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BERLINALE 2024 Compétition

Matthias Glasner • Réalisateur de La partition

“Je ne suis pas quelqu'un qui juge : je pense que les êtres humains ont le droit d'être comme ils sont”

par 

- BERLINALE 2024 : Le réalisateur nous éclaire sur la manière dont l'amour, la musique et l'espoir s'enchevêtrent dans son film, une comédie dramatique interprétée par Lars Eidinger et Corinna Harfouch

Matthias Glasner • Réalisateur de La partition
(© Dario Caruso/Cineuropa)

Le réalisateur allemand Matthias Glasner nous éclaire sur la manière dont l’amour, la musique et l’espoir s'enchevêtrent dans la comédie dramatique sombre La partition [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Matthias Glasner
fiche film
]
, présenté en compétition à Berlin, interprété par Lars Eidinger et Corinna Harfouch.

Cineuropa : Le titre international de La partition est Dying, ce qui suggère que c'est en train de se passer, et non pas terminé. Pourquoi ?
Matthias Glasner : Il me semblait important que le film parle de la vie pendant cette phase de lente agonie. Ça m’a pris de court, dans ma propre vie, que mes parents ne meurent pas tout simplement, mais que cela prenne des années. Cette longue période m’a fait quelque chose : je devais gérer la culpabilité de ne pas me sentir capable d'affronter mes parents, et je me demandais "Mais pourquoi ? Pourquoi je ne les aime pas assez pour ça, et pourquoi est-ce que j'essaie de me soustraire à tout cela ?". Donc le cœur de l’idée de départ, c'est que je voulais raconter l’histoire de quelqu’un qui traverse cela.

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On a l’impression que les parents ne sont pas les seuls qui se meurent dans votre film. Les enfants (Tom et Ellen) aussi, même s'ils ne sont pas en phase terminale d’une maladie.
J’ai entendu beaucoup d’interprétations différentes, surtout sur Ellen, ce qui me surprend un peu. Toutes me vont, parce que le film est très ouvert à toutes ces interprétations et qu'au lieu de contenir un message, il offre une opportunité de réfléchir à ces choses. Personnellement, je pense que Tom et Ellen souffrent de ne pas être aimés de leur mère ou du monde, de deux manières différentes. Si on n'a pas cet amour pendant les trois premières années de sa vie, on ne sera jamais capable d’accepter l’amour du reste du monde. On se sent très seul et on gère ça de différentes façons. Tom est devenu artiste ; il a découvert qu'il n'y a que quand il fait de l'art qu'il se sent bien dans sa peau. On voit qu’il est plein de vie et intense quand il travaille avec les musiciens de l’orchestre. Il adore créer des moments de magie avec eux.

De son côté, Ellen ne se sent vivante que quand elle boit, quand elle a des rencontres sexuelles ou qu’elle fait des choses folles. Elle est peut-être un peu jalouse du succès de son frère, mais en même temps, elle n’a pas la force d’emprunter la même direction. Je pense qu'Ellen a beaucoup plus de talent que Tom. C'est vraiment une artiste, mais elle ne veut pas traiter avec le système, alors que Tom le fait – il n'est pas ravi de le faire, mais il le fait. Et quand on ne se sent pas aimé du monde, on a toujours un peu envie de mourir, pour sortir du chaos qu'est devenue votre vie.

Ce qui peut aider les gens à vivre des moments difficiles, c’est l’espoir. Tom dit que jouer et diriger un morceau sur la mort est un acte d’espoir. Est-ce que réaliser La partition a eu une valeur émotionnelle similaire pour vous ?
Cette phrase est si importante pour moi que je l'ai fait dire deux fois aux personnages : c'est d’abord Tom qui dit ça, puis Bernard. C’est tellement important pour eux : l’espoir n’est pas dans le morceau lui-même, mais dans le fait qu’ils le jouent ensemble, qu'ils soient toujours en vie, aussi terrible et effrayante que la vie puisse être. Pour moi, travailler est toujours un acte émotionnel. Quand je mets en scène, alors je peux me sentir bien dans ma peau, je peux m’aimer.

Pourquoi avez-vous choisi de faire de la musique un élément aussi important dans votre film ?
J’ai toujours adoré la musique. Je composais beaucoup de musique classique quand j’étais jeune. Je voulais devenir chef d’orchestre, mais je n’étais pas assez bon au piano pour ça, alors je suis devenu metteur en scène. Godard disait que c'est le seul métier qui ne nécessite pas qu'on soit vraiment bon en quoi que ce soit. La musique a toujours été importante pour moi, et aussi pour ma famille. Elle connecte les gens plus que n’importe quoi d’autre. Dans les cultures anciennes, les gens se réunissent pour faire de la musique, et ils chantent ensemble. La musique est toujours quelque chose de profond. Donc dans Dying, je me suis permis de faire une scène entière de cinq minutes où ils jouent le morceau en question.

Vous regardez vos personnages avec compassion. Vous ne les jugez pas, quoi qu’ils fassent.
Très tôt, je me suis dit que je voulais que ce soit un film tendre. En tant que personne, je ne suis pas quelqu’un qui juge : je pense que les êtres humains ont le droit d’être comme ils sont. Ils peuvent boire de l’alcool s'ils veulent, s'amuser, avoir des rencontres sexuelles. Peut-être qu’ils mourront plus tôt, mais si ça leur convient. N'importe qui peut aussi s'ôter la vie, s’il pense que c’est le meilleur choix pour lui, parce que la vie ne lui réussit pas. Ça me va. Je dis toujours que rien de ce que font les êtres humains ne m'est jamais complètement étranger.

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(Traduit de l'anglais)

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