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CANNES 2024 Compétition

Magnus von Horn • Réalisateur de La Jeune Femme à l'aiguille

“J'ai décidé d'utiliser cette peur que j'ai, et d'en faire un film”

par 

- CANNES 2024 : En prenant comme point de départ une histoire danoise d'assassinat d'enfants dans les années 1910, le réalisateur suédois recrée un Copenhague inspiré par la mémoire collective

Magnus von Horn • Réalisateur de La Jeune Femme à l'aiguille
(© Fabrizio de Gennaro/Cineuropa)

La Jeune Femme à l'aiguille [+lire aussi :
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, projeté en compétition au 77e Festival de Cannes, est un récit éprouvant sur l'histoire de la tueuse en série d'enfants Dagmar Overbye, qui a tué de manière systématique un grand nombre de nouveaux-nés pendant les années 1910. Le film, réalisé par le Suédois Magnus von Horn et tourné en Pologne, a été créé à travers une série de choix esthétiques soigneusement pensés.

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Cineuropa : Comment vous êtes-vous orienté vers ce projet, ou est-ce que c’est lui qui est venu vers vous ?
Magnus von Horn : Il est venu vers moi, via la productrice Malene Blenkov et la scénariste Line Langebek Knudsen. Elles m’ont proposé l'histoire de ces crimes horribles commis autour de l’époque de la Première Guerre mondiale au Danemark. Je n’avais jamais entendu parler de cette femme, Dagmar Overbye (je ne pense pas que beaucoup de Suédois la connaissent), qui a tué ces bébés dont elle avait dit qu’elle allait leur trouver des parents adoptifs. Ça a vraiment touché une corde en moi, celle de la peur. J’ai moi-même de jeunes enfants, et ce qui me fait le plus peur est d'imaginer qu'il puisse leur arriver quelque chose. J’ai décidé d’utiliser cette peur que j’ai, et d'en faire un film. C’est devenu un drame, avec de l'horreur en arrière-plan. Tout cela, plus un film historique en noir et blanc, est quelque chose que je n’ai jamais fait avant. Ça m’a inspiré.

Vos films précédents, Le Lendemain [+lire aussi :
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, sont en effet très différents. Pourquoi pensez-vous que la productrice du film s'est adressée à vous ?
Je connaissais Malene Blenkov d’avant, nous avions discuté de plusieurs projets et elle sait ce que j’aime. Et nous voulions travailler ensemble, c'est probablement une des grandes raisons.

Les rôles principaux ont-ils été écrits avec Vic Carmen Sonne et Trine Dyrholm à l'esprit pour les interpréter ?
Ce n'est pas le cas, non. Le scénario a été développé assez longtemps avant que je ne les rencontre. Nous avons fait un travail de casting assez long, mais quand j’ai rencontré Vic, il m'a paru la seule comédienne avec l'allure qu'il fallait et le registre émotionnel requis pour le rôle de la jeune femme enceinte prête à voyager vers un autre univers avec des valeurs morales complètement différentes. Quant à Trine, c'est avant toute chose une comédienne fabuleuse. Je lui ai présenté une des premières versions du scénario, qu’elle a refusé lors de notre première rencontre, mais déjà, à ce moment-là, j’ai vu une lueur dans ses yeux qui m’a convaincu que c’était elle. C'est aussi qu'elle jouait avec un cure-dent d’une certaine manière qui m’a captivé, de sorte que notre rencontre m'a presque fait l’effet d’un screen test. Nous avons travaillé sur le scénario pendant encore une année et quand elle a lu la nouvelle version, elle a eu envie de participer.

Le film est une coproduction entre le Danemark, la Pologne et la Suède. Pouvez-vous nous parler de la façon dont chaque pays s'est impliqué dans ce parcours ?
L’histoire est danoise. Les gens avec lesquels je travaille le mieux et le plus efficacement sont les Polonais, donc il est important pour moi d’avoir des collaborateurs polonais sur le projet, à commencer par le chef opérateur Michal Dymek, qui a récemment fait Cold War [+lire aussi :
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. Nous avons tourné tout le film en Pologne. La Suède, bien sûr, m’a toujours soutenu ainsi que mes films, et c’est une relation à laquelle je tiens beaucoup.

Pouvez-vous parler du Copenhague de 1919 qu’on voit dans le film et de vos choix esthétiques ?
Il y a un élément identificateur significatif : on entend les cloches du Rådhuset (Hôtel de ville). Sinon, il n'y a pas d’éléments qui permettent d’identifier le Copenhague de l'époque. Je ne pense pas que le public y fera attention ou s’en souciera, mais je pense qu’il sera stimulé visuellement. Au lieu de nous concentrer sur les boutons de porte et le papier peint, nous avons misé sur ce qui attire l'attention émotionnellement. Une de mes méthodes était de chercher sur Google, par exemple "Europe 1919". J'obtenais ainsi une série d'images présentes dans notre mémoire collective.

Parfois, on a même l'impression que le film a été tourné autour de 1919. Était-ce bien le projet ?
En partie, au moins. En voyant le film, on peut avoir ce sentiment, et nous avons en effet joué avec les cadrages et les mouvements de caméra en imitant le style de l’époque. C’est aussi grâce à Vic et à son interprétation, je pense. Pendant une de nos séances de préparation, je l’ai mise devant un clip de Chaplin et je lui ai dit de se comporter comme si elle voyait un film pour la première fois. Ses attitudes et les expressions de son visage ont indéniablement quelque chose qui renvoie à cette époque.

Il y a même un plan qui semble être une copie directe de ce à quoi on se réfère comme le tout premier film de l'Histoire, Les ouvriers et ouvrières sortent de l'usine Lumière, qui remonte à 1895.
C’est une imitation directe. Certains vont le remarquer, d’autres non, mais encore une fois, ça fait partie de notre mémoire collective.

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(Traduit de l'anglais)

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