Matthijs Wouter Knol • Président et directeur général, European Film Academy
“Nous avons mis en place des initiatives pour que le cinéma européen reste pertinent et accessible”
- Le président et directeur général de la European Film Academy décrit pour nous le contexte de la 37e édition des European Film Awards, qui aura lieu le 7 décembre
Matthijs Wouter Knol, le président et directeur général de la European Film Academy, nous en dit plus sur le contexte de la 37e édition des European Film Awards, qui se tiendra à Lucerne, en Suisse, le 7 décembre.
Cineuropa : Est-ce que votre rôle comme directeur général de la European Film Academy a évolué depuis que vous êtes devenu directeur général de l’organisation en 2021 ?
Matthijs Wouter Knol : Je me suis concentré sur l’élargissement du champ d'action de l’Academy au-delà de l’organisation des prix. Nous avons introduit des initiatives comme le European Film Club pour le jeune public et la création d'un département Cinéma européen de patrimoine pour célébrer la riche histoire du cinéma européen dans le cadre d’un effort plus soutenu pour nous assurer que le cinéma européen reste pertinent et accessible.
L’Academy joue à présent un rôle plus actif tout au long de l’année ; elle encourage les connexions entre ses membres et promeut le cinéma européen dans toute sa diversité. Si nos ressources sont modestes comparées à celles d'organisations comme l’AMPAS (Academy of Motion Picture Arts and Sciences), notre vaste réseau, qui enveloppe 52 pays, nous permet d’avoir un impact significatif.
La Suisse va accueillir cette année les European Film Awards à Lucerne. Pouvez-vous nous parler un peu du contexte de cette collaboration et de sa signification ?
L’Academy opère dans 52 pays européens, c'est-à-dire au-delà des frontières de l'UE. La Suisse fait partie du réseau de l’Academy depuis longtemps, malgré le fait qu’elle n'ait jamais accueilli jusqu'ici la cérémonie. Nous avons collaboré avec des partenaires suisses pour organiser l’événement à Lucerne dans le cadre d'une initiative pour mettre en avant le cinéma suisse qui s'est étalée sur toute l'année. Le programme a compris plusieurs activités, notamment une réception de lancement tenue à Berlin où étaient invités les membres de l’Academy, un gros plan sur la Suisse à Cannes et différents événements organisés pendant le Festival de Locarno. Cette montée en puissance a connecté le cinéma suisse avec le cinéma européen au sens large et amplifié l'expérience d’ensemble.
Cette année marque aussi la dernière fois que les European Film Awards vont se tenir en décembre. À partir de 2026, l’événement aura lieu en janvier. Quelle est la raison de ce changement ?
Il y a trois raisons principales. D’abord, nous voulIons élargir le laps de temps accordé aux membres de l’Academy pour regarder les films et voter pour les films nominés. Deuxièmement, nous raccordons notre "Mois du film européen" à une saison de campagne plus longue jusqu'à la cérémonie des EFA. Ce calendrier prolongé donne au public plus de temps pour s'intéresser aux films en lice pour les nominations.
Enfin, aligner l'événement avec la saison des prix de cinéma internationaux offre aux European Film Awards une place stratégique, entre les Golden Globes et les Oscars. Ce positionnement rehausse leur visibilité et leur prestige au niveau mondial.
L'initiative "Mois du film européen", lancée en 2022, a pris une ampleur significative. Pouvez-vous partager quelques observations sur cette initiative et son succès jusqu’à présent ?
Le programme met en avant les titres européens déjà à l'affiche tout en encourageant les événements spéciaux comme les rétrospectives et projections de films de patrimoine européen. Chaque cinéma d'Europe élabore son propre programme, ce qui permet de célébrer de façon riche et diversifiée le cinéma européen.
Cette initiative a commencé sous forme de projet pilote organisé à Berlin pendant la pandémie, en 2021, en partenariat avec le circuit Yorck Cinemas, après quoi elle a été étendue à plus de 100 villes réparties dans 42 pays, depuis cette année. La fréquentation et la participation ont triplé depuis la mise en place de l'initiative. Cette année, nous avons constaté une participation significative des villes suisses et accueilli une grande première excitante : au Monténégro, tous les cinémas participent au programme.
La diversité et l’inclusion sont de plus en plus importantes au cinéma. Comment l’Academy aborde-t-elle ces questions, particulièrement à travers ses nominations et ses sélections ?
La diversité et l'inclusion sont au centre de notre processus de sélection. Si l’excellence reste notre première priorité, nous sommes attentifs à la parité et à la représentation des groupes sous-représentés. Cet engagement a mené à un progrès constant en la matière. L'année dernière, 40% des films sélectionnés étaient l'oeuvre de réalisatrices, pour 32 % cette année. Ces chiffres reflètent les défis auxquels fait face le secteur, mais nous sommes fiers des progrès déjà obenus. L’Academy souhaite vraiment promouvoir l'inclusion dans le cinéma européen et va continuer de mettre en avant la diversité dans ses sélections.
Le mythe persiste selon lequel la European Film Academy est un club exclusif. Que diriez-vous à ceux qui ont envie de s’y impliquer ?
C’est une idée fausse que je tiens à démentir. Tous les professionnels du cinéma européen (qu’ils soient réalisateurs, producteurs, distributeurs, critiques ou financeurs) peuvent s'inscrire pour devenir membre. Devenir membre est une manière de participer à cet effort et de faire une différence en tant qu'Européens dans le panorama actuel, où les contenus américains dominent.
(Traduit de l'anglais)
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