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SAN SEBASTIAN 2024 New Directors

Sandra Romero • Réalisatrice de Por donde pasa el silencio

“Les relations familiales et les cinéastes qui les analysent m'intéressent”

par 

- La réalisatrice, qui a déjà à son actif la co-réalisation de la série Los años nuevos avec Rodrigo Sorogoyen, est en lice avec son premier long-métrage, qui évoque un retour au bercail

Sandra Romero • Réalisatrice de Por donde pasa el silencio
(© Dario Caruso/Cineuropa)

Sandra Romero fait partie des jeunes talents du cinéma espagnol du moment. Non seulement elle  a réalisé une partie de la série Los años nuevos [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche série
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, créée par Rodrigo Sorogoyen : elle vient aussi de présenter dans la section New Directors du 72e Festival de San Sebastian son premier long-métrage, Por donde pasa el silencio [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Sandra Romero
fiche film
]
, qui extrapole à partir de son court-métrage de 2020 primé à Malaga, qui portait le même titre.

Cineuropa : Si je ne m'abuse, San Sebastian est votre deuxième festival de catégorie 1, car vous étiez récemment à Venise avec Los años nuevos
Sandra Romero :
C'est bien ça. Paula Fabra et Sara Cano, les créatrices de la série avec Sorogoyen me connaissent des résidences où je suis passée. Elles cherchaient des coréalisateurs et m'ont présenté Rodrigo. Nous nous sommes rencontrés et sans même qu’il ait vu mon film, il m’a choisie. J’ai senti qu'on travaillerait bien ensemble, et ça a été le cas.

Vous mentionnez les labos. De quelle manière vous ont-ils aidée ?
Cima Impulsa a été le premier à m'accompagner. C'était en 2020, en pleine pandémie, comme tutrice la scénariste Alicia Luna. La Résidence de l'Académie du cinéma espagnol, guidée par Carla Simón, m’a également beaucoup aidée, parce que fabriquer un film est une entreprise très longue pendant laquelle on va, on vient, et on apprend à écouter l'avis des autres : des choses sur lesquelles on peut être d’accord et d’autres qu’il faut essayer mais qui, peut-être, ne sont pas destinées à être sur votre parcours. Cela dit, tout cela est utile, parce que quand on fait un film, il faut savoir ce qu’on veut faire et trouver de l’aide en fonction de cela. Le programme Script Station de la Berlinale a également été important pour ce projet. C'est là que j’ai senti que le scénario était au point : il faut aussi savoir s’arrêter et ne pas parcourir tous les laboratoires du monde…

Ce premier long-métrage est-il un prolongement de votre court-métrage du même nom, son petit frère ou une sorte de fils ?
Il est né de lui, mais il n’a presque plus rien à voir. Le lieu où il se passe est le même, et il reprend l’atmosphère de la Semaine sainte, mais l’histoire est différente. Il s'agit de nouveau d'un héros qui revient dans son lieu natal, mais dans le court-métrage, il retrouvait un ex petit ami/amant alors qu'ici, c'est son frère qu'il retrouve. Le parle d'amour entre frères et des relations fraternelles.

Le film est interprété par deux frères dans la vie : Antonio et Javier Araque.
Nous sommes du même village. J’avais 15 ans quand je les ai rencontrés et eux 18. Nous sommes devenus amis et j’ai passé mon adolescence avec eux. Antonio est parti à Madrid, pour étudier avec Cristina Rota, et j'y suis allée ensuite pour étudier le cinéma à l'ECAM. La vie nous a unis, sur le même chemin. Nous nous sommes de surcroît rendu compte, dès l’école de cinéma, quand j’ai commencé à réaliser des courts-métrages, que nous travaillions bien ensemble. J’ai eu de la chance qu’il soit là, parce qu'il y avait entre nous un tel niveau de confiance que ça m’a permis de mieux apprendre qu'auprès d’autres personnes. Ça me réussit, de connaître les gens avec qui je travaille. Nous étions donc là tous les deux dès le début. Les relations familiales et les cinéastes qui les analysent m'intéressent. De plus, Antonio a un faux jumeau, ce que je trouve très intéressant. J'étais fascinée par eux et ça m'a engagée à me lancer dans ce projet. Je le leur ai proposé, je l’ai écrit, et ils ont accepté de jouer dedans.

De quelle manière la réalité s'est-elle insérée dans la fiction, ou l’inverse ?
J’ai commencé à écrire une fiction en pensant à eux et je les mets dans des situations fictives, même si la maladie de Javier est réelle et traverse tout le film. Nous sommes partis d’une réalité délicate qu'il a accepté de dévoiler avec une totale honnêteté. C'est à partir de là que se configure le rapport entre les deux frères, parce que ça marque beaucoup une famille, surtout quand il s'agit de faux jumeaux, parce que ça signifie que quelque chose s’est passé quand ils sont nés. Je ne voulais pas non plus théoriser, mais chercher quelque chose de plus émotionnel. Dans ce sens, nous y avons mis nos tripes, eux comme moi. Ça s'est avéré gratifiant et douloureux, mais la fiction nous a aidés à recadrer des choses qui sont impossibles à aborder dans la vie, des choses que, parfois, nous ne comprenons pas du tout. La fiction permet d'avoir une structure à l'intérieur de laquelle circuler. Toute la mise en scène est du pur cinéma, mais dans certaines séquences, il y a des vérités. C’est un mélange de fiction et de documentaire, mais le film reste une construction fictionnelle qui touche à des aspects réels des gens qui sont devant la caméra.

(Traduit de l'espagnol)

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