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BERLINALE 2024 Compétition

Nelson Carlo De Los Santos Arias • Réalisateur de Pepe

“Les animaux sont en fait plus nobles que les hommes”

par 

- BERLINALE 2024: Le réalisateur parle de son drame atmosphérique and intriguant autour de la relation conflictuelle entre les êtres humains et la nature

Nelson Carlo De Los Santos Arias • Réalisateur de Pepe
(© Dario Caruso/Cineuropa)

Le réalisateur dominicain Nelson Carlo De Los Santos Arias a présenté Pepe [+lire aussi :
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fiche film
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, son dernier travail en date, en compétition à Berlin. Le film raconte la vie d'un hippopotame qui fait un long voyage, mais dont la fin tragique est le résultat de décisions humaines. Nous avons interrogé le réalisateur sur les origines de Pepe, et sur les hommes et les femmes.

Cineuropa : Pour le film, êtes-vous vous aussi allé faire un de ces safaris en Afrique de l’Ouest ?
Nelson Carlo De Los Santos Arias :
Non, pas du tout. Ces safaris sont très chers, et je ne suis pas riche. Ce qui est génial dans les safaris, où vont surtout des Allemands, c'est qu'ils se passent toujours aux mêmes endroits, là où c'est plus facile de voir les animaux, mais en réalité, la Namibie est un pays immense. Si vous voyagez seul en voiture, en cherchant à voir des animaux, vous pouvez passer des heures sur la route sans savoir quand vous aurez cette chance.

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Dans la scène de safari du film, les gens parlent des hippopotames avec une fascination mêlée de peur. Qu'en pensez-vous vous-même ?
Il faut savoir qu'ils sont synonyme de danger. Ils sont dangereux, et c’est très irresponsable de s'en approcher, mais je l’ai fait quand même. Depuis mon enfance, je fais des choses en dépit des risques que ça implique. J’ai eu des rencontres très dangereuses avec les animaux, là-bas, parce que la plupart du temps, j’étais seul, je tournais seul. Souvent, au milieu de la nuit, je me réveillais terrifié à cause des cauchemars que je faisais. C’est un animal qui peut vous tuer. Ça m'a fait un effet étrange, quand je me suis rendu compte que je mettais ma vie en danger, exactement à un moment, la pandémie, où la mort était un sujet aussi saillant.

Comment avez-vous su où chercher les animaux ?
En Namibie, j’avais des conseillers. De plus, pendant ma résidence artistique DAAD à Berlin, j’ai eu l'occasion de me préparer très méticuleusement. J’ai parlé à un département spécial du zoo de Berlin. Ils ont un chercheur spécialisé dans les hippopotames : il m’a beaucoup aidé à bien comprendre l'animal hippopotame. C’est lui qui m’a appris à réagir à ses comportements. Parce que les animaux sont en fait plus nobles que les humains : ils ne vont pas vous attaquer immédiatement, ils vont d’abord vous donner des signes, qu'il faut pouvoir lire. Cette connaissance était essentielle pour mon voyage. Par rapport à l’Afrique, en Amérique du Sud, où je suis allé filmer les animaux, les hippopotames sont beaucoup moins isolés dans la nature. Ils sont donc aussi moins sauvages. Ils sont plus détendus, plus habitués aux gens.

Pouvez-vous nous en dire plus sur l’origine de vos personnages humains, surtout le pêcheur et sa femme ?
Il parle à sa femme, et il est tellement fâché qu’elle ne répond pas et ne l’écoute pas. Ces deux personnages représentent le combat historique, au sein de l’humanité, entre les hommes et les femmes. Parce que les deux représentent "l’autre". Si vous simplifiez la vie, vous vous rendez compte que le problème pour les femmes, c’est les hommes, et le problème pour les hommes, c'est les femmes. Ça se manifeste dans notre système patriarcal, à travers la violence et les abus. Pendant les répétitions et le tournage, quelque chose de très beau s’est produit : les deux acteurs se sont mis à pleurer en même temps, après avoir joué la dispute du film. Tous les deux y ont retrouvé leur propre vie. Ils ont ravivé toute cette violence dans l'environnement domestique.

Pouvez-vous nous en dire plus sur la ville dans laquelle vous avez tourné ?
Chaque personne que j’ai rencontrée là-bas, sans exception, était seule, parce qu’ils ne sont pas capables d’être avec quelqu’un. Cette ville est très compliquée – c’est une ville très particulière. Elle est gangrénée par la violence. D’abord, il y a eu Pablo Escobar, puis les paramilitaires, puis la guerre entre les deux. Cette ville s'est bâtie sur la prostitution. La première chose qu'il y a eu là-bas, ce sont des bordels.

Comment définiriez-vous Pepe en quelques mots ?
Pepe est un film, mais il n’est pas conçu comme un film, en termes de cinéma. Pepe est une métaphore de l’écosystème d’un endroit et des idées de la colonisation.

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(Traduit de l'anglais)

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