email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

BERLINALE 2024 Compétition

Piero Messina • Réalisateur de Another End

“Gael et Renate ensemble sur le plateau, c'était comme quand le vent entre et déplace les choses”

par 

- BERLINALE 2024 : Le réalisateur italien nous raconte quelques étapes de la fabrication de son deuxième long-métrage, qui se présente comme un drame sentimental dystopique

Piero Messina • Réalisateur de Another End
(© Dario Caruso/Cineuropa)

Nous avons rencontré le réalisateur italien Piero Messina. Son deuxième long-métrage, Another End [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Piero Messina
fiche film
]
, en compétition à la 74e Berlinale, a pour acteurs principaux Renate Reinsve et Gael García Bernal. Messina nous a raconté différents aspects de l'élaboration du film, en s’arrêtant en particulier sur l’écriture et l’interprétation.

Cineuropa : Comment s'est passée l'écriture de ce scénario à huit mains et comment a-t-il changé au fil des ans par rapport à l’idée originelle ?
Piero Messina :
Beaucoup, ça s'est fait très naturellement. Quand j’ai lu le sujet, il y a des années, j’avais trouvé très fascinante l’idée de pouvoir transférer la mémoire d’un défunt dans un corps "hôte". Le scénario ne parlait pas encore de thérapie du deuil, mais d'une technologie qui promettait l'éternité… Je me suis dit tout de suite que ce serait beau, de prendre ça comme point de départ et de le nicher dans une histoire d’amour, d’exploiter cet expédient à l’intérieur d’un récit qui soit somme toute un mélodrame, qui parle de la séparation de deux personnes. J’ai d’abord travaillé avec les jeunes qui ont écrit le sujet, Valentina Gaddi et Sebastiano Melloni, et plus avec mon scénariste, Giacomo Bendotti. Lors d'une deuxième phase, plus longue, nous avons retransformé le film pour l’amener à être ce qu’il est aujourd’hui. La question que nous nous sommes toujours posée en écrivant était : "Qu’est-ce qu'on aime quand on aime quelqu’un ? Est-ce qu'on aime les mots, est-ce qu'on aime ce qu'on pense savoir de cette personne ou est-ce qu’il y a aussi une dimension physique, la présence, le plaisir d’être ensemble ?

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Quel type de suggestions ou indications avez-vous partagé avec Renate Reinsve pour l’aider à interpréter de manière crédible ce corps "hôte" d’une personne défunte, ainsi que son personnage en dehors de la simulation ?
Déjà, je voulais préciser que j’ai choisi comme comédiens Renate et Gael, parce que j’avais en main un scénario avec un gros potentiel de science-fiction, et ce n’était pas ça mon objectif. J’ai décidé en tant que réalisateur que tout mon travail allait être de combattre ce potentiel cinéma de genre qu'avait le projet en faisant des choix "contre". Ainsi j’ai choisi des acteurs qui sont, pour moi, non seulement extraordinaires, mais aussi "asymétriques", c'est-à-dire qu'ils portent à l’écran, tout en restant fidèles au texte, quelque chose d’inattendu, de vital. Gael et Renate ensemble sur le plateau, c'était comme quand le vent entre et déplace les choses. Ils sont toujours vivants, connectés avec les émotions. Ce "désordre vivant" allait naturellement fonctionner contre la symétrie fatale que ce film portait en lui (un film froid, avec un contexte de science-fiction qui devait absolument rester en toile de fond). J’avais besoin d’acteurs romantiques pour lesquels on puisse sentir de l’empathie.

La bande originale est variée et bien en phase avec l’humeur du récit. Comment avez-vous travaillé avec le compositeur Bruno Malanga?
Comme j’ai une approche rythmique de la mise en scène, ça débouche souvent sur des idées musicales. Souvent, je tourne avec la musique qui sera dans la scène. Par rapport à son travail sur la bande originale, Bruno a été très libre. J'ai écrit certaines des chansons, dont celle du générique de fin. La chanson en question est née de la scène où Renate danse.

Il y a quelques moments émotionnellement paroxystiques qui sont interrompus brusquement. Était-ce un choix d’écriture ou de montage ? Un choix de montage. Par exemple, quand il commence à retomber amoureux et qu’on le voit se disputer avec elle et de nouveau l’étreindre, la monteuse Paola Freddi a essayé de "déchirer", littéralement, la scène. C’est une idée qu’elle a eue et je dois dire que quand j’ai vu le résultat, j’ai senti d'un coup une forte déconnexion et je me suis rendu compte que c’était justement ce que vit le personnage.

Le film contient énormément de renvois et de clins d'oeil au cinéma de science-fiction. Quelles ont été vos références ?
Tout ce qui m'émeut en tant que spectateur, je le retrouve toujours comme narrateur. [..] Je peux vous dire comment j’ai travaillé : je n’ai donné aucune indication à mes collaborateurs quant au genre de SF que nous étions en train de faire. J'ai dit : "Je sais seulement ce qui peut rester dans ce film, et ce qui ne peut pas y rester". Nous avons accumulé énormément de matériel et puis ce travail de sélection exclusivement émotionnel a créé un monde unique, qui n’est évidemment pas cohérent et reprend d'autres films. Her de Spike Jonze, par exemple, est un film que j’ai bien aimé, mais je ne l'ai pas cité consciemment. Le seul que j’avais consciemment en tête était La Jetée de Chris Marker, en particulier la scène du réveil.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'italien)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy