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VENISE 2024 Orizzonti Extra

Nader Saeivar • Réalisateur de The Witness

“La nouvelle génération veut gagner à travers le pardon et la beauté”

par 

- VENISE 2024 : Le réalisateur iranien explique qu'il souhaitait rendre hommage au mouvement des femmes et ses modes de protestation non-violents

Nader Saeivar • Réalisateur de The Witness
(© Fabrizio de Gennaro/Cineuropa)

Comment obtenir justice pour une femme assassinée en Iran, où les femmes n’ont presque aucun droit : voilà ce qui est au centre de The Witness [+lire aussi :
critique
interview : Nader Saeivar
fiche film
]
de Nader Saeivar, qui a fait sa première à Venise dans la section Orizzonti Extra.

Cineuropa : Dans le générique du film, vous montrez des femmes qui dansent pour se rebeller et qui ont aussi perdu la vie. Est-ce un long-métrage commémoratif ?
Nader Saeivar :
Le film s’inspire du mouvement "Femme, Vie, Liberté" en Iran. J'ai été influencé par des choses que j’ai vues sur les réseaux sociaux et que j’ai vécues moi-même. Je ne suis jamais descendu dans la rue moi-même, et je me suis senti mal de ne pas m'être battu. J’ai ensuite décidé de faire un petit film qui rendrait compte, au moins en partie, de cette culpabilité.

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Vous dites que vous n’êtes pas descendu dans la rue, mais y a des personnages masculins dans le film qui suggèrent qu’ils sont d’accord avec les femmes, mais qui n’agissent pas pour autant. Les hommes ont très peur.
C'est qu'en vérité, cette révolution est une révolte des femmes. J’ai le sentiment que nous, les hommes, sommes restés bien à l’abri au second rang, parfois à tirer des coups de feu, mais les balles mortelles tirées en réponse ont tué les femmes sur la ligne de front. Les femmes ont beaucoup sacrifié après la révolution de 1979 et elles vivent maintenant dans une situation fasciste. Hélas, il faut aussi reconnaître que beaucoup de femmes se sont habituées à cette vie. Les femmes qu’on voit sur les réseaux sociaux sont une minorité.

Celles qu’on voit sur les réseaux sociaux appartiennent à une très jeune génération, mais vous avez choisi d'avoir une héroïne plus âgée, qui livre une bataille bien plus âpre que sa fille.
La révolte des femmes est née avec la révolution de 1979 : cette femme était déjà là à l’époque. Si la génération des jeunes filles d'aujourd'hui est courageuse et descend dans la rue, c’est le résultat du courage de leur mère, qui n’ont jamais abandonné. Elles sont nées courageuses. Les méthodes ont juste changé. C’est un combat non-violent qui pourrait arriver à atteindre ses objectifs.

Ceci pose aussi la question du cycle de la violence : peut-on et faut-il répondre à la violence par la violence.
La violence n’a jamais rien accompli dans l’histoire de l’Iran. Les groupes violents d’avant, comme le Parti démocratique kurde, ne sont pas populaires. Ce qui est vraiment spécial, avec cette nouvelle génération, c’est qu'elle veut gagner à travers le pardon et la beauté.

Vous avez écrit le scénario avec Jafar Panahi, qui a aussi monté le film. Panahi s'est heurté maintes fois au gouvernement, et on lui a interdit de quitter le pays pendant plusieurs années. Comment s’est passée cette collaboration ?
C'est pratiquement le parrain du cinéma underground iranien. Panahi a été une source d'inspiration, pour moi et beaucoup d’autres cinéastes, car il nous a donné le courage de raconter nos histoires. Avant lui, nous pensions qu'il y avait certains films impossibles à faire. Maintenant, quand des films sont tournés au sein du mouvement underground, tout le monde consulte Panahi pour des conseils et astuces. Sa maison est devenue un centre culturel.

Avez-vous craint de ne pas pouvoir présenter le film en personne ici à Venise ?
En Iran, on ne pense pas au lendemain. Même quand on est passif, chaque matin, on se dit que le gouvernement pourrait décider quelque chose de nouveau et que notre vie pourrait être complètement détruite. La part de notre destin que nous maîtrisons est si mince que ça ne sert à rien de penser à ce genre de choses.

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(Traduit de l'anglais)

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