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CANNES 2024 Cannes Première

Jessica Palud • Réalisatrice de Maria

"Cette jeune femme très jeune, parlait et dénonçait des choses, mais elle n’était pas écoutée"

par 

- CANNES 2024 : La cinéaste française évoque son film sur la destinée tragique de l’actrice Maria Schneider marquée par un événement traumatisant lors du tournage du Dernier Tango à Paris

Jessica Palud • Réalisatrice de Maria
(© DA)

Dévoilé au programme Cannes Première du 77e Festival de Cannes, Maria [+lire aussi :
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est le second long métrage de la cinéaste française Jessica Palud.

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Jessica Palud : J‘ai commencé ma carrière à 19 ans avec Bernardo Bertolucci. J’étais stagiaire sur The Dreamers [+lire aussi :
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et assez admirative de son travail. J’entendais un peu parler, tout et n’importe quoi, du tournage du Dernier Tango à Paris et c’et une histoire qui est restée en moi. Je me suis toujours demandée ce qui s’était réellement passé. Quand, des années plus tard, j’ai lu le livre de Vanessa Schneider, j’ai été très touchée par cette histoire de femme cabossée. Ce qui m’a particulièrement percutée, c’est que Maria, cette jeune femme très jeune, parlait et dénonçait des choses, mais elle n’était pas écoutée. Comme j’ai travaillé sur beaucoup de films comme assistante, sur des plateaux très masculins, j’ai pu vivre certaines humiliations, voir des comédiens parfois maltraités, et avec une peur de dire les choses : un dysfonctionnement important de l’industrie.

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Comment avez-vous choisi les moments clés de la trajectoire de Maria Schneider ?
C’est une adaptation assez libre car le livre de Vanessa, c’est la vision par le témoin familial, son regard de petite cousine de Maria, des souvenirs d’enfance. Il était donc important que je rencontre beaucoup de gens qui avaient côtoyé Maria, pour avoir des avis différents, et surtout des gens qui l’avaient rencontrée à la période du Tango. En faisant toutes ces recherches et en découvrant le scénario original du Tango, celui qui était sur le plateau, j’ai pu voir que la fameuse scène n’avait pas été écrite et qu’elle avait été transformée par la scripte sur le tournage au fur et à mesure qu’elle se passait. Je me suis donc renseignée pour savoir comment elle avait été mise en place. On a une scène écrite d’une certaine façon et à ce moment là, un réalisateur vient dire qu’il voudrait aller plus loin, avoir quelque chose de plus intense, mais il ne dit pas clairement ce qu’il faut faire et là, la scène bascule autrement. C’est le cœur de mon film qui n’est pas un biopic, mais un portait. Tango est le basculement de la vie de Maria, mais il fallait avoir l’avant et l’après, avec des moments forts et très précis de sa vie, des scènes assez elliptiques qui font avancer le récit : son père absent, le désir de cinéma de Maria car elle veut au fond de cette façon redécouvrir son père, sa mère dysfonctionnelle, la rencontre avec le grand réalisateur et l’après Tango avec la drogue, l’avant-première, une interview sur comment on tombe d’un seul coup dans un film pornographique, etc. Et c’est pareil pour la partie du tournage du Tango : il fallait créer le lien paternel et intime de Marlon Brando avec Maria et montrer comment tout bascule.

Comment avez-vous casté Anamaria Vartolomei, Matt Dillon et Giuseppe Maggio pour incarner Maria Schneider, Marlon Brando et Bernardo Bertolucci ?
L’enjeu principal de ce portrait frontal car je voulais en faire le fil conducteur du film, c’était évidemment Maria. J’ai rencontré beaucoup de jeunes actrices. Anamaria Vartolomei avait un panache et une cinégénie très forte, même si elle était très différente physiquement de Maria. Elle n’a pas peur de lâcher prise et nous nous sommes beaucoup vues pendant un an avant le tournage, elle a participé à ma recherche, nous avons répété, rencontré des ex-toxicomanes, etc. Je voulais qu’elle arrive à comprendre totalement Maria car c’était essentiel qu’elle ait le personnage en elle pour qu’on puisse faire entendre la voix de Maria. Matt Dillon a été mon premier choix car il incarne une forme de cinéma hollywoodien, on pense à Rusty James, il commencé sa carrière très jeune, très beau, mais il a également un côté un peu lunaire, un parcours un peu atypique : autant de choses qui le rapprochaient de Brando qui est une idole pour lui. Il avait très peur de casser le mythe, mais également très envie de défendre le regard de Maria car il était très touché par cette histoire : ayant lui aussi commencé très jeune, il sait que c’est un métier qui ne protège pas. Quant à Giuseppe Maggio, comme Bertolucci avait 31 ans quand il a fait Tango, il fallait un acteur jeune. J’ai donc fait un casting à Rome et je trouvais que le calme de Giuseppe, sa beauté, sa tête d’ange et quelque chose dans sa façon de parler qui ressemble à celle de Bertolucci, donnaient encore plus de force au rôle.

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