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BERLINALE 2024 Generation

Carlo Sironi • Réalisateur de Quell'estate con Irène

“Je n'ai tout simplement pas envie de parler de gens de mon âge”

par 

- BERLINALE 2024 : Le réalisateur de Sole brave la chaleur de la Sicile pour raconter l'histoire de deux filles qui fuguent et passent ensemble de vraies vacances d'été

Carlo Sironi • Réalisateur de Quell'estate con Irène

Clara et Irène (Maria Camilla Brandenburg et Noée Abita) se rencontrent à une colonie de vacances organisée par l’hôpital où elles sont traitées. Elles ont toutes les deux 17 ans, mais elles ne sauraient être plus différentes. Cependant, leur amitié s'épanouit vite. Elles décident de s’échapper et de vivre ensemble un vrai été. Nous sommes en 1997 et le monde est à elles... et heureusement, elles ont aussi une caméra pour enregistrer tout cela. Le réalisateur Carlo Sironi détaille pour nous son film, My Summer with Irène [+lire aussi :
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interview : Carlo Sironi
fiche film
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, présenté à Berlin dans la section Generation 14plus.

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Cineuropa : Vous êtes manifestement intéressé par la jeunesse : on pense aussi à Sole [+lire aussi :
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. Pourquoi êtes-vous tellement attiré par cette phase de la vie ?
Carlo Sironi : Je me pose la même question. Je ne sens tout simplement pas le désir de dépeindre les gens de mon âge. Je ne sais pas pourquoi, c’est très bizarre. Jusqu’ici, je n'ai pas eu cet élan. Non que je ne me voie pas moi-même comme un adulte, mais il y a une part de moi qui continue d’être très intéressé par les sentiments qui vous traversent à l'adolescence. Par ailleurs, j’ai situé cette histoire en 1997, à l’époque où j'avais l'âge des personnages. Je pense que je sais quelque chose de ce qu'un jeune était à l’époque. Ce film devait se situer dans le passé.

Vous décrivez le genre d’été dont on se souvient toute sa vie. Aussi, disons-le, tout est plus intense quand on est jeune. Peut-être que c’est pour ça que vous aimez tant cet âge.
Oui, mais aussi je ne voulais pas parler de la confusion d’aujourd’hui. Ce qui est fascinant, c’est que quand on est jeune comme ça, et que quelqu’un de spécial pour vous vous regarde d'une manière particulière, vous avez vraiment l’impression de pouvoir changer. C’est ce qui arrive à Clara. Elle se sent différente grâce à l’attention d’Irène.

Par rapport à ce que vous avez mentionné plus tôt, je dirais que Sole est un film dont les personnages sont des jeunes gens, mais qui ne parle pas du tout du fait d’être jeune – c’est presque tout le contraire. Ils n'ont jamais été jeunes, d’une certaine manière. Dans ce sens, My Summer with Irène m'a offert l'occasion de faire un vrai film d’apprentissage. J'ai toujours adoré ce genre de film. C’est tellement amusant, et on se sent tellement libre quand on écrit ce genre d'histoire. Le truc, avec les jeunes, c’est que leur vie peut sembler très simple, mais c'est tout l'inverse.

Ces filles sont intéressantes ensemble parce qu’elles sont toutes les deux arrivées à ce seuil où elles vont bientôt cesser d'être des gamines. Est-ce pour cela que vous vouliez qu'elles aient l'air un peu garçonnes ou androgynes, peut-être ?
Elles sont aussi entre la maladie et la liberté, presque guéries, mais encore forcées de faire des examens régulièrement. Pendant nos recherches avec Silvana [Tamma, la coscénariste], nous avons compris que leurs cheveux devaient être comme ça. Le côté absurde de leur façon de s'habiller est venu ensuite. Je me souviens que dans les années 1990, quand j’étais jeune, certaines de mes tenues étaient totalement infantiles. Nous voulions jouer avec ça. Elles ne sont pas encore des femmes qui ont confiance en elles.

Les films d’été sont généralement connectés à des récits d’apprentissage, et c'est logique : tout ce qui se passait se passait pendant les vacances.
À vrai dire, j'avais l'idée d'organiser une petite rétrospective de ces films d’été. Il y a tellement de chefs-d’œuvre parmi eux – il suffit de penser à quelqu’un comme Maurice Pialat, qui ne jugerait jamais ces adolescents, ou même à quelque chose d'aussi récent que Licorice Pizza. Nous avions déjà ces références en tête pendant l'écriture.

Je dois aussi reconnaître que ce film m'est venu de manière très étrange : je n’arrêtais pas d’écouter la chanson “To Wish Impossible Things” des Cure, qui a quelque chose de très "aqueux", et puis très vite, j’ai visualisé ces filles. Au début, il y en avait trois, toutes malades. Ce n’était pas rationnel. Je visualisais déjà des tas de scènes de ce film avant même de tourner Sole. Plus tard, c’est devenu un peu plus concret, et nous avons commencé à faire des recherches. L'histoire était censée se passer dans un hôpital, mais ils organisent bel et bien ces colonies de vacances estivales pour les enfants malades. Grâce à ce changement de décor, ce n’est plus un film sur la maladie.

Ces filles créent leur propre réalité : elles filment les gens et leur inventent des histoires fictionnelles.
J'avais tellement envie d'utiliser certains vieux appareils des années 1990. Nous avions le même caméscope, mes amis et moi, et nous avons fait des tonnes de vidéos d’été. À l’époque, ça paraissait magique de pouvoir utiliser ce genre d'outil. Tout y semblait plus grand, pas toujours dans le bon sens. Je me souviens qu’on était totalement puérils devant la caméra. À présent, les gens se comportent comme des adultes devant leurs caméras et leurs téléphones, comme plus adultes qu'ils ne le sont vraiment. Quand les gens m'interrogent sur ce film, je dis : "C’est juste un film d’ados". Bien sûr, nous avons tâché de faire en sorte qu'il soit un peu plus que ça, mais nous avons aussi voulu rester proches de leur point de vue et éviter de n’être qu'un adulte de plus en train de repenser au passé avec nostalgie.

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(Traduit de l'anglais)

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