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SEMINCI 2024

Marta Nieto • Réalisatrice et actrice de La mitad de Ana

“La maternité est une zone précieuse et dangereuse”

par 

- La comédienne commente son premier film en tant que réalisatrice et évoque certains aspects, notamment le travail considérable qu'a nécessité la post-production ou encore son élaboration

Marta Nieto • Réalisatrice et actrice de La mitad de Ana
(© Seminci)

L’actrice Marta Nieto fait ses débuts dans le long-métrage avec La mitad de Ana [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Marta Nieto
fiche film
]
, qu’elle a écrit avec Beatriz Herzog et qu'elle interprète également. Le film est en lice à la 69e Seminci - Semaine internationale du cinéma de Valladolid.

Cineuropa : Ça fait quoi, d'aborder la phase des interviews non plus comme actrice uniquement, mais aussi comme réalisatrice ?
Marta Nieto :
C'est très bien. Comme ça, je peux voir si le film a plu ou non

Avez-vous tourné ce film avec les tripes, le cerveau ou le cœur ?
Le moteur fondamental a été l'âme. Je ressentais le besoin de raconter quelque chose. Plus tard, aux Résidences de l’Académie de cinéma, j’ai développé une idée et c’est là qu'est apparue María Zamora, la productrice du film. Tout s’est fait de manière naturelle, mais l'élan n’était pas de réaliser, ou de faire ma première à la Seminci : c'était de raconter une histoire que j’avais envie de raconter.

Vous aussi, comme le personnage de votre film, vous aviez besoin de voir le monde avec d’autres yeux, de sortir de votre rôle exclusif de mère et de récupérer votre liberté ?
La maternité est une zone précieuse et dangereuse à la fois. On peut s'y planquer toute sa vie, et ça va sembler normal à tout le monde, parce qu’on fait une chose formidable, on élève son enfant, mais on oublie (sans que personne s’en rende compte, ni vous ni votre entourage s'il ne veut pas le voir) une foule de choses qui nous procurent aussi santé et joie. C’est un exercice que j’ai moi-même dû faire et c'est ce qui est raconté dans La mitad de Ana : quand on prend de la distance avec certaines convictions qui vous happent pour voir les choses selon un autre point de vue. Ce parcours est celui que j’ai dû faire pour réaliser le film : j'ai dû reconquérir une autre manière de penser et de comprendre ce monde.

Qui vous a appris la mise en scène pour ce film ? Avez-vous découvert des choses ?
Oui, la post-production. C’est affreux ! Trois mois de travail ! Réaliser un film suppose qu'on a beaucoup de décisions à prendre, toutes importantes, et qu'il faut le faire de la manière la plus lucide qui soit. J’ai eu de la chance d’être entourée de gens qui savent mieux faire que moi, ça m’a beaucoup aidée et ça m'a permis de faire ce que je voulais. Mais la post-production… Ça représente des heures et des heures enfermée dans un studio où il faut bien écouter quand on fait le son, bien regarder au moment de l'étalonnage... C'est tout un monde.

Vous vouliez un acteur français pour ce film...
Oui, au Festival des Arcs, j’ai discuté avec Romain Duris, qui a lu le scénario, mais ne pouvait pas être sur le tournage. Plus tard, l'acteur devait être Vincent Macaigne, mais finalement, il n’a pas pu non plus. Par chance, Nahuel Pérez Biscayart était disponible. Je savais que c’était un acteur incroyable, mais j'ignorais que c’était aussi un être extraordinaire.

Vous avez participé à un autre festival récent, celui de Malaga, comme membre du jury, et maintenant, c'est vous qui concourrez. Qu’est-ce que ça fait d’être de l’autre côté ?
J'essaie d'y aller détendue par rapport à mes expectatives. C’est beau d’être ici, et être en compétition, c’est magnifique, mais c’est un jeu : si ça peut aider le film, génial, mais sinon, ça reste formidable.

Est-ce que vous allez de nouveau réaliser ou allez-vous vous reposer après cet accouchement avant de décider de faire un autre bébé filmique ?
Je vais me reposer, d'autant que je suis aussi comédienne. Tant que je n’aurai pas une histoire que j’ai envie de raconter et qui a du sens pour moi, à laquelle j'aurai envie de dédier toute mon énergie... Parce que un gros travail, réaliser un film. Je le savais déjà, mais on est surpris par la quantité de temps physique qu'il faut investir, au-delà des idées, par le nombre de jours qu’on doit dédier au projet pour que toutes les phases qui font partie de l’élaboration du film se passent le mieux possible…

Quand La mitad de Ana n’était encore qu’un projet, vous avez participé aux Résidences de l’Académie du cinéma. Est-ce que ça vous a aidée à construire votre film ?
La directrice, Inés Enciso, se met à votre service, à travers les structures de l’Académie, pour tout ce dont le film aura besoin pour grandir, d'un cours d'écriture de scénario à la mise en contact avec un directeur de casting et au travail avec les acteurs… C’est un soutien immense, et vraiment un luxe. De plus, des synergies s'opèrent avec les camarades participants. Vous pouvez demander des choses, on vous les accordera : par exemple si on a besoin de savoir comment produire ou pour apprendre à tourner.

(Traduit de l'espagnol)

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