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LES ARCS 2024 Industry Village

Floor Van Der Meulen et Koji Nelissen • Réalisatrice et producteur de Happy Days

"C’est une femme ayant un côté angélique, mais aussi une face plus sombre, plus manipulatrice"

par 

- La cinéaste néerlandaise et son producteur nous parlent du projet qui a gagné le Prix Eurimages au développement de la coproduction au Village des Coproductions du 16e Les Arcs Film Festival

Floor Van Der Meulen et Koji Nelissen • Réalisatrice et producteur de Happy Days

Remarquée avec son premier long métrage de fiction Pink Moon [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Floor van der Meulen
fiche film
]
(mention spéciale à Tribeca en 2022), la réalisatrice néerlandaise Floor Van Der Meulen a remporté avec son nouveau projet, Happy Days, le Prix Eurimages au développement de la coproduction décerné à l’un des 18 projets sélectionnés au Village des Coproductions du 16e Les Arcs Film Festival où nous l’avons rencontrée avec son producteur Koji Nelissen (KeplerFilm).

Cineuropa : Quel est le sujet de Happy Days ?
Floor Van Der Meulen : C’est une tragicomédie allant jusqu’à l’absurde, presque un thriller psychologique qui tourne autour de Anne, une femme de 68 ans. Elle est grand-mère et elle veut absolument faire plaisir aux autres. Elle est au bord du burn out car elle aide ses enfants en faisant la babysitter afin qu’ils puissent mener plus facilement leurs vies professionnelles et sociales. Elle babysit ses petits-enfants et elle s‘occupe aussi de son frère qui est handicapé et vit dans une institution. Au début du film, elle reçoit un appel qui lui apprend que ce frère ne va pas bien et qu’elle devrait venir le voir. Comme sa fille ne répond pas au téléphone, elle décide d’emmener ses petits-enfants. Mais son frère meurt et sa fille aînée est très en colère car les enfants n’avaient jamais vu quelqu’un mourir et elle trouve que sa mère a été complètement irresponsable de les embarquer avec elle. Cet évènement perturbe les dynamiques de la famille. Et la mort de son frère provoque une crise de panique chez Anne qui se précipite à l’hôpital alors qu’elle est au bord du burn out. On lui conseille de ralentir mais Anne refuse. Elle pense que si l’on se repose, on rouille, et qu’il faut rester actif. C’est une femme ayant un côté angélique, mais aussi une face plus sombre, plus manipulatrice car elle a besoin qu’on ait besoin d’elle, elle a besoin d’être aimée. Elle manœuvre les gens à sa façon afin de se rendre indispensable. Comme elle est retraitée, cela lui donne un but dans la vie. Donc elle ne parle à personne de sa crise de panique et elle propose même à ses enfants de faire encore plus de babysitting. Et comme elle a une grande maison et des chambres vides, elle décide aussi d’héberger une famille polonaise : la femme qui s’occupait de son frère et sa fille adolescente. Ceci génère de la tension dans sa propre famille et ses enfants lui reprochent d’accueillir cette famille polonaise au détriment du temps qu’elle pourrait consacrer à ses petit-enfants. Anne promet qu’elle pourra tout gérer, mais progressivement la situation devient très dangereuse…

Qu’est-ce qui vous a motivée à vous lancer dans cette histoire ?
F V D M :
Cela vient de mes propres observations. Je n’ai pas d’enfants, mais beaucoup de mes amis commencent à en avoir et je vois que leurs relations avec leurs parents changent. C’est fascinant de voir à quel point mes amis, ma génération, exploitent leurs parents de façon presque abusive pour babysitter les petits-enfants. Aux Pays-Bas, il y a un grand tabou sur le fait de dire non à ses petits-enfants : c’est perçu comme une absence d’amour pour eux. Il y a donc des attentes sociétales avec lesquelles il faut vivre. C’est cette dynamique, ces niveaux d’hypocrisie humaine que j’ai observés et qui m’ont inspiré le film.

Où en êtes-vous dans le développement du projet ?
Koji Nelissen : Le scénario a été développé au Torino Script Lab. Nous en sommes maintenant à la V2. Nous avons candidaté en développement il y a deux mois auprès du Netherlands Film Fund et nous attendons une réponse imminente qui, si elle est favorable, nous permettrait de travailler le scénario en profondeur, mais aussi de commencer le casting. Les six prochains mois, nous allons nous concentrer sur le développement du projet pour ensuite constituer un package solide afin de postuler aux soutiens à la production au début de l’été prochain et d’ajuster une stratégie internationale forte en termes de financement et de marketing. Nous espérons boucler le financement fin 2025 pour un tournage à l’été 2026. Nous cherchons des coproducteurs, mais que la coproduction soit évidemment la plus naturelle possible avec des partenaires de qualité. Nous pensons notamment à avoir un monteur français et comme il y a des personnages polonais dans le scénario, nous cherchons des actrices de ce pays. Donc cela pourrait donner une coproduction entre les Pays-Bas, la France et la Pologne. Mais nous explorons également d’autres idées car nous sommes par exemple ouverts pour la direction de la photographie.

Votre prix Eurimages (doté de 20 000 euros) aura-t-il une utilité précise ?
Oui. C’est d’abord une formidable preuve de confiance et d’intérêt pour le projet, mais nous avons aussi l’idée d’organiser une session de thérapie avec les interprètes que nous envisageons pour la constellation familiale afin d’explorer la structure des dynamiques de la famille. Ce serait vraiment formidable d’avoir un thérapeute professionnel pour animer ça. On verrait ce que cela apporte, où cela nous mène et cela donnerait sûrement du matériel très riche pour les dialogues et même pour certaines scènes potentielles du film.

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