Laila Alonso Huarte et Laura Longobardi • Co-directrices, FIFDH
"Ce festival est un projet collectif"
par Muriel Del Don
- Les nouvelles co-directrices du festival génevois nous dévoilent les secrets de leur première édition à la tête de la manifestation dédiée aux droits humains

Accompagnées par le directeur administratif Guillaume Noyé, les nouvelles co-directrices éditoriales du Festival du film et forum international sur les droits humains de Genève (FIFDH) Laila Alonso Huarte et Laura Longobardi nous parlent avec passion d’un festival artistiquement exigent et humainement impliqué.
Cineuropa : Comment avez-vous fonctionné en tant qu’équipe ?
Laila Alonso Huarte : La première édition c’est un peu comme des montagnes russes avec des moments de grand stress et des moments d’euphorie, de fierté et de reconnaissance. On passe un peu par tous les états émotionnels. Pour ce qui est de notre collaboration, nous étions alignées sur beaucoup de choses et c’est une chance. Nous nous sommes partagé les responsabilités et on s’est fait confiance.
Laura Longobardi : Ce poste est nouveau tant pour nous que pour le festival, il fallait donc se faire confiance, essayer des choses. Même si on n’est pas toujours d’accord on se fait confiance et on cherche des solutions ensemble. Ce n’est pas une compétition mais un travail d’équipe. Ce festival est un projet collectif. De plus, on a la chance de travailler avec une équipe soudée et engagée qui nous soutient. Ce qui conte est le résultat final et dans le cas de cette nouvelle édition c’est un résultat qui nous convient et nous correspond.
Vous avez les deux étudié les sciences politiques, d’où vient votre passion pour la culture et le cinéma ?
L.A.H. : Pour ma part, dans les festivals pour lesquels j’ai travaillé je me suis occupée plus de l’élaboration thématique du programme que de la programmation cinéma. Cela dit, je me considère une personne très créative et tout ce qui touche à l’art me fascine et nourrit. Je pense qu’en moi il y a un côté très cinéphile qui s’unit très bien avec mon parcours académique en sciences po. C’est un vrai plaisir de pouvoir allier ces deux facettes de ma personnalité.
L.L. : Mon cas est un peu différent parce qu’après avoir étudié les sciences politiques je me suis retrouvée un peu par hasard à travailler pendant vingt ans dans l’industrie du cinéma et de la production audiovisuelle. J’avoue que ce n’était pas forcément ce que j’avais envisagé de faire. Je voulais plutôt travailler dans le domaine de la politique et de la coopération ou de la géopolitique. Finalement, grâce au FIFDH mon parcours académique et mes expériences dans l’audiovisuel et plus en particulier dans le domaine de la production et du documentaire peuvent s’unir.
Quels sont les nouveautés et vos coups de cœur de cette nouvelle édition ?
L.A.H. : Une des nouveautés est la section Spotlight qui fait partie du Forum. Il s’agit d’un mélange de films et de discussions. Ce que nous voulons mettre en avant c’est l’engagement des équipes et des protagonistes des films. On regroupe ici des cinéastes et des protagonistes qui viennent avec de vrais plaidoyers, des gens qui veulent faire la différence. Notre rôle, on l’espère, est celui de facilitateurs. Nous voulons mettre en contact les bonnes personnes pour que ces campagnes, ces initiatives, ces actions aient le plus d’écho possible. Le FIFDH est un festival très connecté avec toute la Genève internationale. Pour ce qui est de cette nouvelle édition, je me réjouis d’assister aux débats sur les enjeux et les dérives de l’intelligence artificielle. Qu’est-ce que ça va créer, quel impact sur la démocratie et l’information ?
L.L. : Le public retrouvera un festival qu’il connait, qu’il aime et qu’il fréquente depuis plus de 20 ans. C’est important de garder cette continuité. Notre festival est très apprécié dans la région. On veut continuer à proposer des films engagés mais aussi beaux à regarder et des panels de haut niveau qui aident à décortiquer la complexité de notre société. Cela dit, on aimerait aussi que notre festival s’internationalise encore d’avantage. Le nôtre est un petit festival et cela nous permet de suivre certains films, certaines équipes de près, toujours dans une optique de plaidoyer et d’accompagnement. Pour ma part, je suis très intéressée aux droits du vivant. On parle beaucoup de polycrise, du fait que toutes les crises sont interconnectées. Tous les êtres vivants sont en train de souffrir et comme on dit souvent, les solutions doivent être collectives. Cette année on proposera au public un panel et des films sur cette thématique. C’est quelque chose qui va rester dans les axes du festival.
Laila, vous avez travaillé aussi au festival Les créatives, est-ce que vous pensez amener son âme féministe intersectionnel au FIFDH ?
L.A.H. : Absolument. L’idée ce n’est pas d’hacker totalement le festival avec ses thématiques mais c’est sûr que nous allons les soutenir et mettre en avant. Surtout les dernières années, le festival propose de réfléchir aux questions décoloniales et intersectionnelles qui concernent les droits des femmes, des minorités, etc. Je pense que la pensée féministe occupe une place de plus en plus importante dans le festival. Ce n’est pas un hasard si cette année nous proposons une carte blanche à Rokhaya Diallo.
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