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BERLINALE 2024 Encounters

Eva Trobisch et Adrian Campean • Réalisatrice et directeur de la photographie d'Ivo

“Cette approche de type documentaire a résulté de la connexion entre l'intérieur et l'extérieur”

par 

- BERLINALE 2024 : Les responsables du film nous en disent plus sur ce drame social intime et empathique sur une infirmière à domicile dévouée

Eva Trobisch et Adrian Campean • Réalisatrice et directeur de la photographie d'Ivo

La réalisatrice allemande Eva Trobisch a présenté son dernier nouveau drame social, Ivo [+lire aussi :
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, dans la section Encounters de la Berlinale. Nous l’avons rencontrée ainsi que son chef opérateur, Adrian Campean, pour parler de l'élaboration du film, qui suit le personnage plein de détermination du titre.

Cineuropa : D’où vous est venue l’idée de ce film ?
Eva Trobisch : Je cherche mes personnages dans les zones grises ou dans les mondes interstitiels. J’ai croisé la figure de l’ange de la mort à la clinique de la Charité. J’ai été fascinée par cette femme qui veut rédimer les gens et qui, en même temps, joue évidemment à se prendre pour Dieu. C'est ça qui a été le déclencheur, et puis l'histoire s'est mise à se concentrer sur les soins palliatifs. C’est là qu'Adrian est arrivé. À travers son père, qui est médecin et qui a fondé un système alternatif pour prodiguer des soins palliatifs aux patients. J’ai fait des recherches de mon côté. Comme dans la plupart des métiers liés aux soins médicaux, les soignants sont sous-payés et travaillent dans de piètres conditions. Souvent, ils ne travaillent pas avec les médecins : ils ont leur propre service. Ils vont de logis en logis et n’ont pas beaucoup de temps à dédier à chaque patient.

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Adrian Campean : À l'inverse, mon père a monté, en Rhénanie du Nord-Westphalie, un système où les soignants et les médecins travaillent en collaboration étroite. Les salaires sont quasiment les mêmes pour toute le monde, auxquels s'ajoutent des bonus pour tout travail supplémentaire. Ce sont des soins palliatifs fournis dans les maisons de retraite et, surtout, directement chez le patient. Bien sûr, ils ont aussi des contraintes de temps, parce qu’ils ont beaucoup de patients, mais les infirmiers comme les docteurs peuvent tout de même prendre leur temps pour s’occuper des gens.

L’esthétique du film évoque celle d'un documentaire. Était-il important pour vous d’être aussi authentique que possible dans la manière dont vous racontez cette histoire ? Quelles étaient vos limites ?
E.T. : Nous avons trouvé la manière de procéder sur le moment ; nous n’avions pas une idée claire dès le départ. Je n’étais pas sûre, au début. C’est c’est pour ça que la présence d'Adrian était importante, car il avait une approche complètement différente du sujet. Avec son père, nous avons travaillé sur différentes approches. Par exemple, on a envisagé de faire ce film comme un documentaire, avec de vrais patients, mais finalement je ne le sentais pas. Ce n’était pas l'approche cinématographique que je cherchais. Ça aurait pu fonctionner si les patients avaient été le coeur du film, mais le personnage principal était Ivo, et les patients font partie de son monde. De fait, il fallait que tous les patients soient des acteurs. Le personnel médical, en revanche, est constitué de vrai(e)s infirmiers/ières et de vrais médecins : ils font un travail fantastique et ils ont un niveau d’expertise qu'il aurait été difficile de reproduire.

A.C. : Cette esthétique tient également au budget, pour l’équipement ou autres éléments techniques, mais en fait, ça aussi ça nous a plu. L’approche de style documentaire venait aussi de l'histoire, notamment de la connexion entre l’intérieur et l’extérieur. Beaucoup d'images proches du documentaire tiennent au fait que le personnage principal passe beaucoup de temps en voiture, et qu'elle entre et sort des domiciles des patients. Certaines choses sont venues d’elles-mêmes, comme les pigeons sur le chantier de construction. Nous avons aussi tourné dans beaucoup d’appartements et maisons appartenant à des amis ou des connaissances, de sorte que nous avons créé les histoires des personnages à partir des motifs que nous avons trouvés sur place. Bien sûr, ça s'est ajouté aux recherches qu'on avait faites avant.

Est-ce que votre position personnelle sur le sujet a changé avec ce film ?
E.T. : Le film a été une expérience formidable et profonde pour moi. La plupart des gens qui sont confrontés à la mort ont probablement une conception différente de la vie, et développent une relation différente avec elle. On devient incroyablement humble par rapport à sa santé et à celle des autres. Ce que j’ai dû apprendre, c'est de trouver ma propre attitude par rapport aux patients. J’étais prudente, au début, car on peut facilement glisser dans l'empathie, une sorte de compassion qui n’aide pas le patient. Tous les médecins et infirmiers ont une attitude directe et pragmatique sans laquelle ils ne pourraient pas aider les gens. les pieds sur terre terre à terre ce qui rend leurs aides possibles.

Quels étaient vos principaux critères, dans le choix de l’actrice qui allait jouer Ivo ?
E.T. : Minna Wündrich, qui joue principalement au théâtre, s’est engagée dans le projet avec beaucoup de dévouement, très disposée à prendre des risques. Elle a façonné et éclairé son personnage avec plus de précision de jour en jour. Grâce à Minna, Ivo possède maintenant cette clarté inébranlable. La Ivo de Minna est patiente et poignante ; elle est forte et elle a beaucoup d’empathie pour les autres, tout en restant capable de se distancier émotionnellement.

En collaboration avec

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(Traduit de l'anglais)

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