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Belgique / Canada

David Lambert • Réalisateur de Les Tortues

"J’avais envie de travailler avec des monstres sacrés, ça fait partie de l’ADN du film"

par 

- Rencontre avec le cinéaste belge à propos de son quatrième long métrage, où il continue à explorer le quotidien des masculinités queer, qui sort en France et en Belgique

David Lambert • Réalisateur de Les Tortues

Rencontre avec le cinéaste belge David Lambert, à propos de son quatrième long métrage, Les Tortues [+lire aussi :
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, surprenante comédie du remariage avec Olivier Gourmet et Dave Johns où il continue à explorer le quotidien des masculinités queer, et qui sort ce mercredi 15 mai en France avec Outplay Films et en Belgique avec O’Brother.

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Cineuropa : Qui sont ces Tortues, en quelques mots ?
David Lambert :
C’est un couple d’hommes âgés, Henri, un ex-policier, et Tom, un brocanteur et ex-reine de la nuit. Ils sont mariés depuis 15 ans, sont ensemble depuis 35 ans, et font face au début du film à une crise de couple quand Henri prend sa retraite.

Quel genre de film aviez-vous en tête, et comment avez-vous eu envie de raconter cette histoire ?
C’est une vraie comédie romantique, avec un possible divorce qui pourrait tout aussi bien annoncer une reconquête, le retour de l’amour, que sa fin irrémédiable. Avec des moments qui je l’espère sont très drôles, et d’autres qui sont plus dramatiques, dans lesquels tout le monde pourra se retrouver : comment faire durer un couple, comment surmonter les obstacles ? Est-ce que l’on vit ensemble ? Est-ce que l’on meurt ensemble ? J’ai eu envie de raconter cette histoire car je n’ai jamais vu au cinéma de relation longue entre deux hommes. Le temps qui passe, je ne l’ai vu que pour des couples hétérosexuels.

Votre choix de comédiens n’est pas anodin… Ce sont deux acteurs qui portent dans leur corps un bout de l’histoire du cinéma.
Olivier Gourmet, je le connaissais évidemment pour ses rôles chez les Dardenne, mais aussi ses nombreux autres films. Quant à Dave Johns, je l’avais trouvé extraordinaire dans Moi, Daniel Blake [+lire aussi :
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de Ken Loach. J’avais envie de travailler avec des monstres sacrés, ça fait partie de l’ADN du film. C’est évidemment un film queer, mais je trouvais intéressant d’aller chercher des comédiens qui n’appartiennent pas à ce cinéma pour les ramener dans mon univers. Je crois beaucoup à la transversalité, aux passerelles, au partage. Je les ai beaucoup rencontrés, chacun de son côté avant le tournage, mais il est clair que j’avais casté un couple. Donc, j’avais un peu peur avant la première rencontre, l’alchimie entre eux allait être primordiale ! Et finalement, je les trouve assez magiques ensemble.

Les personnages sont opposés par leur profession.
Oui, il y a une incompatibilité entre le policier et le brocanteur un peu bohème. Quand Henri a rencontré Tom il y a 35 ans, il devait encore chasser les homosexuels, alors qu’aujourd’hui, il prend des plaintes pour homophobie. Tom de son côté a renoncé à sa carrière par amour. Il va devoir se ré-approprier ses envies et son identité.

Ce sont aussi deux hommes qui ont traversé les luttes récentes de la communauté homosexuelle.
J’ai vraiment voulu parler d’une sorte d’historicité de la vie queer. Ils portent en eux différentes couches de cette histoire. Lors des projections, je rencontre des spectateurs extrêmement touchés de se retrouver dans une fiction qui parle tout autant de qui ils sont en 2024 que de qui ils ont pu être il y a 30 ans. C’est très important, car on voit beaucoup de films avec des couples homosexuels où les personnages sont très jeunes, et très sexualisés. Là, j’ai vraiment voulu faire le contraire, et parler de notre histoire, avec ces deux corps-là.

Quelles étaient vos références ?
Je suis très influencé évidemment par la comédie de remariage, et notamment Madame porte la culotte de Georges Cukor. Et dans un registre plus dramatique, Le Chat de Pierre Granier-Deferre. Et puis bien sûr, il y a La Guerre des Roses de Danny DeVito.

Comment le film s’inscrit-il dans votre filmographie qui semble vouloir écrire de nouvelles masculinités queer ?
J’ai l’impression que ce sont un peu les personnages de mon premier film, Hors les murs [+lire aussi :
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interview : David Lambert
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, qui se seraient retrouvés et auraient vieilli ensemble. Par leur rapport à l’humour, au regard qu’ils portent sur eux-mêmes, à leur complémentarité. Je trouve que les masculinités queer sont encore très peu ou très mal représentées, par des plumes qui ne sont pas toujours très juste. C’est un travail compliqué, aussi bien en écriture qu’en production ou en diffusion. J’essaie de rester juste par rapport à moi-même, et de parler d’amour avec des personnages queer. Dès mon premier film, on m’a dit : "Oui, mais ça parle d’amour queer, ou gay", et moi je dis systématiquement : "Non, ça parle d’amour. Avec des personnages queer". L’exploration du sentiment amoureux est universelle.

Le film s’apprête à sortir en France et en Belgique, quels sont projets ?
J’ai deux projets en cours, mais pour l’instant je travaille sur une version d’Othello, que j’adapte dans un club de MMA.

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