation par Nora Fingscheidt des mémoires d'Amy Liptrot, transmet cela. On y suit Rona, jouée par Saoirse Ronan, autour de ses 30 ans, alors qu'elle essaie encore de guérir après un passé difficile, dans les îles Orcades, en Écosse. Nous avons eu l’occasion d’interviewer la réalisatrice sur son nouveau film ainsi que sur sa collaboration avec Ronan, qui fait aussi avec ce film ses premiers pas comme productrice. Le film a été projeté à Sundance, dans la section Premieres.

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Cinema Femme : Pouvez-vous nous parler du travail d'adaptation, et de votre collaboration avec Amy [Liptrot] ainsi que Saoirse [Ronan] ?
Nora Fingscheidt :
Nous avons travaillé en collaboration très étroite tout du long, du tout début à la fin. Je leur ai pitché ma vision du film après avoir lu le livre, parce que le livre est plutôt difficile à adapter : il décrit des choses très intérieures, comme un journal intime. Il a la qualité d'être dans sa tête, de se souvenir de ce qui s’est passé. On est aussi dans sa tête tandis qu'elle observe les choses, digère ce qu'elle a vécu, et tente de renouer avec cet endroit qu’elle avait voulu fuir. À présent, elle revient et arrive à entamer un chemin de guérison. Je me suis dit que nous avions besoin d’ajouter un niveau dans le récit qui représente la vie intérieure d'Amy, car elle est très riche, pleine d'associations d'idées géniales et de poésie.

J’aime vraiment cette approche. J’ai demandé si on pouvait trouver un nouveau nom pour le personnage, afin de créer une saine distance pour chacune de nous, pour des raisons différentes. Nous nous sommes parlé sur Zoom avant de débuter le travail d’adaptation, et Amy a suggéré le nom de Rona, qui est une île écossaise. L'idée nous a plu, à Saoirse et moi, aussi parce que Rona ressemble à Ronan, qui signifie "petit phoque", or les phoques jouent un rôle assez important dans le film. Et puis c’est une sorte d'anagramme de "Nora".

Donc nous avons trouvé ce nom grâce à Amy, après quoi a commencé une phase très solitaire de plusieurs semaines en compagnie du livre. J’ai parcouru le livre, et usé d'un code couleur pour en distinguer les différents aspects : son enfance, l’adolescence, Londres, le niveau du son, les observations sur le son, sur la nature, le folklore des Orcades. Quand j’ai eu fini, j'ai tout parcouru de nouveau et consigné par écrit quels moments devaient selon moi figurer dans le film. Je me retrouvée avec différentes piles, des fiches et des couleurs. Ensuite, j'ai passé deux jours à tout arranger dans un ordre qui pouvait, à mes yeux, faire un film. À partir de là, j’ai écrit un traitement et je l’ai envoyé à Amy et Saoirse, après quoi nous avons commencé à travailler ensemble. C'est moi qui écrivais, mais elles lisaient et me faisaient des retours.

Amy et moi avons passé des heures sur Zoom à tout travailler, parce qu'il fallait fictionnaliser l'ensemble, créer une dramaturgie, laisser certains éléments de côté. Je voulais qu'Amy participe à cela autant que possible. Ça devient une responsabilité énorme, de faire un film sur la vie d’une vraie personne.

Pouvez-vous me parler du son dans le film ? J’ai lu que vous essayiez d’intégrer quelque chose d’acoustique dans le film. J'aimerais beaucoup en savoir davantage là-dessus, et sur votre travail avec les compositeurs John Gürtler et Jan Miserre.
John et Jan ont été nos ingé son et nos compositeurs. Nous avons tous fait nos études de cinéma ensemble. Au fil des ans, nous avons collaboré sur de nombreux projets différents, et le grand avantage, au-delà de la confiance qu'il y a entre nous, c'est que nous comprenons tous l'importance d'une approche intéressante du son et de la musique. Généralement, nous partons de rien : dès la minute où j’ai une première version du scénario, ils le lisent, on se parle sur Zoom et on élabore une approche pour le son du film. Parce que le cinéma, c'est des images et du son, à 50/50. Si on veut créer une expérience immersive, il n’y a pas d’autre manière de s’y prendre. Ainsi, nous nous sommes inspirés des bruits de la nature et nous avons voulu les faire se heurter aux bruits de la ville. Parfois, nous voulions qu'ils se fondent les uns dans les autres, et qu'ils évoluent selon les mouvements de l'âme de Rona. Quand elle est vraiment dans le chaos, le son est vraiment chaotique, comme s'il se brisait ou qu'il était distordu. Quand on est ivre, on n'a pas la même perception des choses, on voit la réalité très différemment. Votre cerveau mélange tout, donc les dialogues deviennent embrouillés. Les bruits de la nature sont vraiment intenses quand on est sur une falaise et qu'on entend les orques. Les tempêtes enveloppent tout. Les musiques du film utilisent aussi des sons naturels. Nous avons beaucoup travaillé avec de vieux instruments traditionnels des Orcades et nous avons tout fusionné ensemble. On a marié nos musiques et le design sonore.

Cliquer ici pour lire l’interview dans son intégralité.

En collaboration avec

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(Traduit de l'anglais)

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