SAN SEBASTIAN 2024 New Directors
Anton Alvarez • Réalisateur de La guitarra flamenca de Yerai Cortés
“Le film explique que nous pouvons faire de belles choses à partir de ce qui est tragique”
par Júlia Olmo
- L'artiste connu sur la scène musicale sous le nom de C. Tangana nous parle de ce qui l'a amené à faire ce premier film comme réalisateur et de ses influences

Antón Alvarez, connu comme C. Tangana sur la scène musicale, présente son premier long-métrage comme réalisateur, La guitarra flamenca de Yerai Cortés [+lire aussi :
critique
interview : Anton Alvarez
fiche film], dans la section New Directors du 72e Festival de San Sebastian. Il nous parle des motivations et des influences qu’il y a derrière ce film, qui tourne autour du guitariste de flamenco d'Alicante Yerai Cortés et d'un secret familial qui doit être raconté.
Cineuropa : Vous venez du monde de la musique ; le film raconte l’histoire d’un musicien. Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire ce film et de vous lancer dans la réalisation ?
Antón Alvarez : Dès que nous avons fondé Little Spain, le rêve de réaliser mes propres films s’est transformé en une idée un peu plus réaliste. C'est en apprenant à lécrire des films que je suis tombé sur ce sujet. J’ai resenti quelque chose de très spécial quand j’ai rencontré Yerai, surtout quand il m'a raconté les histoires personnelles qui inspirent sa musique. D’une certaine manière, c’est lui qui m’a choisi, parce qu’il savait déjà qu’il voulait raconter tout cela.
Qu'avez-vous trouvé intéressant dans l’histoire de cette famille ? Que vouliez-vous raconter à travers elle ?
Pour le dire de manière générale, le film explique comment nous pouvons faire de belles choses à partir de la tragédie. C’est quelque chose de très espagnol et de très flamenco.Yerai raconte littéralement sa vie avec sa guitare, et cette sincérité brutale me tue. Je crois que je voulais faire un film d’amour. Pas forcément romantique, mais d’amour. L’amour d’une mère, l’amour d’une femme, l’amour d’un frère.
Vous racontez une histoire compliquée… Comment ça s’est passé, quand vous vous êtes rapproché de l’intimité de cette famille ?
Ce fut difficile et merveilleux. Il y a eu des moments de doute, parce que tous les gens qu’on voit ici se sont beaucoup dévoilés, mais le résultat, c’est que nous sommes tous à San Sebastian en train de fêter le film, donc je suis ravi.
Avez-vous voulu rester le plus fidèle possible à l’histoire réelle que vous racontez ici ou y a-t-il aussi des passages de fiction ?
Pour moi, ce n'est pas un récit de documentaire. Ce n’est pas un biopic, ça ne ressemble en rien à un reportage, ce n’est pas un film informatif. C’est un film fait d'émotions, comme n’importe quel film de fiction. Ce qui se passe, c’est que les choses qui sont racontées ici ne sont pas inventées. Je peux déjà vous dire que pour moi, c’est un film d’amour. Les seuls moments mis en scène sont certains des moments musicaux. Le reste est montré comme ça s'est produit.
Vous vous présentez et vous apparaissez comme interlocuteur dans plusieurs des conversations du film. Saviez-vous dès le départ que vous vouliez être dedans ?
J’avais peur de ne pas donner un visage au film, qu'on ait l'impression que ce que je raconte, c'est "la vérité", ou quelque chose comme ça. Pendant toute la confection du film, j’ai ressenti un peu de pudeur à m'insérer à ce point dans la vie d’un ami, alors je me sentais plus à l'aise en établissant clairement qu’on influe sur tout ce qu’on regarde.
Au-delà du sujet, la musique est très présente dans le film, comme une sorte de narratrice supplémentaire. Comment vous rapportez-vous à la musique, du moins comment vouliez-vous utiliser ce mode d’expression dans du cinéma ?
Oula ! La musique, on pourrait en parler pendant des heures. Nous avons filmé le flamenco d’une manière très spéciale. Tout le film est une espèce de réponse à Flamenco, Flamenco [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film] de Carlos Saura, un de mes films préférés. Nous avons tourné avec en tête l’idée de beaucoup respecter le direct : le moment. Nous avons laissé tous ces petites erreurs qui rendent les choses uniques. Disons que nous avons essayé de faire tout le contraire d’un vidéoclip. Pour moi, l’expérience qu'on vit au cinéma est quelque chose de très immersif et spécial : les gens doivent aller entendre ce film en salle, surtout ceux que ne sont jamais allés à une fête de flamenco. C’est très beau, d'entrer en contact avec cela.
Dans vos prochains projets audiovisuels, avez-vous envie de continuer à raconter des histoires sur les musiciens ou des histoires où la musique a un rôle clef, ou est-ce que vous aimeriez aussi faire d’autres types de films ?
Je veux faire de la fiction, je veux écrire des scénarios [il sourit].
(Traduit de l'espagnol)
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