email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

LOCARNO 2024 Piazza Grande

Simon Jaquemet • Réalisateur d'Electric Child

“Je ne crains pas la fin du monde, mais les conséquences pour notre société seront très certainement néfastes si le pouvoir est distribué inéquitablement”

par 

- Dans son troisième long-métrage, le réalisateur suisse plonge dans le gouffre d'un monde généré par l'IA

Simon Jaquemet • Réalisateur d'Electric Child
(© Maria Linda Clericetti/Locarno Film Festival/Ti-Press)

Electric Child [+lire aussi :
critique
interview : Simon Jaquemet
fiche film
]
est le troisième long-métrage du Suisse Simon Jaquemet. Ce thriller technologique où un jeune père essaie désespérément de sauver son fils vient de faire sa première mondiale sur la Piazza Grande du Festival de Locarno. Nous avons interrogé le réalisateur sur ce qui lui a inspiré ce film et sur son opinion personnelle sur l’intelligence artificielle.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
lessismore_apply_writers_directors_articles

Cineuropa : D’où vous est venue l’idée du film ?
Simon Jaquemet : À vrai dire, c'est une idée ancienne : je m'intéressais déjà au langage informatique et à la programmation quand j’étais adolescent. J’ai passé beaucoup de temps dans le cybermonde, alors je me disais bien que je ferais un thriller informatique un jour. Depuis quelques années déjà, on sent que que beaucoup de choses se passent dans le champ de l'intelligence artificielle. L’idée du film est devenue plus concrète quand mon intérêt pour la technologie s'est combiné avec le fait que je suis devenu père. J’ai pensé à la peur que quelque chose puisse arriver à mes propres enfants et ceci, combiné avec le thème de l’IA, est devenu le point de départ du scénario.

Pouvez-vous nous en dire plus sur les angoisses personnelles et les attentes pour l’avenir que vous avez intégrées dans le scénario ?
Au moment de l'écriture, mon deuxième fils venait de naître. J’ai été dans une situation similaire à celle de mon personnage pendant quelques semaines. Un examen prénatal a fait craindre qu’il ait une maladie grave. Il s’est avéré que non, mais ça m'a certainement beaucoup inspiré.

Comment avez-vous développé le personnage principal ?
Contrairement aux personnages de mes films précédents, il est assez proche de moi, mais bien sûr, j’ai fait beaucoup de recherches sur les sciences informatiques. J’ai appris à programmer et je me débrouille pas mal en programmation machine learning. J’ai lu beaucoup de papiers et j’ai aussi étudié des figures connues de cette scène. Jason est un mélange de plusieurs d'entre elles, notamment Vitalik Buterin, à qui j’ai parlé sur Zoom, et les gens de OpenAI, que je trouve assez fascinants.

Votre travail de recherche a-t-il été intensif et dans quelle mesure souhaitiez-vous coller à la réalité ?
Je n’aime pas quand les films sur l'informatique sur trop simplifiés. En tant que fan de technologie, je me dis souvent "c'était trop simpliste". J’ai donc essayé pour le film de trouver un juste équilibre, de manière à ce que les personnes qui s'y connaissent un peu puissent s'y rapporter et que les gens qui en savent peu sur la question puissent suivre. Bien sûr, il y a un niveau du film où sont employés beaucoup de termes techniques que la plupart des gens ne connaissent probablement pas, mais je trouve aussi très excitant d’être initié à un univers nouveau.

Vous avez utilisé un jeu de survie comme base pour ce monde numérique. Comment cela s’est-il présenté ?
C'est à vrai dire très commun pour les programmes comme ceux des voitures autonomes d’être testés dans l'univers des jeux vidéos, ça se fait dans tout le secteur de l’IA. J’ai aussi beaucoup joué moi-même, à certains moments de ma vie, en particulier à un jeu de survie dont le monde est le paysage de l'univers numérique du film. Je voulais une côte tropicale et une forêt comme celles que j'ai vues en Europe de l'Est.

D’un côté, le contexte culturel des personnages est très international, mais il est aussi de fait assez peu spécifique. Ces gens parlent anglais, aussi. Pourquoi cela a-t-il été important pour vous pendant le développement ?
C’est venu graduellement, pendant l’écriture. Mon intention n'était pas dès le départ de tourner le film en anglais, mais je me suis rendu compte que les gens parleraient anglais dans la plupart des situations décrites. Je sais cela par expérience. Je fais moi-même partie d'un couple qui communique dans une langue commune qui est l'anglais. La scène technologique, y compris à Zurich, réunit des gens des quatre coins du monde. Ça m’a, de fait, semblé tout naturel. L'anglais amène aussi un côté cool et une distance qui convient bien au sujet.

Le film reste ambivalent pour ce qui est de prendre parti pour ou contre les programmes développés par l’intelligence artificielle.
Dans les débats qui ont lieu en ce moment, tout est soit tout blanc, soit tout noir. Certaines personnes sont totalement contre, alors que d’autres sont totalement fans. C’est pour ça que je tenais à ne pas faire la même chose. En même temps, le film se veut critique et tente d’avertir les gens : "Méfiez-vous des dieux que vous invoquez". Pour ma part, je suis partagé. Je ne crains pas la fin du monde, mais les conséquences pour notre société seront très certainement néfastes si le pouvoir est distribué inéquitablement.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy