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IFFR 2024 Bright Future

Ishan Shukla • Réalisateur de Schirkoa: In Lies We Trust

“Je voulais pouvoir parler de politique et de spiritualité de manière très ouverte, sans viser personne”

par 

- Le réalisateur indien détaille pour nous son exubérant film d'animation dystopique, non sans évoquer également ses références culturelles

Ishan Shukla • Réalisateur de Schirkoa: In Lies We Trust
(© Prakash Tilokani)

Le réalisateur indien Ishan Shukla a présenté son premier long-métrage d’animation, Schirkoa: In Lies We Trust [+lire aussi :
critique
interview : Ishan Shukla
fiche film
]
, dans le cadre de la compétition Bright Future de l’édition de cette année de l’IFFR. Ce drame social avec ses éléments empruntés au fantastique s’inspire du court-métrage du même nom du réalisateur. Nous avons évoqué avec le cinéaste ses influences culturelles et les conditions de production du film.

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Cineuropa : Vous mêlez tellement de cultures dans votre film. Comment vous y êtes-vous pris et quelle était votre intention ?
Ishan Shukla : Depuis ma plus tendre enfance, je me suis toujours intéressé aux différents genres de bandes dessinées et à la littérature du monde entier. J’ai commencé par Gorky, Tolstoy et d’autres œuvres littéraires du Moyen-Orient. Ce sont les bases de mon éducation, sans oublier les textes sacrés indiens. En grandissant, j’ai voyagé et je me suis fait des amis partout dans le monde. J’ai travaillé dans le sud de l’Inde plusieurs années. Je me suis habitué à différentes cultures. J’ai compris que si notre apparence était parfois différente, nos problèmes et nos conflits étaient plutôt semblables. Je voulais créer un univers parallèle dans lequel je pourrais reproduire non pas une, mais de nombreuses cultures dans une seule ville. Je voulais pouvoir parler de politique et de spiritualité de manière très ouverte, sans viser personne. Je voulais être sûr d’évoquer les conflits humains, et non des conflits culturels en particulier. Mon équipe, dont les origines étaient diverses, m’a beaucoup aidé dans cette démarche. J’étais effectivement entouré de personnes venues des quatre coins du monde. 

L’un des personnages affirme que les conflits humains ont tendance à se répéter, et que les sociétés n’échapperont jamais au totalitarisme. C’est une idée très pessimiste.
Je ne peux qu’être d’accord avec ça. Il y a eu un moment où cette réplique ne figurait pas dans le film. En 2015 ou 2016, j’ai rédigé une première ébauche de l’histoire ; or le monde a véritablement changé ces dix dernières années. Et plus je regardais autour de moi, plus mon point de vue devenait pessimiste. Nous nous battons tous, nous faisons tous de notre mieux pour vivre dans une société parfaite, mais nous supprimons aussi beaucoup de choses, et nous créons des sociétés contraintes. Je l’ai moi-même observé. Je l’ai vu en Inde, à Hong Kong. J’ai vu ce qui se passe à Taïwan et au Moyen-Orient. C’est ce qui se passe depuis toujours en Afrique. C’est ce qui se produit depuis la nuit des temps.

L’un des héros est 197A. Quels ont été les aspects les plus importants de sa personnalité ?
Au départ, 197A était censé me représenter. C’est comme cela que je l’avais pensé pour le court-métrage. Mais c’est lorsque le scénario s’est étoffé que j’ai approfondi son côté féminin, que l’on perçoit très bien dans la seconde moitié du film. Pour atteindre le rang de divinité, il était indispensable que sa part de masculinité et de féminité s’équilibre. Cela fait référence à ce que nous appelons Ardh Nareshwar en sanscrit, qui désigne une personne mi-homme, mi-femme. Cela a eu un effet sur le design. Initialement, il avait une barbe et arborait des attributs plus masculins. Puis, je l’ai équilibré un peu plus. Sa conception s’est faite en trois étapes. Il a commencé par être un garçon simple, modeste, puis j’ai trouvé un équilibre entre sa part de masculinité et de féminité et enfin, il y a eu son éveil pour devenir un être spirituel.

Comme pour votre court-métrage, vous êtes entourés d’acteurs incroyables pour le doublage de votre long-métrage. Cela a-t-il été difficile ?
J’ai commencé à promouvoir mon film dans différents marchés cinématographiques où j’ai rencontré ma coproductrice française. Elle vient de l’univers du cinéma, et non de celui du film d’animation. C‘est elle qui a montré la plus grande ouverture d’esprit envers la distribution. Le film est un point de convergence pour les professionnels des quatre coins du monde, et c’est la même chose pour les acteurs de doublage. Leur réaction a été fantastique. Nous avons rencontré la plupart d’entre eux lors d’appels en visio. Nous avons effectué de merveilleuses répétitions au cours de la pandémie. Nous avons effectué des lectures du scénario et nombreux sont ceux qui ont improvisé leurs répliques. Ce fut une expérience incroyable.

Avez-vous réalisé l’ensemble des animations dans votre studio ou en avez-vous exporté certaines parties ?
C’est un film hybride. Dans mon studio, j’avais le cœur de mon équipe, et nous avons géré l’aspect créatif, le storyboard, la conception et le montage. Une grande partie du travail d’animation des personnages, qui demandent une armée d’experts, a été réalisé dans un autre studio à New Delhi. Et il y a eu également l’aspect motion-capture. Celui-ci a été réalisé par de véritables acteurs sous ma direction.

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(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

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