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CANNES 2024 Quinzaine des Cinéastes

Jean-Christophe Meurisse • Réalisateur des Pistolets en plastique

"Mes personnages masquent leurs vraies vie et tentent d’en changer, même si cela risque de les détruire"

par 

- CANNES 2024 : Dans le film du réalisateur français, enquêtrices amatrices et meurtriers sans moralité se cherchent, provoquant, sans surprise, le chaos

Jean-Christophe Meurisse • Réalisateur des Pistolets en plastique
(© P Lebruman)

On peut presque commettre des meurtres impunément dans Les Pistolets en plastique [+lire aussi :
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interview : Jean-Christophe Meurisse
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de Jean-Christophe Meurisse, qui a fait la clôture de la Quinzaine des Cinéastes de Cannes cette année. Un homme tue sa famille et s'enfuit à l’étranger. Pendant un temps, il mène une vie idéale, mais les gens n'oublient pas si vite, soit qu’ils soient fascinés par le crime, soit qu’ils espèrent qu'il paie. Quand ils voient quelqu’un qui lui ressemble, les gens réagissent vite, et bêtement.

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interview : Jean-Christophe Meurisse
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, avait un sens de l’humour cru, limite désagréable. Est-ce que c’est dur d'user de ce genre d'humour ces temps-ci – en grande partie parce que tout le monde s'offense pour un oui pour un non ?
Jean-Christophe Meurisse : Je travaille au théâtre depuis 20 ans [au sein de la compagnie Les Chiens de Navarre], et nous avons développé ce langage spécifique qui combine humour, violence et émotion. Ce n’est que mon troisième long-métrage [il y avait aussi Apnée [+lire aussi :
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], mais j’ai fait 15 pièces, donc ce genre d’humour me vient naturellement, à ce stade.

Du fait du boum du true crime, les enquêteurs amateurs sont partout, maintenant, surtout en ligne. Vous en présentez deux dans le film, qui font vraiment mal leur "boulot".
C’est de plus en plus à la mode, mais ce n’est pas tant la mode qui m’intéressait : ce qui m'intriguait, c'est le fait que ces femmes essaient grosso modo d’échapper à leur vie quotidienne. Elles cherchent quelque chose d’autre (des émotions plus fortes, de l’excitation), et le résultat est qu’elles libèrent leur monstre intérieur. Au début, c’est comme un road movie, du type Thelma & Louise, mais ensuite, ça va plus loin et ça vire au western. Soudain, on a plusieurs monstres, qui se cherchent les uns les autres. Tous ces gens sont un peu en plastique, un peu fake. On a des faux détectives, un faux meurtrier, un faux mari irréprochable.

Vous parlez de quelque chose de très inconfortable : la famille peut vous épuiser. Avoir des enfants peut être épuisant. Ça rappelle Snow Therapy [+lire aussi :
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interview : Ruben Östlund
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 de Ruben Östlund, où un père abandonne sa famille face au danger.
J’aime beaucoup ce réalisateur, et j’aime son approche satirique. La situation est différente, bien sûr, parce que mes personnages masquent leurs vraies vies et tentent en fait d'en vivre d'autres, même si ça va finir par les détruire. Peut-être que ce que j’ai en commun avec Östlund, c'est l'humour.

Ou le fait d'exposer nos faiblesses. Vous faites subir de vraies tortures à un personnage : on le prend pour quelqu’un d’autre, et les gens ne cessent de le poursuivre. Je suppose que ça dit quelque chose sur l’obsession et l'incapacité des gens à laisser couler ?
Je pensais à une affaire réelle où l'homme, également faussement accusé, a été torturé pendant 48 heures. Pas physiquement, mais on l’a emmené dans une geôle affreuse où on l'a obligé à écouter des hurlements humains. Imaginez donc : c’est comme si quelqu’un vous enlevait, là d'un coup, alors que vous repartez de cette interview, en insistant pour dire que vous êtes l'ennemi public numéro un, et vous faisait endurer cet enfer. On est convaincu que le progrès est toujours en marche, mais je voulais montrer que ce n’est pas exactement comme ça. On ne peut pas toujours réussir, parce que nous ne sommes que des humains.

Le meurtrier du film a commis un crime inimaginable : il a tué sa femme et ses enfants. Je me demandais si vous reviendriez sur son crime ou si vous alliez vous concentrer uniquement sur sa vie après.
Il était important de le montrer, parce qu’on fait référence à quelqu’un de très connu en France. Il était important de rappeler aux gens qu’il a tué des enfants. Ils ont été fascinés par le monstre, par toutes les unes dans les journaux, mais la vérité, c'est que c'est un type abject. J’y pensais beaucoup en développant l’histoire [co-écrite avec Amélie Philippe] : qu'est-ce que c'est que cette fascination qu’ont les gens pour le mal ? D’une certaine manière, le cinéma est fait pour montrer le mal. Peut-être que plus on en voit dans les films, moins il y en aura dans la vraie vie...

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(Traduit de l'anglais)

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