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SITGES 2024

Alfonso Cortés-Cavanillas • Réalisateur de Luna

“La première chose que j'aie dite, c'est que nous devions faire un film dans lequel les personnages ne pourraient jamais se toucher physiquement”

par 

- Le réalisateur nous parle de la fabrication d'un film entièrement tourné avec des acteurs en scaphandre, en puisant son inspiration dans le cinéma indépendant

Alfonso Cortés-Cavanillas • Réalisateur de Luna

De Gravity [+lire aussi :
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en passant par une foule d'autres films, les récits situés dans l’espace ont toujours captivé les spectateurs et donné envie aux réalisateurs de jouer de toutes les possibilités qu'offre ce décor. Alfonso Cortés-Cavanillas fait partie de ceux qui a cédé à l'appel. Son film de survie dans l'espace, Luna [+lire aussi :
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, vient de faire sa première mondiale au Festival de Sitges.

Cineuropa : Vous vous êtes essayé, au fil de votre carrière, à différents genres (le film de guerre, le récit dystopique...), et voilà que vous proposez un film de science-fiction. Qu’est-ce qui vous a amené à raconter cette histoire en particulier ?
Alfonso Cortés-Cavanillas :
Je n’ai pas de raison particulière. Ce n’est pas parce que j’aime les films de science-fiction. Je voulais juste créer un endroit où les personnages seraient isolés. Non seulement sont-ils isolés sur la Lune, mais aussi dans leurs scaphandres. C’était important pour nous : c’est pour ça que nous les avons mis sur la Lune. Nous aurions pu placer les personnages dans un désert, en Islande, ou quelque chose comme ça, mais sur la Lune, l'isolement est total.

Cet environnement contraignant est en effet plus propice à créer quelque chose de saisissant.
Ce que je veux montrer, c’est comment ils se sentent dans cet isolement. C’est important. Dans les plans larges, on ne voit que des gens en scaphandre. On voit même pas les acteurs, n’est-ce pas ? C’est pour ça que ça me plaît, parce que je peux ensuite mettre la caméra plus près, voir les visages et sentir leur souffrance. J’aime bien le fait que dans le film, ils n’enlèvent jamais leurs combinaisons spatiales. La première chose que j’ai dite, c’est que dans le film, il fallait qu'ils ne soient jamais en mesure de se toucher physiquement. Aucun contact avec la peau. Dans l'espace, on ne peut pas essuyer ses larmes avec ses mains, et d’autres choses comme ça qu’on fait ici sur la Terre. On perd de vue la valeur qu'a le contact peau à peau, ou une étreinte. C’est pour ça que je voulais faire en sorte qu’ils ne puissent jamais enlever leurs combinaisons, et c'est pour ça qu’on ne les voit jamais à l’intérieur de la navette.

Vous utilisez plusieurs types de combinaison spatiales, au fil du film, notamment un scaphandre blanc de base ainsi qu'un habit recouvert de quelque chose qui ressemble à de la feuille d'or. Pouvez-vous nous expliquer comment vous avez développé ces costumes ?
Il fallait qu'ils soient crédibles, donc nous avons loué certaines parties du costume aux États-Unis (elles venaient du film Ad Astra. Si vous regardez les casques, ce sont les mêmes, et ensuite nous avons ajouté des choses. Je ne voulais pas qu'ils fassent l'effet d'être trop fantastiques. Pour ce genre de film, aujourd’hui, on tourne avec le casque mais sans la visière, parce que ça fait trop de reflets. Pour des films comme Gravity ou Ad Astra, la visière a été ajoutée en VFX. Ici, nous l'avons gardée tout du long, parce que nous voulions aussi que les acteurs aient une sensation de claustrophobie. Edu [Eduardo Mangada], notre chef opérateur, a vraiment fait un excellent travail. Bien sûr, c'eût été irréaliste de croire qu'on n'aurait pas de reflets, et nous ne les avons pas enlevés ensuite grâce à la VFX, mais c'est que pour moi, quand on voit le reflet des autres acteurs sur le casque, c’est magique.

Avez-vous des références pour le style d'ensemble du film ?
J’ai vu toutes sortes de films, avec des budgets plus élevés ou plus réduits que le nôtre, mais j’avais effectivement une référence : le film bel et bien une référence : le film Moon [+lire aussi :
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[de Duncan Jones], qui a gagné ici à Sitges, parce que c’est un film indépendant qui se passe sur la Lune. Je ne m'y suis pas référé pour l'histoire ou la manière dont il a été tourné, mais pour avoir foi en notre entreprise de faire un film indépendant dans l'espace. Je voulais rester très près des personnages, comme quand on tourne un film à l'épaule – c'est souvent comme ça dans les films indépendants, n’est-ce pas ? J'ai tenu la caméra moi-même : je voulais me sentir proche des acteurs à chaque instant. J’étais là, la caméra sur l'épaule, mais il ne fallait pas bouger brusquement parce qu'on est ici sur la Lune : les mouvements devaient être un peu plus doux.

Comment avez-vous travaillé avec les acteurs pour cultiver l’aspect psychologique du film ?
J'ai beaucoup discuté avec les acteurs, pendant tout le tournage de film, Nous n’avions pas beaucoup de temps. Nous avons tourné le film en juin, le 1er juillet le tournage était terminé et ensuite, j'ai fait le montage en dix jours pour envoyer le film à Sitges. Ça a été un tournage très rapide, mais j’ai beaucoup discuté avec les comédiens et je les ai écoutés, parce que si les acteurs eux-mêmes ne croient pas à ce que font les personnages, ils ne vont pas leur injecter assez de réalité.

(Traduit de l'anglais)

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