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BERLINALE 2024 Generation

Soleen Yusef • Réalisatrice de Winners

“Les enfants devraient pouvoir parler dans leur propre langage et raconter leurs propres histoires”

par 

- BERLINALE 2024 : Dans ce film pour enfants, la scénariste et réalisatrice germano-kurde s'intéresse au pouvoir unificateur du football

Soleen Yusef • Réalisatrice de Winners
(© Leo Lokai)

La scénariste-réalisatrice kurde-allemande Soleen Yusef a présenté le film pour enfants Winners [+lire aussi :
interview : Soleen Yusef
fiche film
]
à Berlin. Ce film dramatique, dont l'héroïne est une jeune Kurde qui fuit la Syrie avec sa famille pour aller vivre en sécurité en Allemagne, a fait l'ouverture de la section Generation. Nous avons interrogé la réalisatrice sur ce qui lui a inspiré cette histoire et sur ses jeunes personnages.

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Cineuropa : Pourquoi avez-vous choisi le football comme motif central ?
Soleen Yusef :
Parce que j'ai moi-même fait du football. Le film raconte mon histoire et celle de mon entraîneur. Pour la rendre plus accessible pour les enfants, je l'ai transposée à aujourd'hui. En parlant leur langage, on peut raconter une histoire plus authentique sur la vie aujourd'hui. Pour moi à l'époque, comme pour mon personnage, le football a été une porte d'entrée pour arriver en Allemagne, me faire des amis et avoir ma place dans l'équipe. De plus, le football est une métaphore de la vie : on se bat et on apprend à ne jamais abandonner. Et on se rend compte qu'on peut gagner, même si on fait partie des losers de la société.

Pourquoi était-ce important pour vous de faire ce film ?
Ce film est un hommage à mon entraîneur, et aux filles qu'on voit dans le film, à l'école, à mes parents et à mes frères et soeurs. Il me rappelle le temps où moi-même je suis arrivée dans un pays étranger et le moment où je me suis rendu compte que l'Allemagne allait être mon nouveau chez moi.

Comment avez-vous trouvé les jeunes qui jouent dans le film ?
Nous y avons travaillé longuement, près d'un an et demi. Nous les avons recherchés en faisant de vastes auditions en ligne, mais nous avons aussi fait l'effort d'aller vers les jeunes moins susceptibles d'être en contact avec le monde du cinéma, en visitant des clubs sportifs, par exemple. Nous avons aussi fait beaucoup des activités en ligne que pratiquent les jeunes.

Il y avait beaucoup de candidats. Nous avons essayé différentes combinaisons avant d'assembler notre troupe chorale. Nous avons essayé de donner leur chance à tous les enfants. Dans certains cas, j'ai changé les personnages pour qu'ils correspondent aux jeunes que je trouvais formidables, et intégré leur milieu dans le scénario. Il était important pour moi qu'ils soient aussi autbentiques que possible. Les enfants devaient pouvoir s'exprimer dans leur propre langage et raconter leurs propres histoires. Aucun n'avait jamais joué avant : on les a formés à l'interprétation et au football. Ça a été un vrai défi, mais on s'est amusés.

Que vouliez-vous exprimer à travers les flashbacks ?
Je voulais montrer qu'il y avait un monde où elle se sentait bien. C'est une gamine qui ne veut pas partir, pas plus que ses parents, parce qu'ils adorent leur pays, mais ils sont forcés de fuir. L'endroit où elle vit est beau. Ils y ont une communauté, une maison et un jardin. Même si ce n'est pas l'Allemagne, c'est un lieu où cette famille se sent bien, dont elle finit par être arrachée. Je ne voulais pas de clichés. Les garçons et les filles jouent souvent au football ensemble dans la rue ; il n'y a pas de séparation entre les sexes, pas plus qu'au sein de leur foyer. Je voulais aussi éviter le genre d'images de zones de guerre qu'on voit tout le temps. Il y a de la vie, là-bas, et des familles, et de l'amour. Ce pays n'est pas fait uniquement de décombres, et il manque beaucoup à mon personnage principal.

Qu'est-ce que vous avez privilégié en concevant les flashbacks ?
Le soleil brille différemment là-bas ; il est vif et chaud, plus vif qu'en Allemagne. Je voulais montrer ce contraste. Les couleurs aussi sont vraiment celles qu'on a là-bas. Nous les avons rendues de manière à bien établir que leur pays leur manque, qu'il évoque de beaux souvenirs. Les flashbacks devaient évoquer un album photo. Ce sont des souvenirs tellement formidables dans sa tête et dans son coeur que ces images sont naturellement embellies, et toujours racontées selon sa perspective.

Y a-t-il des films jeunesse en particulier qui vous ont inspirée ?
À vrai dire, ce film est, pourrais-je dire, un cadeau que je fais à mon enfant intérieur. J'aurais adoré voir un film comme ça quand je suis arrivée en Allemagne. Je ne me retrouvais jamais dans les films. J'ai principalement pris pour modèles des films américains qui font un effort pour percevoir les enfants de manière complètement différente et raconter leur histoire à hauteur d'enfant, où les problèmes des jeunes sont pris au sérieux et leurs univers émotionnels montrés dans toute leur complexité. Je pourrais citer par exemple Stand by Me, Le Cercle des poètes disparus et The Breakfast Club. Il y a aussi plusieurs grands films de sport américains qui m'ont inspirée.

En collaboration avec

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(Traduit de l'anglais)

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