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VENISE 2024 Orizzonti Extra

Vojtěch Strakatý • Réalisateur d'After Party

“J'ai été inspiré par les femmes autour de moi, or je trouvais que les personnages comme elles n'étaient pas bien représentés à l'écran”

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- VENISE 2024 : Le réalisateur tchèque montant nous parle du dialogue entre sources d'inspiration personnelles et récit de fiction, et de son approche du mélange des genres

Vojtěch Strakatý • Réalisateur d'After Party
(© G. Zucchiatti/La Biennale di Venezia/Foto ASAC)

Le réalisateur tchèque émergent Vojtěch Strakatý a présenté son premier long-métrage, After Party [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Vojtěch Strakatý
fiche film
]
, dans la section Orizzonti Extra de la Mostra de Venise. On doit déjà à Strakatý le court-métrage d’apprentissage Stuck, et le scénario d'After Party a reçu l’Étoile de demain du concours de scénarios encore non réalisés de la Fondation tchèque pour le cinéma en 2018. Le cinéaste nous parle de l’interaction entre ses sources d'inspiration personnelles et le récit de fiction, de la difficulté qu'il y a à contenir une intrigue sur un seul jour, de son approche du mélange des genres et de sa volonté de composer des personnages féminins centraux forts.

Cineuropa : After Party s'ancre dans votre vécu, mais le film n’est pas autobiographique à proprement parler. Comment avez-vous trouvé l’équilibre entre l'élément personnel du film et la fiction ?
Vojtěch Strakatý :
À un moment de ma vie, dans le chaos qui a suivi une tragédie qui a frappé ma famille, j’en suis venu à la conclusion qu’elle avait aussi été très "cinématographique", dans un sens, et comme je voulais faire des films, il fallait que je trouve une manière de transposer cette expérience personnelle spécifique, parce que je crois que c’est ainsi qu’on peut arriver à quelque chose d’authentique. Sauf que la vraie vie est souvent trop compliquée et folle par rapport à ce qu’on peut faire rentrer dans un film tout en restant crédible, donc d'emblée, j’ai voulu composer une histoire fictionnelle, des personnages et un univers uniques qui n'emprunteraient au réel que quelques uns de ses aspects, car cela me semblait beaucoup plus intéressant. Ça m’a aussi libéré et permis de ne pas m’accrocher ouvertement à trop de détails et d'éléments logistiques liés aux "faits réels".

Votre film mélange différents genres, du thriller au récit d’apprentissage. Comment êtes-vous parvenu à doser ces différents éléments de genre ?
Dès le début, je savais que je voulais mélanger les genres, car c’est ce qui me captive au cinéma quand c’est bien fait – cela ajoute de l’imprévisibilité, et quelque chose d'exaltant. Le drame familial que vit mon héroïne a toujours été central, mais j’étais surtout intéressé par l’idée de la suivre alors qu'elle affronte sa vie d'après, soudain rendue plus compliquée. Il y a du drame, mais aussi les réalités de tous les jours – pourquoi ne pas refléter cela dans le film ? Je suis convaincu que nous faisons tous de notre mieux pour vivre la meilleure vie qu'on peut avoir, malgré les tragédies de toutes sortes qui nous frappent. C'est ce qui définit mon approche du cinéma en général, et une des raisons pour lesquelles je voulais mélanger différents genres : nous vivons le drame, mais nous voulons l’éviter à tous prix. Trouver l’équilibre entre le suspense et les éléments plus terre à terre était essentiel. L'idée était de combiner la simplicité et la tension des westerns avec l’ambiance plus légère des films d’apprentissage de copains.

After Party se déploie sur une seule journée, ce qui ajoute un sentiment d’urgence et de l’intensité à l’intrigue. Qu’est-ce qui a motivé votre décision de condenser le récit sur une période de 24 heures ?
Les problèmes qui se présentent dans la vraie vie se déploient souvent lentement, mais certains jours, tout se passe d’un coup. J’ai structuré l'histoire autour d’une journée de ce type et décidé de rendre compte de la vie de mon héroïne sur un laps de temps très court. Le film se déroule d'un matin à l'autre. Il commence et se termine au même endroit, ce qui crée l'impression d’une spirale temporelle et spatiale. Ce cadre temporel concis m’a permis de raconter l'histoire presque en temps réel, immergeant le public dans le parcours du personnage. L’opération a eu ses difficultés, particulièrement en terme de logistique et de continuité, mais ça m’a poussé à être plus inventif et efficace.

Vos personnages principaux sont souvent féminins. Qu’est-ce qui motive ce choix ?
Il y a environ dix ans, quand j’ai tourné mon court-métrage Stuck, je me suis mis à me concentrer sur les héroïnes. J’ai été inspiré par les femmes qui m'entourent, d'autant que j'avais le sentiment que les personnages de ce type n'étaient pas représentés comme il faut à l’écran. En tant que réalisateur, mon but est de créer des films que j'aimerais voir, et soudain, je me suis retrouvé à développer des histoires centrées sur des femmes. À présent, je termine mon deuxième long-métrage et suis en train de développer plusieurs autres projets qui s'articulent principalement autour de personnages centraux féminins.

Pour moi, raconter des histoires n’est pas une question de sexe, de sexualité ou de race : ce qui compte, c'est les gens. Si ces aspects jouent sur les nuances de l’histoire, le fond reste l’expérience humaine. Les personnages et leurs histoires devraient être abordés avec l’esprit ouvert et du respect, d’une manière qui leur permet d’exister et de briller dans l’univers que vous créez.

The Other Side of Summer étant déjà terminé, j'aimerais savoir dans quelle mesure ce nouveau projet se distingue d’After Party ?
Il y a beaucoup de similitudes dans mon approche de la structure de l’intrigue et des personnages. Cette fois, cependant, le film se déploie sur plusieurs jours, ce qui m’a donné plus de flexibilité qu'avec mon premier long-métrage. S'il y a moins de personnages secondaires, c’est une aventure chorale qui se déplace entre les différentes perspectives des personnages principaux, qui sont tous des filles, ce qui confirme mon intérêt pour les histoires au féminin. De nouveau, j'y mélange les genres. Cette fois, c’est un mélange de récit d’apprentissage et de mystère qui scrute les espoirs estivaux non exaucés et les envies d’évasion, et propose une manière magique de voyager entre les endroits.

(Traduit de l'anglais)

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