14/10/2024 - Le duo portant ce projet sélectionné au Nouveau Marché de Montréal évoque pour nous les origines du film et ce qu'il espère de sa participation à l'événement canadien

Fabien Dao (à droite) et Moustapha Sawadogo

Le réalisateur Fabien Dao et le producteur Moustapha Sawadogo, le duo portant le projet Princesse Téné, sélectionné au Nouveau Marché de Montréal (lire le report), évoque pour nous les origines du film et ce qu'il espère de sa participation à l'événement canadien.

Cineuropa : Pouvez-vous me parler de la genèse du film ?
Fabien Dao : Princesse Téné raconte l'histoire d'une jeune fille issue d'un univers de cavaliers qu'elle a quitté lorsqu'elle était enfant. Le film explore comment elle va se réapproprier cet héritage à travers les rites de l'écurie familiale suite au décès de son père. Son premier acte consiste à utiliser des chevaux pour transporter de la drogue à travers le Burkina Faso, car elle n'a pas d'affection particulière pour eux. Toutefois, cette activité la ramène à ses racines équestres et réveille un amour enfoui pour les chevaux. Petit à petit, elle va redorer le blason de la sécurité familiale et restaurer la réputation des cavaliers.

Le cheval est très important au Burkina, peux-tu m'en dire un peu plus ?
Moustapha Sawadogo : Le cheval est l'emblème du Burkina Faso. On le trouve à peu près partout, et il est au cœur du mythe fondateur du peuple Moussi, qui est la majorité ethnique du pays. Le prix de l’Étalon d’Or, décerné lors du FESPACO, témoigne du respect accordé aux cavaliers, qui constituaient une caste extrêmement respectée. Malheureusement, ce prestige a diminué, et cette communauté se retrouve aujourd'hui en marge de la société. Le film vise à leur rendre hommage et à les mettre en lumière, car ils sont d'une importance capitale pour notre pays, mais demeurent absents des écrans.

Quand as-tu décidé de rejoindre le projet et quelles sont tes motivations en tant que producteur ?
M.S. : J'avais une certaine connaissance de l'univers de Fabien. Bien que nous n'ayons jamais échangé directement, des personnes m'ont parlé de son intention de réaliser ce projet. Lorsque nous avons établi le contact, cela s'est fait assez naturellement. Je suis fasciné par ce type de cinéma qui raconte l'histoire de petites gens. Princesse Téné met en avant des enfants de la rue réhabilités grâce à leur amour des chevaux. Le film aborde également la situation sécuritaire au Burkina Faso, en lien avec les attaques terroristes et le trafic de drogue qui existent dans la réalité. Il souhaite dépeindre un Burkina Faso moderne, ancré dans l'urbanité dynamique de Ouagadougou, une ville vivante malgré les défis actuels. C'est cette richesse narrative qui a suscité mon intérêt pour le projet.

F.D. : Nous en sommes actuellement au stade de développement du projet. J'ai écrit une première version du traitement et avons participé à un atelier en Côte d'Ivoire il y a un mois, où nous avons obtenu une bourse pour une résidence du Medienboard. Je vais donc partir pendant trois mois en Allemagne pour faire avancer le projet.

Qu'attendez-vous du Nouveau Marché ?
M.S. : Nous avons deux objectifs. D'une part, donner une visibilité à ce projet qui est encore à ses débuts. D'autre part, envisager des possibilités de coproduction, notamment avec un pays comme le Canada. Il existe des initiatives de coproduction entre le Canada et l'Afrique qui ne sont pas encore bien connues. Nous souhaitons explorer ces possibilités, ainsi que celles offertes par d'autres pays présents ici, afin de faire avancer ce projet qui nous tient à cœur.