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BERLINALE 2024 Encounters

Matías Piñeiro • Réalisateur de Tú me abrasas

“C'était intéressant, de ne pas savoir comment faire les choses, juste de sentir l'attraction magnétique du texte”

par 

- BERLINALE 2024 : Le réalisateur argentin, connu pour la manière dont il marie des figures expérimentales et Shakespeare, nous parle de son nouveau film, inspiré de Cesare Pavese et Sappho

Matías Piñeiro  • Réalisateur de Tú me abrasas

"Tu me brûles", dit le Fragment 38 de Sappho, qui constitue une petite partie de ce qu'il nous reste de l’héritage de la poétesse grecque. Tú me abrasas [+lire aussi :
critique
interview : Matías Piñeiro
fiche film
]
est aussi le titre du nouveau film de Matías Piñeiro, un travail à la courte durée (64 minutes) trompeuse, car il semble contenir une infinité de possibilités pour une nouvelle relation entre le cinéma et l’écriture. L'oeuvre, qui a été présentée dans la section Encounters de la Berlinale, opère à partir du texte "Écume d'onde" de Cesare Pavese (un chapitre des Dialogues avec Leucò où Sappho converse avec la nymphe Britomartis) et les fragments de Sappho. Cineuropa a interrogé le réalisateur sur la nature du cinéma fragmentaire, sur l’écriture de ce projet, sur le tournage avec une caméra Bolex et sur les compositions musicales qui ont informé ce travail.

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Cineuropa : Vous vivez entre New York et San Sebastian. Vos voyages réguliers ont-ils joué un rôle dans la forme fragmentée de Tú me abrasas ?
Matías Piñeiro :
Après un an passé à réunir des plans pour ce film, je me disais que ce serait bizarre de revenir à San Sebastian pour enseigner [à l'EQZE – Elías Querejeta Zine Eskola] exactement comme je le faisais avant. Ça m’a donné une excuse de plus pour y retourner (au-delà de mes fonctions d’enseignant, que j’apprécie beaucoup) : faire ce film. La nature fragmentaire de Tú me abrasas a aidé, aussi, et comme je devais faire l’aller-retour tous les deux mois, ça me permettait de développer les images à chaque fois et de me remettre à tourner.

Vous avez filmé vous-même certains plans, et d'autres ont été tournés par votre chef opérateur, Tomas Paula Marques. Comment avez-vous procédé, exactement ?
Sur le terrain, on peut avoir des idées meilleures que celles qu’on peut coucher sur le papier. Par exemple, aller sur la côte à San Sebastian avec Tomas Paula nous a permis de comprendre comment on pouvait filmer les paysages. Nous avons essayé, nous avons discuté de ce qui était intéressant ou pas, et ainsi nous avons pu choisir. Par ailleurs, on peut y retourner, ou tourner différemment, ou décider qu'il vaut mieux ne pas tourner dans cette région d’Espagne, mais plutôt en Argentine. C'est aussi en cela que ce film a une relation différente avec la partie écriture.

Qu'entendez-vous par là ?
Pour faire ce type de travail, il faut avoir du matériel filmé, mais l'acte de tourner lui-même compte, car il informe ensuite l’écriture. Ça fait : écrire, tourner, monter, écrire encore, tourner, monter... C'est une structure répétitive.

En l’espèce, les séquences ne peuvent pas être prévues à l’avance, n’est-ce pas ?
La seule chose qui était prévue à l’avance, c'est que j'avais un texte ["Écume d'onde"] qui avait un début et une fin, et que je voulais des détours.

Comment s'est passée votre première rencontre avec le texte de Pavese ?
Quand je l’ai lu pour la première fois, je ne savais pas comment le tourner, or c'était intéressant, de ne pas savoir comment m'y prendre, mais de sentir l'attraction magnétique du texte. Je savais que je voulais faire un film, mais comment ?

Votre comédienne de confiance Gabi Saidón joue ici Sappho, mais elle a aussi composé la musique du film. Comment cela s'est-il présenté ?
Je suis très fier de ça, parce que c'est un travail qui s'est naturellement intégré au film. Même si nous adorons la musique d’Elizabeth Cotten, que nous voulions utiliser au départ, parfois ça fonctionnait, et parfois non. Nous voulions nous écarter de l'idée d'une recréation de la musique de Sappho et bien sûr, Elizabeth Cotten avait déjà cet élément contemporain, mais elle nous a surtout donné la clef : la guitare, les arpèges et les pizzicati. Cela dit, c’était étrange, de nous dire qu'il fallait par moments que la musique s'estompe. Il fallait qu'elle soit fragmentaire, même si ça pouvait paraître un peu maladroit d'avoir quelques notes par-ci, quelques notes par-là, pour rendre l’idée d’un dialogue entre deux voix musicales.

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(Traduit de l'anglais)

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